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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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recevoir l’hommage de l’un de ses amants ?
    — Peut-être était-il chargé d’une mission particulière en relation avec les négociations en cours avec l’Angleterre ?
    — Tant que nous n’aurons pas mis la main sur M. Smith pour l’interroger, il sera difficile de trancher. Au fait, où en est la surveillance ordonnée par Le Noir ?
    — Selon les derniers rapports, il ne serait pas sorti de la résidence de Benjamin Franklin à Chaillot. Mais nos mouches ne l’ont pas vu depuis et rien n’exclut qu’il ait pu s’échapper d’une manière ou d’une autre. Enfin, il nous faut aussi mettre la main sur cette dame au portrait . Là aussi, les registres des étrangers devraient nous permettre de la retrouver. Je vais demander à Gremillon de s’y consacrer aussitôt.
    Dans la soirée, alors que les deux policiers s’apprêtaient à quitter le Grand Châtelet, Gremillon apparut avec une liasse de documents à la main. Il avait l’air à la fois satisfait et impatient de leur communiquer le résultat de ses recherches dans les registres du bureau des étrangers.
    — Alors, dit Nicolas, vous voilà bien affairé !
    — Il y a de quoi. J’ai remué des monceaux de papier, avalé tout autant de poussière et dispersé quelques familles de souris ! Sommes-nous assez organisés de posséder même un gros dossier sur la Russie ! Imaginez que ces gens-là ont voulu débaucher, depuis des années, nos artisans les plus expérimentés. Il y a quarante ans, un émissaire russe, un racoleur, fut arrêté à la suite d’un stratagème. Il tentait de recruter des familles des Cévennes et du Languedoc afin d’établir des plantations demûriers à vers à soie dans les parties méridionales de la Russie ! Nouvelle offensive il y a dix ans. En 1768, un agent russe, Fierville, fait l’objet de plaintes de l’intendant des Menus-Plaisirs. Il débauchait des acteurs !
    — Il ferait beau voir, dit Bourdeau, que les Russes se veuillent mettre avec nous sur un pied d’égalité. Nous sommes le centre du monde par la qualité de nos produits et l’éclat de nos spectacles.
    — L’égalité dont tu nous rebats parfois les oreilles ne va donc que pour les Français ?
    Bourdeau prit la chose en riant sans avoir sur le moment matière à rebondir.
    — Alors, Gremillon. Quoi d’autre que ces généralités ?
    — Hé, c’est qu’elles ont, monsieur, un lien avec notre affaire.
    — Comment cela ?
    — J’ai découvert toute une correspondance concernant un étrange personnage, une femme. Elle nous intriguait l’an dernier.
    — L’an dernier ?
    — Oui, M. Le Noir avait été interrogé par M. de Vergennes sur cette personne sur laquelle son attention avait été appelée. Elle se faisait alors appeler Dabout-Spada et était suspectée d’ourdir des trames dans lesquelles beaucoup de dupes étaient tombés. Elle avançait d’ailleurs d’autres identités, comtesse de Brienne et de Bruth. Elle prétendait avoir de grandes réclamations à faire contre la couronne de Russie. Elle s’était servie du nom du marquis de Vérac, notre ministre à Saint-Pétersbourg, pour trouver un accès auprès des plus grands et tromper les béats capables de donner créance à ses fables. Elle forma ainsi des liaisons et des intrigues, escroquant au passage le marquis de Richemont de plus de quarante mille livres.
    — Tout cela est fort intéressant, mais nous ramène à quoi ?
    — Attendez. La conclusion mérite les circonvolutions qui y conduisent. Pour parfaire les assurances qu’elle prodiguait, la dame en question arborait un portrait en miniature de Catherine II entouré de diamants et de rubis.
    — Ah ! Voilà qui nous intéresse au plus haut point.
    — Car elle avait mis en gage ce portrait pour obtenir de l’or frais. Elle n’est jamais revenue chercher le joyau et le bijoutier en a été gros Jean et délesté de plusieurs dizaines de milliers de livres.
    — A-t-on le nom de ce joaillier ? demanda Bourdeau.
    — Certes oui. Il s’agit de M. Böehmer, le joaillier de la couronne.
    — Comment ! Il s’y est laissé prendre !
    — La chose s’est faite en deux temps. La dame est venue le voir en grand équipage et lui a présenté le bijou qu’il a examiné. Il a donné son prix pour un achat autorisant six mois de délai d’éventuel rachat. Elle a hésité, minaudé, a dit souhaiter réfléchir. Elle est revenue quelques jours après ayant pris sa décision. Elle a

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