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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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trame du récit. La nuit venue, le comte
Dracula se montre à Jonathan Harker et converse avec lui longuement, non
seulement sur le manoir qu’il doit acheter près de Londres, mais sur les sujets
les plus divers, sans oublier les particularismes de cette région de
Transylvanie. C’est d’ailleurs l’occasion pour Dracula d’avertir son hôte de ne
pas se montrer trop curieux : « Vous pouvez aller partout où vous
voulez dans le château, excepté dans les pièces dont vous trouverez les portes
fermées à clef, et où, naturellement, vous ne désirerez pas entrer. » On
se croirait dans le château de Barbe-Bleue… Et Dracula prend soin d’ajouter :
« Nous sommes en Transylvanie, et la Transylvanie n’est pas l’Angleterre. Nos
us et coutumes ne sont pas les vôtres, et il y aura bien des choses qui vous
paraîtront insolites. » Ainsi Harker est-il prié de ne s’étonner de rien.
    Le lendemain soir, a lieu un étrange incident. Jonathan Harker
a décidé de se raser. « J’avais accroché la petite glace de mon nécessaire
à l’espagnolette de ma fenêtre et je commençais à me raser quand, soudain, je
sentis une main se poser sur mon épaule et reconnus la voix du comte… Je
sursautai, fort étonné de ne pas l’avoir vu venir, puisque, dans le miroir, je
voyais reflétée toute l’étendue de la chambre qui se trouvait derrière moi. »
Ainsi donc, l’image de Dracula ne se reflète pas dans le miroir ! Mais il
y a plus : dans son mouvement de surprise, Harker s’est légèrement coupé.
« Je m’aperçus que je saignais un peu au menton… Quand le comte vit mon
visage, ses yeux étincelèrent d’une sorte de fureur diabolique et, tout à coup,
il me saisit à la gorge. Je reculai brusquement et sa main toucha le chapelet
auquel était suspendu le petit crucifix. À l’instant, il se fit en lui un tel
changement, et sa fureur se dissipa de façon si soudaine que je pouvais à peine
croire qu’il s’était mis réellement en colère [13] . » Il est évident
que la vue du sang excite les pulsions les plus secrètes du personnage ; mais
la croix bénite, objet sacré, détruit toute tentative : Harker ne sait pas
encore que la croix que lui a donnée la vieille paysanne est un talisman qui le
protège du vampire.
    Alors Dracula lance un autre avertissement à Harker :
« Prenez garde quand vous vous blessez. Dans ce pays, c’est plus dangereux
que vous ne le pensez… » Et, dans un geste en apparence incohérent, après
avoir accusé le miroir d’être responsable de la blessure de son hôte, il le
décroche et le lance par la fenêtre, avant de disparaître sans prononcer d’autre
parole. Et cette nuit-là, Jonathan Harker s’aperçoit que toutes les portes sont
fermées et qu’il est prisonnier dans ce sinistre château.
    Cependant, après sa sortie nocturne, Dracula a mis le
couvert pour son hôte. Comme à son habitude, ce qui étonne Harker, il ne mange
pas, se contentant de parler pendant que son hôte se restaure. C’est l’occasion
pour Dracula de parler de ses ancêtres, de sa lignée. « Nous, les Szeklers,
nous avons le droit d’être fiers, car dans nos veines coule le sang de maints
peuples braves et courageux qui se sont battus comme des lions – pour s’assurer
la suprématie. » L’orgueil du comte Dracula éclate dans cette affirmation ;
on y discerne également cette farouche et inlassable volonté de puissance qui
le caractérise. Et il va se lancer dans une sorte de généalogie où se trouvent
réunis les ingrédients d’une tradition à la fois nordique (germano-scandinave) et
asiatique. « Dans ce pays où tourbillonnent différentes races européennes,
les guerriers venus d’Islande ont apporté cet esprit belliqueux que leur
avaient insufflé Thor et Odin, et ils ont déployé une telle furie sur les
rivages de l’Europe… que les gens se croyaient envahis par les loups [14] .
En arrivant ici même, ces guerriers redoutables rencontrèrent les Huns qui
avaient porté partout le fer et la flamme ; si bien que leurs victimes
agonisantes affirmaient que, dans les veines de leurs bourreaux, coulait le
sang des vieilles sorcières qui, expulsées de Scythie, s’étaient dans le désert
accouplées aux démons. » Voilà une étrange ascendance, même si elle est
présentée comme une opinion colportée par la crédulité populaire. Les « Hommes-Loups »
passent pour avoir une origine satanique, et le lien est donc fait entre

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