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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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les bons avec ses cheveux blancs, / Et les sots avec ses lunettes.
    — Où avez-vous pris cela ? Je ne l’ai point lu dans les libelles saisis qu’on m’apporte.
    — Je l’ai reçu de Londres. C’est la légende d’un portrait du personnage.
    — C’est vérité ! Au vrai, Nicolas, ce qui m’affecte et me bride dans cette occurrence n’est pas tellement cette péripétie-là que l’autre coup que nous avons organisé. Je persiste à penser, comme vous mon ami, que d’un mal fabriqué ne peut sortir un bien. Fasse le ciel que notre homme marche habilement. Sinon…
    — Je vous suis. Il n’y a pas d’affaire où la combinaison des hasards soit plus aléatoire.
    — J’ignore, dans la passe où nous sommes engagés, à quel sort insensé la fortune nous mène…
    — À vous écouter, à deux alexandrins.
    Ils éclatèrent de rire.
    — Mon cher, ce que nous appelons sort est une suite inévitable d’antécédents inconnus, de causes secrètes et de combinaisons où nous n’avons pas la main. Faites au mieux et ne me laissez pas dans l’expectative.
     
    Sur le chemin du Châtelet, Nicolas repensa au personnage mystérieux qui accompagnait Franklin. L’hypothèse qu’il pouvait s’agir de l’Américain de la rue de Richelieu lui apparaissait de plus en plus probable. Si c’était le cas, pourquoi cet entretien ? Il convenait de rassembler des informations plus étendues sur le comte de Rovski, qui n’était sans doute pas ce qu’il donnait l’impression d’être. Bourdeau l’accueillit, se frottant les mains.
    — Harmand a été jeté dans la Seine sans doute après avoir été assommé. Une bosse à la base arrière de la tête le prouve.
    — Il nous faut voir la famille. Peut-être en tirerons-nous quelque chose d’intéressant. Avant de nous y rendre, je vais écrire un mot au baron de Corberon au sujet du comte de Rovski et de ce qu’il pourrait connaître du personnage.
    Il tailla une plume et, après un moment de réflexion, écrivit un billet qui fut plié et scellé d’un cachet de cire rouge à ses armes. Le père Marie se vit confier le soin d’acheminer le pli à l’adresse parisienne du baron de Corberon et d’appeler un fiacre qui les devait conduire à la boutique du père d’Harmand. Pour éviter les embarras des ruelles, ils prirent par le quai de Gesvres et la place de Grève, puis la rue du Mouton et, après un bref passage rue de la Coutellerie, s’engagèrent dans celle des Coquilles pour enfin atteindre le carrefour des rues de la Verrerie et Bar-du-Bec.
    — Mazette ! s’exclama Bourdeau, en contemplant ébloui la boutique dont les dorures éclatantes et les peintures criardes rutilaient sous le soleil au milieu de la grisaille des maisons environnantes. Le roi n’est pas son cousin, à ce perruquier-là ! Et quel bleu !
    — C’est la marque de leur état.
    — Comment moi, vieux Parisien, je ne sais pas cela ! J’avais bien remarqué ces boutiques particulières, mais sans jamais m’interroger sur le pourquoi de ce bariolage.
    — Apprends donc que rouge et noir s’attache aux barbiers-chirurgiens et que le bleu particulier que tu vois sur cette officine est celui des perruquiers. Il leur appartient.
    — Et lis l’inscription au-dessus du porche. Il ne laisse pas de manquer de modestie.
    Nicolas ne put s’empêcher de rire en déchiffrant l’inscription de lettres dorées sur fond de marbre noir en trompe-l’œil et en contemplant l’enseigne naïve qui l’illustrait.
     
    P ACÔME H ARMAND
    Maître Marchand Perruquier
    Perruquier de S.A.R. Monseigneur le duc d’Orléans
     
    Fait et vend toutes sortes de perruques
    à la mode. Cheveux de France, d’Angleterre,
    de Hollande, Flandre, Allemagne
    et d’autres, des plus beaux en gros
    et en détail.
    À l’enseigne de l’Absalon Pendu 28 .
    Passant, contemplez la douleur
    D’Absalon pendu par la nuque.
    Il eût évité ce malheur
    S’il avait porté la perruque.
     
    Les policiers poussèrent la porte. Nicolas fut frappé par l’air de propreté qui marquait, contrairement à ses sœurs dans l’activité, la boutique de maître Harmand. Celles-ci rassemblaient habituellement tout ce que la malpropreté pouvait réunir : carreaux enduits de poudre ou de pommade, planches et solives imprégnées, odeurs suspectes d’onguents. Ici, il semblait que tout fût en ordre, nettoyé, briqué et qu’on évitât en priorité tout ce qui aurait pu défigurer une boutique où le

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