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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sait que la tradition irlandaise la plus ancienne fait des
tertres mégalithiques les demeures des dieux et des morts, et que ceux-ci
peuvent, à certaines occasions, apparaître en chair et en os aux vivants. La « Carmilla »
de Sheridan Le Fanu est en somme une version celtique de la légende des
vampires. Et Carmilla offre toutes les caractéristiques du vampire : elle
est certainement amoureuse de Laura, mais elle est prête à causer la mort de
celle-ci, car elle ne peut se manifester, et donc mener son existence de
non-morte, qu’en aspirant l’énergie de celle
qu’elle aime, la réduisant ainsi à un extrême degré de faiblesse. C’est du
vampirisme de la meilleure veine, si l’on ose dire…
    Un autre devancier de Stoker, un certain Thomas Preskett
Prest, publia, sous forme de feuilleton, en 1847, puis en 1853, un roman
populaire intitulé Varney le Vampire, ou le Festin de
Sang . Là, le personnage du vampire ressemble bien davantage à Dracula
tel que l’a imaginé Stoker : c’est le monstre cruel et assoiffé de sang, résultat
d’une malédiction ancestrale et qui a déjà toutes les caractéristiques du héros
nocturne, de celui qui est destiné à accomplir une sorte de création à l’envers
dans un monde en proie à l’angoisse et à l’incertitude. Il est vrai que Varney
le Vampire doit également beaucoup au Lord Ruthven imaginé par Lord Byron (comme
si c’était son double maudit !), arrangé par John William Polidori, et
publié par lui à Londres en 1819. Ce Lord Ruthven est, comme Byron, un
aristocrate distingué : « Spectateur impassible de la gaîté qui l’environnait,
il semblait ne pouvoir la partager. Si la beauté, par un doux sourire, fixait
un instant son attention, un seul de ses regards la glaçait aussitôt et
remplissait d’effroi ces cœurs où la légèreté avait établi son trône. La source
de la terreur qu’il inspirait était inconnue aux personnes qui en éprouvaient
les effets ; quelques-uns la cherchaient dans ses yeux gris et ternes, qui
ne pénétraient pas jusqu’au fond du cœur, mais dont la fixité laissait tomber un
regard sombre dont on ne pouvait supporter le poids… Malgré la pâleur mortelle
de son visage que ne coloraient jamais ni l’aimable incarnat de la pudeur, ni
la rougeur d’une vive émotion, la beauté de ses traits fit naître à plusieurs
femmes coquettes le dessein de le captiver ou d’obtenir de lui au moins
quelques marques de ce qu’on appelle affection. » Mais ce Lord Ruthven, comte
de Marsden, image de ce qu’aurait voulu être inconsciemment George Gordon, Lord
Byron, ne contemple la beauté que pour mieux s’en nourrir : car il ne peut
survivre qu’en dévorant chaque année une proie très jeune et très saine, et
toujours frémissante de vie.
    C’est aussi un monstre qui ne peut survivre qu’en dévorant
des victimes que nous présente Matthew Gregory Lewis, à la fin du XVIII e  siècle, dans son roman fantastique, le Moine . Certes, ce monstre n’est pas présenté
comme un vampire, mais il en a la nature profonde : c’est un démon qui, après
avoir pris la forme de la belle et sensuelle Mathilde, va conduire à sa perte
et à la damnation éternelle l’orgueilleux prêtre Ambrosio. Le Diable a besoin
de se repaître des créatures de Dieu, non seulement pour peupler l’Enfer, mais
pour se survivre : la collusion entre vampirisme et diabolisme est très
nette, et elle influera bien entendu sur toutes les œuvres de fiction
postérieures, comme elle avait marqué de nombreux contes de la tradition
populaire orale.
    L’idée que le vampirisme est une malédiction provient aussi
du thème de l’expiation. Un individu qui a, durant sa vie, commis des crimes
abominables, ne peut pas être pardonné : mais il arrive aussi que l’Enfer
ne soit même pas suffisant en tant que châtiment. Le défunt ne peut prétendre
entrer ni au Paradis, ni en Enfer, ni même en Purgatoire : il est donc
condamné à errer éternellement, ou un certain nombre de siècles, sous forme humaine,
sur la Terre, et à mener une existence de non-mort. La légende du Juif errant
est bâtie sur ce motif, et nombreux sont les contes populaires de ce type, où l’on
voit apparaître des « âmes en peine », des « voués », des
fantômes et autres spectres de l’Astral qui rôdent à la limite du monde humain
et du monde invisible. Le Melmoth de l’Irlandais
Charles Mathurin, roman dont la base est

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