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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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framboizes du jardin à la crème.
    Noblecourt soupira. Il considéra avec curiosité Nicolas.
    — Je vous devine soucieux. Est-ce toujours cette opération insensée qui vous torture l’esprit ?
    Il marche sans dessein : ses yeux mal assurés
    N’osent lever au ciel leurs regards égarés.
    — À ce point, cela se voit ? Vous connaissez mon sentiment sur cette affaire.
    La nature envers moi moins mère que marâtre
    M’a formé très rétif et très opiniâtre,
    Surtout lorsque quelqu’un veut m’imposer la loi.
    — Le jeu de paume poétique est fort plaisant avec vous.
    Nicolas considérait avec curiosité le bougeoir qui traînait sur la petite table devant le fauteuil de son vieil ami. L’objet en cuivre doré à l’or moulu portait deux lumières. Il n’en avait jamais vu de semblables.
    — Ah ! Voilà qui vous intrigue, n’est-ce pas ? Notre Louis a eu la gentillesse de courir cet après-midi chez le sieur Granchez, bijoutier de la reine, au magasin Le Petit Dunkerque , me chercher cette nouveauté, un bougeoir à plateau et garde-vue qui possède un éteignoir mécanique d’un genre absolument nouveau.
    — Et ce mécanisme ?
    — Point d’impatience. L’appareil éteint les bougies à volonté. La tige à laquelle ces éteignoirs sont adaptés est graduée pour fixer l’heure où l’on désire qu’ils fassent leur effet, un des deux éteignoirs part cinq minutes avant l’autre et vous prévient que l’autre bougie va s’éteindre. Qu’on prenne alors garde si l’on veut continuer sa lecture ou toute autre occupation. Ainsi, désormais je dispose de deux sources de lumière et me mets à l’abri du feu, moi qui parfois m’endors dans mon fauteuil
    — Prodigieuse innovation ! Rien n’arrêtera le progrès que la marche des sciences nous procure. Au fait, où sont nos bêtes ?
    — Pluton tient compagnie à nos chevaux et Mouchette taquine un matou borgne et boiteux, à qui elle semble trouver des charmes particuliers. Il amiaulé toute la journée sur un toit voisin, appelant sa belle à l’amour.
    — Peste, elle va me revenir pouilleuse, sale, épuisée et repentante !
    L’omelette avait fait son apparition odorante avec la soupe et la salade du magistrat. Catherine redescendue, Nicolas, pris de pitié, coupa une petite partie de son mets qu’il fit glisser dans l’assiette de Noblecourt ému. Celui-ci s’employa, avec un regard vers la porte de sa chambre, d’en faire aussitôt disparaître toute trace.
    — Il y a autre chose qui vous trouble, Nicolas ?
    — Vous me percez à jour.
    Il se mit à lui conter en détail l’état de l’enquête sur l’assassinat de la rue de Richelieu. Son hôte l’écouta avec attention et, ayant avalé tout rond sa salade cuite, s’essuya la bouche et donna son sentiment.
    — De tout ce que vous m’avez appris ou répété une chose me frappe, car le diable gîte toujours dans des détails qui n’en sont pas. Considérons.
    Nicolas s’amusait toujours des méandres de la rhétorique de Noblecourt. Ses exordes n’auguraient en rien ce qui suivait. C’était comme un moulin quand une brise met ses ailes en mouvement et que, peu à peu, tous les engrenages s’actionnent pour enfin aboutir au craquement du grain sous une meule qui annonce le nuage blanc de la mouture. Il écouta avec attention, conscient que souvent la particulière perception des faits et l’original raisonnement de son ami avaient dans le passé heureusement orienté ses enquêtes.
    — Il faut en effet tirer argument de tous les événements en votre possession. Or vous passez fort rapidement sur un élément qui ne paraît pas avoir suscité chez vous la moindre tentative de réflexion.
    —  Mentor est sévère, ce soir. Serait-ce la privation de framboises ?
    — Point, il vise l’efficacité.
    — Et quel est ce détail sur lequel je ne me penche pas ?
    — Cette affaire de fausse monnaie. Avez-vous fait vérifier ces monnaies afin de déterminer si elles sont, non seulement sonnantes et trébuchantes, mais que leur titre est de bon aloi ?
    — Pas encore et vous avez raison de me le rappeler. Ni Bourdeau ni moi, dans l’état que nous venons de dresser des éléments de l’affaire, n’avons songé à vérifier ce point précis bien que nous l’ayons prévu. Mais que vous suggère votre habituelle sagacité si par extraordinaire ces louis s’avèrent forgés et malhonnêtes ?
    — Hum ! Quand il y a apparence, la

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