Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
s’agissait là d’un vieux bouc puant.
    « Mort, il puera davantage encore ! »…
se dit Guise qui, voyant le regard du roi posé sur lui, quitta en un instant l’air
de grand dédain qu’il affichait quelques instants auparavant.
    Il parla d’un ton dégagé :
    — Sire, ne sachant quel parti tenir, j’ai
fait mander monsieur de Nissac qui attend en une pièce où on lui a servi des
fruits, notre homme ayant refusé le vin.
    Henri quatrième, mains derrière le dos, fit le
tour de la pièce, puis revint se planter devant Guise qui le dominait d’une
tête.
    — Nissac est-il averti de ma présence à
Toulon ?…
    — Il l’ignore, Sire, vos ordres ne
manquaient point de clarté à ce sujet. Quant à moi, je n’ai point trouvé le
temps de le recevoir. Le verrai-je donc seul ?…
    La dernière phrase, dite d’un ton feignant l’accablement,
laissait entendre que ce serait grande ingratitude royale que de ne point
recevoir, ne serait-ce que quelques instants, officier si audacieux, vaillant
et honnête.
    Henri quatrième perçut l’écueil et agit en
conséquence par sa réponse qu’il fit d’un ton modéré :
    — Monsieur de Nissac mérite
reconnaissance et félicitations en la manière dont il fait son devoir… Malheureusement,
je souffre de migraine. Le voyage depuis Paris, sans doute. Aussi…
    Il se tut, réfléchit, puis :
    — Trouvez pièce en cette demeure où je
puisse entendre et voir le comte de Nissac sans être aperçu de lui et adresser
lui votre compliment au nom du roi.
    Le duc de Guise, qui n’était point sot, comprit
qu’il existait un contentieux grave entre le roi et le vice-amiral mais il s’égara
en attribuant la raison du différend à une affaire de femmes.
    — Je m’en occupe à l’instant, Sire.

22
    Il faisait un froid tel, en cette Provence
fille du soleil, qu’au dire des vieillards, on n’en avait point éprouvé de
semblable depuis près de cinquante années.
    Pourtant, cherchant à aller au plus vite, Louis
de Sèze, comte de La Tomlaye, n’hésitait point à lancer son cheval à grandes
brides sur les routes neigeuses et défoncées, ni à passer rivière à guet malgré
l’eau glacée de décembre, s’enfonçant jusqu’aux épaules en celle-ci à proximité
de pont effondré lors des grandes crues d’automne.
    Enfin, il fut en vue du château et ralentit sa
pauvre monture très éprouvée. Il savait qu’il apportait le bonheur en cette
maison dès lors qu’il donnerait des nouvelles fraîches de Thomas de Pomonne, comte
de Nissac et vice-amiral des mers du Levant.
    Le frère et la sœur
se trouvaient dans une petite pièce du rez-de-chaussée du château. Dans la
cheminée, un feu généreux parfumait l’endroit, les bûches provenant de vieux
chênes abattus deux années plus tôt lors même qu’ils allaient choir après une
tempête.
    Ils se tenaient assis, profitant de la chaleur,
et Élisabeth avait pris en les siennes les mains de Louis.
    — Parlez vite, mon frère !… L’avez-vous
vu ?… Que vous a-t-il dit ?… Et comment va-t-il ?
    Louis se trouvait embarrassé. Il ne voulait
certes pas se montrer cruel envers sa sœur qu’il sentait en grande impatience
de connaître réponses à ses questions mais ce n’était point ainsi qu’il avait
préparé son affaire :
    — Soyez sans crainte, ma sœur chérie, rien
ne vous sera dissimulé mais je comptais vous dire tout de son arrivée selon l’ordre
naturel où les choses ont eu lieu…
    Sentant les mains nerveuses d’Élisabeth se
crisper dans les siennes, il sourit et poursuivit :
    — Je l’ai vu. Il semble en fort bonne santé.
Je n’ai point réussi à l’approcher en raison de la présence de mousquetaires
gris mais l’un d’eux, pour un écu, accepta de lui porter billet où je l’invitais
à passer nous visiter dès lors qu’il le pourrait. Le comte, qui veillait au
déchargement de nombreux coffres qu’on dit emplis d’or et de diamants, lut le
billet, je le vis de mes yeux bien que je fusse assez éloigné.
    — Quelle fut sa réaction ?… Oh, dites-moi
tout, Louis, ne me cachez surtout point la moindre petite chose.
    — À la vérité, ayant lu, il sembla étonné.
Un instant, ses yeux gris s’attardèrent sur cette foule qui le fêtait, puis il
fit hâter le déchargement par ses officiers.
    Elle le regarda longuement, mettant ses mains
à la torture, puis :
    — Louis, vous me cachez chose grave.
    Le comte de La Tomlaye se sentit

Weitere Kostenlose Bücher