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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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largement accentuées –, Vlad l’Empaleur
devenait une sorte de « Croisé », un véritable « soldat du
Christ » en une conjoncture où il importait plus d’être un homme d’action
qu’un solitaire perdu dans ses méditations et ses prières. « S’il tenait
pour méprisable la vie terrestre de ses sujets, Vlad se montrait par contre
fort soucieux du salut de leur âme. Était-ce l’énormité de ses crimes qui le
poussait à une religiosité qui prenait un caractère morbide ? En tout cas,
il s’entourait de prêtres et de religieux, catholiques romains et orthodoxes ;
il… entretenait d’excellentes relations avec les Franciscains, installés à Târgoviste,
et les Cisterciens, dont l’abbaye se trouvait à Carta. Par contre, les
Bénédictins, et quelques autres, durent se réfugier en terres allemandes car
ils avaient encouru la colère du prince en voulant préserver leur indépendance [40] . »
S’il n’est pas question ici des Frères Prêcheurs, autrement dit des Dominicains,
on s’aperçoit que les préférences de Vlad Dracula vont aux ordres monastiques « dans
le vent », aux ordres agissants . Il eût
certainement fait un excellent inquisiteur du type de Torquemada, car cela eût
assuré de façon absolue sa domination spirituelle et matérielle sur des
populations en proie aux turbulences les plus diverses. A-t-il voulu être un
nouveau chef de croisade ? Ce n’est pas exclu. Mais, en prétendant à ce
titre, il suscitait des envies, des jalousies. C’est ainsi qu’il se heurta très
vite au roi Mathias de Hongrie. Car la politique, qui visait ouvertement à
chasser d’Europe les Turcs musulmans, dissimulait mal une volonté d’hégémonie
de la part des princes de l’Europe orientale sur les destinées de la Chrétienté,
y compris dans le domaine des profits financiers.
    Cependant, Mohammed le Conquérant n’allait pas rester sur un
échec aussi cuisant et aussi sanglant. Il lui fallait réagir s’il ne voulait
pas que ses possessions européennes tombassent les unes après les autres. Il se
mit lui-même à la tête d’une armée de 20 000 hommes et se précipita sur
les principautés que Vlad l’Empaleur avait réduites à sa merci. Fort
intelligent, celui-ci comprit qu’il lui était impossible de refouler ses
ennemis dans un assaut unique, et, à la guerre directe, il préféra substituer
la tactique de la guérilla, se contentant d’isoler les forces turques et de les
attaquer sournoisement par-derrière, les ayant privées de leur ravitaillement
ou de leurs renforts éventuels. Après ces coups de main, les troupes de Vlad se
dispersaient dans les forêts, et les Turcs n’arrivaient jamais à engager un
combat de front avec elles, pas plus qu’ils ne parvenaient à déloger Vlad des
repaires innombrables qu’il s’était fait aménager dans les montagnes de Valachie
et de Transylvanie. Cela n’empêchait nullement le voevod de semer la terreur
dans son propre camp, pressurant le menu peuple au-delà de toute limite et n’hésitant
pas à empaler ceux qu’il soupçonnait de vouloir le trahir à la moindre occasion.
Car sa tête, on s’en doute, était mise à prix par le sultan de Constantinople. Le
pal se révélait un moyen de dissuasion parfaitement efficace.
    Il existe une gravure du XVI e  siècle
assez terrifiante. Elle nous montre Vlad l’Empaleur « se restaurant tout
en assistant à l’exécution de ses victimes ». Le voevod, barbu et chevelu,
coiffé d’un chapeau à visière, revêtu d’un grand manteau, est assis devant une
table chargée de victuailles, table dressée en plein air à même le sol. Dans le
fond, à gauche, on aperçoit une ville et des collines boisées. Sur la moitié
supérieure, à droite, une rangée de pals forme une véritable palissade où se
trouvent enfourchés une multitude de suppliciés. En bas, à droite, devant le voevod,
un bourreau découpe à la hache des corps humains et en jette les morceaux dans
des paniers, tel un boucher à son étal. Vlad l’Empaleur semble prendre un
plaisir infini – et une force infinie – autant
dans la contemplation de ce spectacle macabre que dans l’absorption de la
nourriture étalée sur sa table. N’est-ce pas là une image, certes fort
simpliste, mais éloquente du vampire qui se
repaît de sang humain ?
    Quoi qu’il en fût, Vlad Tepes n’était pas de taille à
résister longtemps contre le géant ottoman. Les renforts turcs affluant, le voevod
se

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