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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Américain chez un noble russe ?
    — Vous ne pouvez croire, monseigneur, que nous agissons de propre mouvement contre vous. Dieu, non !
    Vergennes tira un papier de sa poche, chaussa sesbesicles et se mit à lire sur un ton monocorde mais implacable : «  MM. Oswald et Witford, anglais, logés à l’hôtel de Moscovie rue des Petits-Augustins, voient quotidiennement M. Franklin avec un attaché de l’ambassade de Russie. Ils sont accompagnés d’une espèce de valet de chambre qui parle français, court toute la journée et tient des conférences avec eux. On l’a vu entrer plusieurs fois chez ledit Franklin à Passy. » Ceci se passe de commentaire.
    — Je ne savais pas que bon mouvement de vous être en premier d’espionner moi…
    L’émotion ou la colère brouillait l’expression de Franklin.
    — … Mes congratulations pour votre police.
    Il salua d’un hochement sec Le Noir, de marbre derrière son bureau.
    — Nous sommes en guerre et nous espionnons les Anglais, pas vous !
    — … Je vous dire que cet homme envoyé par le Congrès. Mais ne pas pouvoir moi tout contrôler. Je regrette.
    — Comment se nomme-t-il et où le peut-on trouver ?
    — Je suis en désespoir de ne le pouvoir dire. Je ne le sais pas et l’homme a quitté Paris.
    — Soit, monsieur l’ambassadeur, je rendrai compte au roi de cette entrevue. Je regrette de n’être pas en mesure de lui confirmer la clarté et la sincérité de notre alliance, à laquelle nous sommes si attachés. Je vous salue, monsieur Franklin.
    Le ministre plénipotentiaire américain se leva avec peine et salua à la ronde sans un mot. Alors que Vergennes demeurait assis et immobile, Le Noir le reconduisit, suivi de l’attaché, à la porte puisrevint près de Vergennes qui, le visage fermé, hochait de la tête.
    — Cet homme-là nous ment comme un arracheur de dents du Pont-Neuf ! L’Amérique prend sa place et il faudra désormais compter avec elle ! Ils nous prennent à revers, négociant à tout va avec Frédéric et Catherine des accords commerciaux dont nous pâtirons un jour !
    — J’ajouterai, dit Le Noir, que l’homme qui l’accompagnait et qui porte le nom si commun de Smith n’apparaît nullement sur la liste de la délégation américaine. Qui est-il ?
    — Peut-être celui que nous cherchons, avança Nicolas.
    — J’opine comme le marquis de Ranreuil.
    — Mais, dit Le Noir, comment peut-on imaginer qu’il soit venu me voir avec le suspect ? C’était le jeter dans la gueule du loup !
    — Point. C’est au contraire du dernier habile et furieusement bien agencé. Comment irions-nous supposer une pareille audace ? Et d’un autre côté, c’était l’assurance que nous ne porterions pas nos yeux sur l’homme. Il faut le retrouver et, si c’est nécessaire, au mépris du droit des gens, nous emparer de lui et l’interroger. Mais il doit déjà être loin…
    Le Noir émit un petit ricanement.
    — Non, monseigneur, avant que vous ne paraissiez tous deux et à l’annonce qui me fut faite qu’un homme accompagnait Franklin, j’ai voulu savoir à qui j’avais affaire et, ne trouvant rien sur ce prétendu M. Smith, j’ai immédiatement ordonné qu’on le place sous surveillance !
    — Bien, voilà une opportune décision, dit Vergennes. Vous suivrez cette affaire, monsieur le marquis, et quant à l’autre…
    — Notre homme prend son service aujourd’hui et sera dans la place en prévision de l’événement que vous savez.
    Après que le ministre eut quitté la pièce, Le Noir se tourna vers Nicolas. Contrairement à Sartine toujours impassible dans ce genre de conjoncture, il ne parvenait pas à dissimuler ses émotions. Il s’épongea le front avec un grand mouchoir extrait de sa manche et regarda, piteux, le commissaire.
    — Vergennes ne supporte pas la suffisance de cet Américain.
    — Cela se voit. Il ne l’a pas ménagé !
    — Il fallait donner quelques coups de caveçon. Après qu’on les a aidés, ces gens-là vont nous tailler des croupières. Dans le concert des puissances, nulle n’est amie d’une autre ; il n’y a que les intérêts qui priment ! Et n’oubliez pas que ce Franklin fut l’un de nos plus redoutables adversaires et le massacreur de nos alliés indiens.
    —  Renégat de son culte, infidèle à son roi, / Sous cape il se moqua du ciel et de la loi. / Vergennes et Maurepas crurent à ses sornettes, / Et le doyen de tous les charlatans / Trompa

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