Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
la main. Nicolas y déposa l’objet.
    — C’est bien cela que nous cherchons.
    — Mais encore ? dit Vergennes dont la froideur s’accroissait.
    — Nous avons appris le meurtre et dans ces circonstances nous craignons que des soupçons se portent sur l’un des nôtres.
    Franklin allait empocher la pièce, mais Nicolas arrêta son mouvement.
    — Mille regrets, monsieur l’ambassadeur. Cette pièce vous sera restituée plus tard lorsque nous aurons éclairé les raisons de sa présence là où elle fut trouvée. Mais je dois vous informer que son possesseur est de fait l’un des suspects possibles dans cette grave affaire d’assassinat. Cette pièce américaine appartient bel et bon à l’un de vos compatriotes. Elle était attachée à une chaîne qui s’est rompue dans des circonstances que nous cherchons à éclairer. Dans ces conditions, serait-il possible de s’entretenir avec le possesseur de cet objet, si toutefois vous le connaissez ? Et c’est le cas, étant ici pour cette démarche.
    Un long silence suivit le clair exposé des faits par Nicolas. Seul le bruit de la canne de Franklin frappant le parquet le rompait, accentuant le caractère dramatique du moment.
    — Monsieur l’ambassadeur, il me semble qu’une question vous a été posée, que je vous saurais gré de considérer.
    — Les réponses, monseigneur, ne sont jamais aussi nettes que les questions. Cependant, avant de vous éclairer, sachez que je me suis engagé il y abien longtemps de ne rien faire que je ne puisse avouer…
    — Alors, que faisait votre compatriote chez un Russe récemment arrivé à Paris ?
    Le Noir consultait un dossier qu’il avait tiré du tiroir de son bureau. Il en agita soudain une feuille.
    — J’ai la liste de votre délégation. Pouvez-vous me donner le nom de cette personne ?
    Le piège était trop grossier pour qu’un matois comme Franklin y tombât. Il eut un sourire méprisant.
    — Qui vous dit, monsieur le lieutenant général, qu’il faisait partie de mon ambassade ?
    — Nous nous égarons, dit Vergennes. J’ai posé une question.
    — Monseigneur, daignez, je vous prie, tourner les yeux sur la situation qui domine. Je veux dire que les préliminaires d’une paix imminente imposent à chacune des parties de préserver ses intérêts particuliers. So , les cartes sont distribuées et le deal , comment vous dites, est mouvant pour tous et non égal.
    — La donne est différente à chacun.
    — Vous savez combien le Congrès est reconnaissant à la France de son appui.
    — En hommes, armement, vaisseaux et financements, ce qui par les temps qui courent pèse lourdement sur un budget très fragile.
    — J’en suis bien conscient. Toutefois, il serait de notre part irresponsable de ne point veiller sur nos intérêts propres. Ne pas considérer vous qu’il peut agir de underhand dealings … je veux dire.
    — Menées sourdes.
    —  Yes , c’est cela, menées sourdes. Je puis bien reconnaître, et vous devez l’accepter, que nous avoir des contacts politiques avec toutes les parties.
    — L’empire russe est-il directement intervenu dans la guerre actuelle ?
    — Non, monseigneur, mais il se propose d’intervenir en médiation. Ce qui pourrait être advantageous pour notre alliance et le futur traité.
    Vergennes eut un sourire ironique.
    — Il serait sans doute plus judicieux que nous présentions un front uni face à l’Angleterre au lieu de nous disperser en démarches inutiles. Regardez, monsieur l’ambassadeur, l’état isolé dans lequel notre adversaire est resté jusqu’ici. Il faut tout faire pour l’y maintenir en préservant les mêmes principes qui nous ont conduits si heureusement jusqu’à la conjoncture actuelle, qu’un revers naval ne peut compromettre.
    — Mais…
    — Je n’ai point achevé. Dans ces efforts multiples de nos ennemis, il y a la volonté affirmée de détacher l’Amérique de la France. Aussi l’action russe, si pleine de considération envers l’Angleterre, devrait vous mettre la puce à l’oreille…
    — La pousse à l’oreille. What ?
    —  To be suspicious, mister ambassador , dit Nicolas.
    — Et vous mettre en garde contre toute action individuelle. C’est dans la parfaite union entre nous que réside le succès des négociations à venir. Nous avons trop fait ensemble pour qu’au dernier moment nous nous divisions. Ce n’est pas le lieu d’en parler. Mais je répète ma question, que faisait cet

Weitere Kostenlose Bücher