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L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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se leva et alla se planter devant la fenêtre. Jan le surveillait et savait qu’il avait devant lui le meilleur comédien qu’il lui ait été donné de voir, damant le pion à Gérard Philipe et à Marlon Brando réunis.
    – J’imagine que vous n’avez pas envie d’attendre et que vous aimeriez que nous réglions l’affaire tout de suite. Ne quittez pas, monsieur.
    Jan posa le combiné et, d’un bond, se retrouva derrière Casimir dont il tapota l’épaule. Ce dernier se retourna et fut accueilli par un direct à la mâchoire et un coup de poing qui bondit sur son ventre comme une balle sur un mur. Jan entendit craquer ses jointures et reconnut le son de Saint-Adolphe. Casimir, ne semblant pas comprendre ce qui lui arrivait, grogna en saisissant Jan par le collet pour le lancer contre le bureau.
    –
Kurwa!
Vous êtes fou ou quoi?
    Jan poussa un cri de rage plus que de douleur et réussit à rejoindre la porte avant Casimir, dont l’agilité était impressionnante pour un homme de sa corpulence. Il vit le combiné traîner au bout du fil, l’appareil ayant été repoussé dans la bousculade.
    – Je l’ai, Jerzy.
    Casimir comprit enfin la furie qui lui était tombée dessus et commença à se défendre avec toute son énergie. À son tour, il poussa un cri en saisissant denouveau Jan par les épaules et en le frappant contre la porte avec tellement de force que Jan eut peur. C’est en pensant au courage de son frère qui les avait défendus, lui et Élisabeth, qu’il fourra ses doigts dans la bouche de Casimir, tirant de toutes ses forces sur la lèvre inférieure. Il sentit trois doigts déchirer la chair. De l’autre côté de la porte, Stanislas hurlait qu’il voulait entrer alors que M me Dufour criait en pleurant que la police était en route. En entendant le mot «police», Casimir laissa tomber Jan, qui cria à Stanislas de verrouiller la porte. Stanislas ne sut comment il avait réussi à réagir aussi rapidement, comprenant en un éclair que son oncle emprisonnait Casimir. Il était en larmes, se demandant dans quel état serait Jan, connaissant la force herculéenne du Maudit. La poignée tourna et Casimir donna un coup de pied qui fit éclater une planche.
    – J’espère que tu es toujours là, Jerzy, parce que c’est un beau spectacle. Il a la bouche en sang.
    Casimir l’empoigna de nouveau, le tenant cette fois par le cou, et Jan gigota comme un animal qu’on égorge. Il réussit à donner un coup de talon sur la rotule de Casimir qui poussa un juron. Jan entendit la voix de son frère le supplier de lâcher prise.
    – Il va te tuer, Jan. C’est Goliath.
    Jan voulut répondre que les David l’emportaient parfois, mais ne put le faire. Il étouffait sous la poigne d’acier de Casimir. La lumière commença à baisser dans la pièce et il sut qu’il s’évanouissait, comme il l’avait fait dans le cimetière de Saint-Norbert quand on lui avait brisé les doigts. Il fit une dernière tentative pour se dégager, mais Casimir serra davantage l’étau qu’il lui avait mis autour du cou. Alors, Jan n’entendit plus rien. Casimir feula sa victoire.
    – He! Pawulski! Je pense que c’est ton frère qui vient de mourir. Il te ressemble. Écoute ce que je vais faire de son cadavre.
    Tenant le récepteur du téléphone d’une main, Casimir saisit le corps disloqué de Jan de l’autre et le lança contre la fenêtre qui éclata tandis que Jan retombait sur le sol. Casimir s’approcha de lui et lui donna trois coups de pied dans les côtes.
    –
Kurwa!
Sang de chien de putain de mûre!
    Comme un bélier, il s’attaqua ensuite à la porte. À la cinquième charge, elle céda et il se retrouva face à M me Dufour qui le regardait, impassible malgré son visage baigné de larmes. Stanislas était allé chercher les employés de l’entrepôt, qui attendaient Casimir, bloquant l’accès à toutes les issues. Casimir, animal pris au piège, reconnut Stanislas et, rugissant, fonça sur le groupe dont il faisait partie. Plusieurs hommes tombèrent à la renverse sous la violence de l’assaut.
    – Police!

Quatrième temps

1968-1969

29
    La nuit était noire, bien que les jours de juin fussent aussi longs que la silhouette des Laurentides. Les environs de l’aéroport étaient cependant éclairés et Élisabeth avait regardé les feux des appareils qui tournoyaient au-dessus des pistes, les ailes affublées de clignotants rouges ou verts. Juste avant de se poser, ils allumaient leurs

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