L'énigme de l'exode
Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la deuxième caisse, il entendit des bruits de pas. Il se jeta aussitôt à terre et se glissa sous le pick-up. Les trois jeunes sortirent du puits et la poussière qu’ils soulevèrent lui irrita la gorge. Ils saisirent les dernières caisses et redescendirent. Dans l’escalier, ils croisèrent Griffin, qui sortit à son tour quelques instants plus tard, le souffle court. Il se laissa tomber sur le plateau du pick-up, emprisonnant Knox et faisant crisser les suspensions. Une minute passa. Puis deux. Les jeunes réapparurent.
— Bien, allons prendre le dernier chargement, murmura Griffin.
Le moteur démarra. Lorsque le véhicule avança, Knox se retrouva à découvert. Il glissa ses mains sous son ventre et enfonça la tête dans le sable, prêt à être repéré d’un instant à l’autre. Mais le pick-up disparut derrière la colline. Knox se releva et retourna à l’entrée du puits. Celui-ci était resté ouvert, et la lumière était encore allumée. L’opportunité était trop belle, même si Omar devait à présent être en pleine panique. Le cœur battant, Knox descendit jusqu’à l’atrium. Il n’y avait personne à l’intérieur. Seul le groupe électrogène ronflait sourdement dans un coin. Soudain, il se mit à crachoter et à envoyer des vibrations à travers le sol. Les lumières s’éteignirent un instant, puis se rallumèrent. Knox prit le temps de se remettre de ses émotions et regarda sa montre. À vue de nez, Griffin en avait pour au moins une quinzaine de minutes. Il pouvait s’en octroyer dix.
Des galeries voûtées s’enfonçaient à gauche et à droite. Il choisit celle de gauche. Le tunnel serpentait en suivant les zones où le calcaire offrait le moins de résistance. Tous les deux ou trois mètres, des lampes étaient suspendues à un câble électrique orange. Leur lumière projetait des ombres sinistres sur la pierre grossièrement taillée. La galerie déboucha brusquement sur de vastes catacombes, dont les murs étaient percés de colonnes de loculi à l’ouverture carrée. Au centre, plusieurs caisses étaient empilées. Knox photographia un squelette fixant aveuglément le plafond d’une des niches funéraires. Pour les Esséniens, la mort était impure. Il était inconcevable qu’un lieu de sépulture se trouve au sein du territoire de la communauté. La théorie de Knox concernant les Thérapeutes en prenait un coup.
Un appareil photo et des lampes à ultraviolets étaient fixés à un pied sur une table de travail, sous laquelle se trouvaient des caisses étiquetées contenant des artefacts destinés à être photographiés. Knox ouvrit la première caisse et trouva une lampe à huile en argile, en forme de satyre lascif. La deuxième contenait un anneau en argent et la troisième, une coupe en faïence. Mais la quatrième donna des frissons à Knox. Elle se divisait en six petits compartiments, dont chacun abritait une oreille humaine momifiée.
Chapitre 8
I
— Nous nous trouvons à l’intérieur du pylône d’un temple dédié à Amon, commença Gaëlle, dont la voix résonnait dans la pièce. Réalisé sous Ramsès II, il a été laissé à l’abandon jusqu’à ce qu’il soit largement reconstruit par les Ptolémées.
— Et quel est le lien avec Amarna ? lui souffla Lily.
— Ah, c’est vrai ! s’écria Gaëlle en rougissant. Pardonnez-moi.
— Inutile de vous excuser. Vous êtes naturelle, vous passerez très bien à l’écran.
— Merci, dit Gaëlle avec un petit sourire sceptique. Comme vous le savez, les Égyptiens bâtissaient leurs monuments et leurs temples avec de gros blocs de pierre taillée, de la même façon que les pyramides. Mais la taille et le transport étaient longs et coûteux. Akhénaton, lui, était pressé. Il souhaitait bâtir de nouveaux temples, dédiés à Aton, à Karnak et à Amarna. Et il ne voulait pas attendre. Ses ingénieurs ont donc conçu des blocs de pierre d’un nouveau genre, les talatates que vous voyez ici. Ceux-ci pesaient environ cinquante kilos et pouvaient être soulevés par un seul ouvrier, même si la répétition de cette opération provoquait sans doute des douleurs dorsales. Une fois les murs achevés, ils étaient sculptés et peints de manière à composer de grandes scènes, comme sur un écran de télévision.
— Comment sont-ils arrivés là ?
— Lorsque Akhénaton est mort, ses successeurs ont décidé de supprimer toute trace de sa personne
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