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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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ceux qui allaient sans gouvernail et cinq autres qui
semblaient avoir déserté la bataille, les capitaines, soupçonnant Nissac de
longer les côtes d’Afrique du Nord infestées de pirates, préférèrent renoncer à
la poursuite alors que Le Dragon Vert, mutilé, eût certainement succombé
sous le nombre.

82
    Alors qu’il se trouvait à l’Arsenal en
compagnie de monsieur de Sully, Henri quatrième accueillit la nouvelle que lui
apportait François de Bassompierre avec émerveillement.
    En cette occasion, il proféra grand mensonge :
    — J’ai toujours su qu’il parviendrait à
forcer le blocus et échapper aux Espagnols.
    Bassompierre, qui avait été témoin du désarroi
d’Henri quatrième, ne fit aucun commentaire, et pas un muscle de son visage ne
bougea bien qu’il sentît posé sur lui le regard scrutateur de Sully.
    Henri quatrième, s’adressant à celui-ci, lança :
    — Voilà de l’or bien placé !
    — Contre l’Espagne, l’or finit toujours
par fructifier.
    Car, malgré le succès de ces violentes
échauffourées menées par le comte de Nissac, et qui contribuait, ainsi que l’action
pernicieuse du duc de La Force sur la frontière, à préparer la guerre, la haine
que Sully portait à l’Espagne catholique ne fléchissait point.
    Le roi se tourna vers Bassompierre.
    — Que sait-on ?
    — Bref message du comte de Nissac arrivé
à l’instant, Majesté : «  Merci de vos prières !… Sommes
passés de justesse. Subi assez importants dommages. Rentrons Toulon. Nissac, amiral. »
    — Est-ce là tout ?
    — De Nissac, oui, Sire. Mais, d’après
notre espion à l’ambassade, les Espagnols ont perdu deux vaisseaux coulés, huit
endommagés, cinq qui ont dérobé, et dix-sept qui n’ont point voulu entamer la
poursuite.
    Le roi, qui comptait rapidement, effectua
courte danse de joie en frappant dans ses mains :
    — Trente-deux vaisseaux contre un, et il
leur échappe !… Ah, qu’on me donne cent Nissac et le monde entier est à
moi !…
    Heureux, il ajouta à l’intention de
Bassompierre :
    — Nous partons à l’instant pour Toulon et
y serons avant Nissac car je le veux accueillir moi-même.
    Sully, qui pour sa part n’envisageait point d’entreprendre
pareil voyage, eut sourire malicieux.
    — Sire, d’Épernon est en une pièce voisine
où il m’attend pour toute autre affaire. Le voulez-vous voir ?…
    Amusé, le roi approuva et bientôt d’Épernon
fit son entrée, toujours à la façon d’un comédien pénétrant sur une scène de
théâtre pour y jouer un rôle, se trouvant ainsi en la peau d’un autre. Épée au
côté, botté, éperons aux talons, il salua, mélange d’arrogance et de servilité
en parts égales car, bien qu’il fût cassant, autoritaire et franchement odieux
semblant toujours savoir en grande détermination ce qu’il voulait, le duc n’était
que perpétuels balancements et oscillations du caractère.
    Le roi feignit air de gravité.
    — Je suis fort aise de vous voir, d’Épernon,
car j’ai grand besoin de vous.
    D’Épernon sourit bassement, bien qu’il pensât :
« Le porc hérétique empeste l’ail et pue du gousset [23] si tôt en la matinée. » Il affecta cependant air aimable pour
répondre :
    — Si je puis vous servir, Sire, disposez
de moi sans hésiter car ce me sera grand bonheur.
    Henri quatrième hocha la tête.
    — C’est au Grand Amiral de France, que je
m’adresse.
    Très surpris, car il ne s’attendait nullement
à pareille chose, le duc répéta :
    — Moi ?…
    — Quoi, vous n’êtes point Grand Amiral de
France ?
    — Certainement, Majesté.
    — Alors vous devez m’aider à identifier
curieux navire.
    — Curieux navire ?… C’est qu’ils me
semblent tous curieux, Majesté.
    — D’Épernon, faites votre travail.
    — Bien, Sire. Parlez, j’obéirai.
    — Ce navire est en effet très étrange… Je
soupçonne au reste qu’il s’agit de celui-là même qui incendia vos châteaux de
Beychevelle et Cadillac, qui coula la Flotte du Nord espagnole prise en les
glaces et qui vient, me dit-on, après mille autres forfaits, d’échapper à toute
une escadre lancée à ses trousses par Philippe III, non sans endommager
celle-ci. Sachant que ce navire est peut-être français, voyez ce qu’il en est.
    Puis il sortit sans rien ajouter, laissant le
duc d’Épernon en grande fureur car ayant appris de la bouche d’un homme qu’il
haïssait que l’amiral de Nissac

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