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L'Église de Satan

L'Église de Satan

Titel: L'Église de Satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnaud Delalande
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les portes de la
dépendance comtale où dormaient Guillaume Arnaud, Étienne de Saint-Thibéry, Pierre
Seila et leurs adjoints. Munis des haches les plus tranchantes, les conjurés
traversèrent les couloirs de la maison.
    Les moines se réveillèrent en sursaut, au moment
où autour d’eux on éventrait les portes.
    Certains se jetèrent sur le sol en entonnant
un Salve regina.
    Aimery ne fut pas le premier à entrer, Raymond
d’Alfaro lui-même le précédait. Pourtant, ce fut peut-être lui qui frappa le
plus, et avec le plus de vigueur.
    Il frappait.
    Il avait surpris Étienne de Saint-Thibéry dans
son sommeil ; celui-ci s’était redressé sur son séant en les entendant
entrer. Sitôt qu’il l’avait vu, Aimery avait senti tout son sang crier
vengeance. En cet instant, il avait revu défiler dans son esprit le procès d’Aude
de Lavelanet, il s’était souvenu du regard éploré d’Héloïse et de leur fuite
atroce jusqu’à Montségur. Il libérait enfin une énergie qu’il n’avait pas cessé
de contenir, attendant le moment opportun pour procéder à sa propre déclaration
de guerre. Le procédé était sournois, les moines sans défense ; désormais,
il n’y aurait plus que la loi du talion.
    Il s’était rué sur le franciscain. Étienne de
Saint-Thibéry était mort au premier de ses coups. Un flot de sang avait aussitôt
jailli de sa calotte pour se répandre à grands jets sur son visage, coulant
auprès de ses yeux qui, effarés, comprenaient soudain que la vie allait les
quitter. Aimery lui était apparu comme l’ange exterminateur… Mais, bien après
que tous les moines furent passés de vie à trépas, Aimery frappait encore. Les
traits de son visage lui donnaient l’air d’une bête sauvage. Il avait un regard
fixe et brûlant ; sa figure était couverte du sang de sa victime. Il
levait le bras, poussait un rugissement, puis un autre, abaissant le fléau
jusqu’à ce que la tête du franciscain ne devînt plus qu’une bouillie.
    Enfin, Jordan du Vilar posa une main sur son
épaule.
    — C’est fini, Aimery, dit-il. Je crois qu’il
est mort, cette fois.
    Aimery regarda Jordan, qui croisa ces yeux
furieux, vit ces lèvres tremblantes d’où commençait de couler un filet d’écume.
Le jeune homme sortit de sa torpeur. Un long tremblement le parcourut. Il fit
un pas en arrière, les épaules tombantes, la tête baissée, soudain pantelant. La
Bête était repartie, elle avait reflué.
    Il reprit son souffle, passa une main sur sa
bouche.
    —  Va be, esta bel s’écria Raymond
d’Alfaro, avant de faire éclater lui aussi la cervelle de Guillaume Arnaud et
de piétiner dans son sang.
    Pas un des inquisiteurs n’en réchappa.
    Pendant la nuit, le commando de faidits repartit aussi vite qu’il était venu.
    Comme l’avait pressenti Escartille, le raid d’Avignonet
eut le même effet que le meurtre de Pierre de Castelnau. Il ne fit que
renforcer la détermination cléricale d’exterminer à tout jamais les cathares, en
détruisant le seul symbole qui leur restait : Montségur, la Synagogue de
Satan.
    Le siège commença en mai 1243, lorsque le
sénéchal royal de Carcassonne, Hugues des Arcis, accompagné d’une armée de
chevaliers et de sergents d’armes français, vint planter ses tentes au pied du pech. Aguilah déploya les bannières et prit la tête de l’armée et des
convois, avec le sénéchal. Une marée humaine se répandit dans les vallées qui
entouraient Montségur. On disait le château inexpugnable, mais on l’avait dit
de Termes, de Minerve et d’autres citadelles. La situation de Montségur était
particulière : sans doute les forces de l’Occident tout entières, réunies
contre la colonie cathare, ne parviendraient-elles à réduire cette forteresse
que par la faim et la soif, en l’empêchant de communiquer avec l’extérieur. Aguilah
et des Arcis attendaient encore des renforts ; les dimensions de la
montagne exigeaient toujours davantage de soldats.
    Bienvenue dans l’Église de Satan.
    Hugues des Arcis se présenta donc sous le
château formidable. Il pensait que Montségur capitulerait avant la fin de l’été,
mais le château tint assez longtemps pour attendre la saison des pluies. On
remplit les citernes ; les dons abondants de croyants hérétiques, riches
ou pauvres, affluaient de tous les coins du pays. Les Occitans trouvaient
toujours un moyen de contourner les obstacles et de franchir les barrages des
croisés. Hugues des

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