Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
du prince l’aurait balayé. Il mesura la différence qui existait entre ces potentats du Nord et la famille de Bourbon. Politesse du feu roi, gentillesse bourrue de Louis XVI, arrogance ironique de Provence, légèreté d’Artois, rien qui ne se pût comparer.
    — Soit. Je pourrais vous dire comme vos rois que c’est mon bon plaisir. Disons plus simplement, et vous m’obligez à me répéter, que je disposais d’un secrétaire stipendié par ma mère et que jusque-là je n’avais pas trouvé l’homme qui convenait et que mes amis recherchaient pour moi.
    — Je remercie Son Altesse impériale de ces informations, dit Nicolas en s’inclinant. Maintenant…
    — Ah ! Monsieur le marquis, quand je serai le maître, je vous appellerai à Saint-Pétersbourg pour diriger ma police.
    — Maintenant, reprit Nicolas sans relever cette embarrassante invite, j’ai une requête à présenter.
    — Faites, faites.
    — Je souhaiterais votre autorisation pour, disons, visiter le logement de votre secrétaire et aussi celui de Pavel.
    — Ce traître ! Ce reptile placé dans ma maison pour m’espionner, rampant dans tous les coins de ma maison ! Fouillez, fouillez à votre guise.
    Nicolas ne pipa mot. La rancune rassie l’emporta et divertit ; nulle objection ne s’éleva quant à l’opération souhaitée par le commissaire chez le secrétaire du prince.
    — Monsieur le marquis, quel est votre sentiment sur les affaires d’Amérique ?
    — J’en juge de loin, Votre Altesse le peut comprendre. Cependant je pense, en dépit des rumeurs que déversent les gazettes anglaises, que la défaite est chose assurée et que Londres sera contrainte à la paix.
    — Peut-être… Ma mère souhaite favoriser une médiation. Elle veut jouer dans votre boulingrin… Avons-nous intérêt à favoriser les intérêts de l’Angleterre ? Que sera l’Amérique coupée des liens qui l’attachaient à sa métropole ? Quel poids doit-on jeter sur le plateau de la balance et de quel côté ?
    — Sa Majesté n’entend écraser personne. Nous recherchons une paix juste et honorable, indiqua Nicolas, ravi de la direction que prenait l’entretien. À cet égard, l’avis de la Russie compte pour nous dans le sens de l’équilibre…
    — Oui, oui ! Si j’étais le maître… Je me méfierais. L’Angleterre menace la Russie davantage que le royaume de France. Je comprends qu’on puisse être irrité à Versailles des agissements de ma mère. Elle n’a jamais oublié les dédains de l’aïeul de Louis XVI. Et autour d’elle…
    Voilà qui est intéressant, songea Nicolas. Il y a là encore, et comme prévisible, de très vives dissensions entre la mère et le fils. Pour incertain que soitson caractère, le prince Paul pense avec justesse et raisonne de bon sens. Il faudra renouveler et entretenir ce type d’échanges auxquels le prince paraît se complaire.
    — Monsieur le marquis, je suis fort satisfait. Je vous libère, mais j’entends vous revoir au plus vite.
    Nicolas retrouva Bourdeau dans le vestibule ; il l’entraîna dans un petit salon. L’inspecteur semblait impatient, mais son ami, fébrile, ne lui laissa pas le temps de parler et s’empressa de dresser un court compte-rendu de tout ce qu’il avait pu apprendre depuis la veille.
    — Et toi, alors, que me rapportes-tu ?
    — J’allais te le dire, mais tu as pris le mors aux dents ! Tout d’abord le petit papier trouvé dans la poche de Pavel, c’est un mémento pour le souper à l’Hôtel de Lévi hier soir.
    Il le lui tendit.
    — Je vois, soupira Nicolas avant de le lire à haute voix.
    Dimitri
    Souper de ce jour 27 mai 1782
    –  Prince Bariatinski
    –  Prince Youssoupoff
    –  Prince Kourakin
    –  Mme de Benckendorff
    –  Baronne d’Oberkirch
    — Deux hypothèses…, reprit Bourdeau sans pousser outre.
    — Oui, tu es comme moi, elles t’échappent. Car de deux choses l’une. On assassine Pavel au fait de son identité, ou on l’ignorait. Ce papier était-il destiné à Dimitri ou l’a-t-on placé à bon escient ?
    — Tu sembles oublier, ma foi, que c’est sur le corps de ce Pavel qu’on a trouvé les autres documents, ces pages arrachées provenant des effets du comte de Rovski.
    — Pierre, je dois avouer que je n’y comprends rien. Qui a tué ? Qui a-t-on cru tuer ? Pavel est-il l’assassin de Rovski comme tous ces indices nous incitent à le supposer ?
    — Je crois, pour parfaire ton jugement et

Weitere Kostenlose Bücher