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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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grave, il ne s’y résoudrait jamais. Avait-il autorité à faire cette promesse ? Et serait-elle honorée en haut lieu ? Pouvait-il s’engager à partir d’une marchandise dont il ignorait encore la nature et la qualité ? D’un autre côté, existait-il une autre voie pour atteindre le but qu’il s’était fixé : démêler des affaires liées sur lesquelles pesait la raison d’État. Il y avait des moments dans la vie d’un homme où il était indispensable de choisir entre deux aléas. Pour risquée que fût la manœuvre, il décida de laconduire. Il ne put cependant aller contre sa native honnêteté et s’empêcher de gazer à la dame ses réticences.
    — Je vous donne ma parole de tout faire pour favoriser cette solution. Mais je vous dois prévenir qu’au-dessus de moi on pourrait en décider autrement.
    — Le débat ne laisse pas d’être simple. Je penche là où le risque me paraît moindre. Oui, monsieur, je suis innocente. En tout cas des meurtres dont on m’accuse.
    — J’en reçois l’affirmation et j’en espère la démonstration. Madame, nous savons que vous travaillez pour les services de Sa Majesté impériale. Il ressort de ce que nous avons appris que vous étiez chargée d’approcher le comte de Rovski, favori disgracié de l’impératrice, pour des raisons que vous m’allez exposer.
    — Je n’ai guère d’éléments en plus à vous donner. Il semble que vous sachiez tout, dit-elle avec un rien d’ironie.
    — Alors, entrons dans le menu des détails. Vous avez voyagé dans le même paquebot que le comte. Pourquoi ne pas l’avoir abordé durant cette traversée ?
    — Le lieu ne s’y prêtait pas et j’étais contrainte de mesurer mes démarches, car Rovski était sous la surveillance d’un agent américain, un certain Smith.
    — L’auriez-vous séduit ? dit Nicolas à tout hasard.
    — Pour la bonne cause et pour le mieux surveiller.
    — Quelle était la fin dernière de votre mission ?
    — Récupérer une correspondance entre l’impératrice et le comte de Rovski et veiller à ce qu’il n’en fasse pas mauvais usage.
    — Y avait-il autre chose ?
    Surprise, elle le contempla.
    — Rien, monsieur, je vous l’assure.
    — Vous arrivez à Paris. Que se passe-t-il ?
    — J’observe le comte et son genre de vie. Il va se ruiner et, au fur et à mesure que ses ressources s’amenuisent, grandit le risque de le voir monnayer les documents en sa possession. Ce risque inquiète au plus haut point Saint-Pétersbourg.
    — Vous le signalez à vos autorités.
    — Oui.
    — Comment ?
    — Tout simplement en messages chiffrés transmis par chevaucheurs, la malle-poste étant trop lente et peu sûre.
    — Vous disposiez de fonds pour cela ?
    Elle émit un petit ricanement moqueur.
    — Sans compter…
    — Ce qui explique sans doute que vous laissiez des bijoux en gage chez la Tison !
    — C’était pour mieux jouer mon rôle. Je l’aurais récupéré ensuite.
    — Vous ne recevez aucune instruction concernant Rovski.
    — À son sujet, aucune.
    — Alors qu’alliez-vous faire chez le comte ce soir-là ?
    — Ce qu’une femme peut faire avec un homme. Je comptais me faire passer pour la Gambut, une fille galante croisée un soir et à qui j’avais emprunté sa réclame.
    — Il ne pouvait donc vous reconnaître ?
    — J’avais veillé sur le bateau à ne le jamais croiser.
    Voilà qui recoupait exactement le témoignage deMlle Desmarets, l’institutrice que Bourdeau avait interrogée.
    — Que s’est-il passé ?
    — Son valet m’avait ouvert la voie. Je découvre le comte ivre mort, presque inconscient. Je commence à fouiller partout sans rien trouver.
    — Pas de carnet ?
    — Vous avez raison. Un carnet avec des chiffres, sans intérêt pour moi. À ce moment, il reprend conscience et me voit, me traite de putain, de voleuse. Nous nous battons, il tombe sur le lit. Le temps qu’il se relève, je m’étais envolée.
    — Quelque chose vous a-t-il frappée, en entrant et en sortant de l’hôtel de Vauban ?
    — Rien, j’ai regagné ma retraite sans encombre.
    — Une chambre bien close au-dessus de l’atelier d’un marchand plumassier.
    — Oui… J’ai appris que vous m’aviez fait visite.
    — L’oiseau s’était envolé ! Et la comtesse Skzrawonski ?
    — N’allez pas lui chercher noise, elle est innocente et avait reçu des ordres de…
    — Bien, nous ne pousserons pas plus loin.

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