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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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. »
Le mythique royaume du prêtre Jean, l’Éthiopie légendaire, et par-derrière, la
Reine de Saba, le fait que les dragons se réunissent parfois à Babylone, donc
dans le pays de la Tour de Babel, le mirage d’un Orient vu à travers des
rideaux de fumée, les pierres précieuses qui illuminent la nuit, les parfums et
les baumes d’Arabie et de l’Inde, tout cela est lié au Sang du Dragon, cette « sève »
sacrée, à la fois bénéfique et maléfique qui surgit du Dragon ou du Serpent. Car,
le Serpent est un animal qui mue , qui change
de peau, et qui devient donc un symbole de l’immortalité, ou tout au moins d’une
longévité obtenue par un constant renouvellement de ses forces vitales. Nous ne
sommes pas très éloignés de ce qu’on suppose être le phénomène vampirique.
    Ces croyances ont un rapport certain avec l’ambre, aussi
bien l’ambre jaune que l’ambre gris. Et c’est encore Pline l’Ancien qui nous
renseigne à ce sujet. « Quand Phaéton fut foudroyé, ses sœurs éplorées
furent changées en peupliers, et tous les ans, leurs larmes en coulant
produisent l’ electrum (l’ambre jaune, résine
fossile du pin) au bord du fleuve Éridan, que nous appelons le Pô. » Les
morceaux d’ambre, dont les vertus médicinales et magiques sont bien connues des
traditions populaires, sont donc les « larmes des sœurs de Phaéton »,
donc des « Filles du Soleil », ce qui nous renvoie à Yseult la Blonde
et à son prototype irlandais Grainné, « la solaire ». Mais ces Filles
du Soleil ont été changées en peupliers. Est-ce que cette histoire de baume, de
Chrême, et de pierre précieuse, ne serait pas reliée à la récolte des parfums
et des gommes aromatiques extraits d’arbres supposés exister dans le Jardin d’Éden,
ce qui expliquerait la relation du Saint Chrême et du Sang du Dragon avec l’univers
d’avant le péché d’Adam et justifierait l’aspect médiateur qu’ils conservent
dans la mémoire populaire, la médiation s’exerçant entre le Ciel et la Terre, entre
Dieu et l’Homme, comme le témoignage ultime du pardon divin réalisé ensuite par
le Christ (= l’ Oint ) lors de son acte de
rédemption ? Voilà de quoi réfléchir sur le sens – ou les multiples sens –
qu’il convient de donner au Sang du Dragon sous ses différentes formes, liquides,
solides ou vaporeuses (les parfums).
    Tout repose en fait sur le venin du Serpent, venin réel ou
symbolique, mais nécessairement ambivalent. C’est toujours avec des poisons qu’on
compose des remèdes, le mot grec pharmakos ,
« poison », nous l’indique clairement. Or le Serpent passe pour
venimeux, et il l’est dans beaucoup de cas. Et comme le Dragon n’est qu’une
exaltation du Serpent, il est fatal que son haleine soit fétide, qu’il vomisse
des flammes délétères, que son sang soit corrosif et puisse contaminer les
imprudents qui se risquent à proximité, et surtout, il
est normal que le Dragon ait des dents aiguës contenant du venin . L’analogie
avec le Vampire n’est donc plus à démontrer.
    D’autre part, le Dragon est gardien .
Il protège des trésors au fond de sa caverne. Mais il arrive aussi qu’il assume
ses fonctions dans un verger. C’est le cas dans la légende des Argonautes, à
propos du Jardin des Hespérides, où Jason doit aller cueillir les pommes d’Or :
un terrible dragon est là pour empêcher les audacieux de dérober les fameuses
pommes, et il faut, pour que Jason réussisse, toute l’astuce et toute la
science de la magicienne Médée pour endormir le dragon. Mais là, dans cette
circonstance, le trésor – à moins que ce ne soit le baume, le Chrême, le parfum
ou le sang – n’est pas dans le corps du Dragon, mais dans l’arbre, dans le
végétal. La nuance est intéressante, car il semble qu’il y ait eu parfois une
confusion à propos du Sang du Dragon, lequel serait, aux dires de certains
spécialistes, « un produit médicinal, la résine provenant de la partie
externe des fruits d’un palmier ( Calamus Draco ).
En raison de sa couleur rouge vif, qui rappelait d’abord l’image du sang, on le
nommait aussi « cinabre indien », et on le confondait parfois avec le
cinabre minéral, utilisé comme colorant. Pline se plaint, quant à lui, de sa
confusion avec le minium, qui est un poison très dangereux. Il reconnaît par
ailleurs, avec la majorité des auteurs antiques, que ce cinabre (ou minium ) provient du sang des dragons

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