Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
Vom Netzwerk:
cœur des gens. Ton talent est beau, lui disait-elle, mais si on lit de la fatuité sur ton visage, ta musique ne parlera plus aussi bien.
    – Excuse-moi, Stanislas.
    – Pourquoi?
    – Parce que j’ai eu une pensée un peu méprisante. C’est tout.
    Stanislas, sceptique, lui dit qu’il était prêt à lui pardonner, mais qu’il aurait bien aimé savoir à quoi elle faisait allusion et ce qu’il devait lui pardonner.
    – Je ne vais quand même pas m’abaisser à te le dire. Jure-moi que tu me pardonnes, c’est tout.
    – Non. Ce que tu viens de faire est un peu détestable. Tu joues les intrigantes.
    – Moi? Ne pas vouloir être méchante, c’est jouer les intrigantes?
    – Tout à fait.
    Stanislas la planta là et se dirigea vers le nord du parc. Il traversa la rue Rachel sans se retourner, bouleversé. Si Florence était sa meilleure amie, son premier amour, et si elle avait la plus jolie chevelure du monde et les premières lèvres qu’il eût effleurées, elle n’avait quand même pas le droit d’abuser de lui. Il était peutêtre un peu rustaud, mais elle n’était quand même pas née à la Place-des-Arts ni dans un Conservatoire de musique. Son père n’était pas un chef d’orchestre notoire, et sa mère, d’après ce qu’elle en avait dit, avait le cerveau malade.
    Il l’entendit courir difficilement avec ses étranges sandales mexicaines, véritables instruments de torture, et l’appeler d’une voix changée. Il se retourna et fut désolé de lui voir le visage complètement noyé.
    – Est-ce que je t’ai chagriné, Stanislas?
    Il ne sut que répondre. Pouvait-il lui dire qu’il trouvait qu’elle avait abusé de son amitié? Depuis qu’il l’avait quittée, il n’avait pas, lui non plus, eu des pensées trop aimables. Il ralentit un peu, ne sachant comment faire volte-face élégamment. Dans tous les films qu’il avait vus, les hommes partaient sans se retourner, à dos de cheval ou à pied, mâchouillant un cigare ou du tabac. Dans tous les films qu’il avait vus, les hommes étaient des amoureux, pas des amis ou des presque cousins. Et son père, lui, partait en poussant la porte violemment. Il arrivait parfois que sa mère le suive d’un pas pressé, mais habituellement elle soupirait en haussant les épaules, faisant claquer sa langue contre sa dent. Il s’inquiétait rarement de ces colères, surtout quand sa mère avait une espèce de petit sourire amusé. Il l’avait vue sourire, il l’avait vue irritée, mais jamais il ne l’avait vue pleurer comme le faisait Florence.
    – Parle-moi, Stanislas.
    – Quand tu m’auras dit tes pensées.
    Florence eut l’air franchement agacée et avoua, à voix basse, qu’elle s’était dit qu’un garçon de quinze ans qui n’avait rien vu d’autre que la salle municipale de Saint-Norbert ne pouvait pas comprendre l’importance d’un concours international. Stanislas serra les dents, étonné de constater qu’il était vraiment heurté.
    – On n’a pas tous joué au Metropolitan Opera de New York, Florence.
    – Bon, tu es choqué. Quand on veut entendre une vérité, Stanislas, c’est qu’on est prêt à tout. Est-ce que tu me pardonnes ou non?
    Il mit plusieurs inquiétantes secondes avant de hocher la tête. Elle le remercia et lui jura qu’il trouverait son départ moins désagréable. Ils rentrèrent chez Jan, qui l’attendait pour lui offrir une sortie en sa compagnie pour sa dernière soirée à Montréal. Stanislas regarda Florence, qui l’encouragea du regard, et il répondit qu’il serait ravi. Nicolas demanda de les accompagner et Jan hésita le temps de deux battements de cœur avant de lui dire que la soirée serait incomplète sans lui. Florence fit donc des adieux hâtifs à Stanislas devant Jan et Nicolas qui le pressait de partir. Stanislas, engoncé dans sa politesse, lui baisa la main.
    – Tu parles d’une drôle d’habitude. Mon cousin fait toujours ça.
    – Ton cousin a appris ça de son père. C’est la politesse polonaise et on appelle ça le baisemain.
    – Dégueulasse. Je pense que j’aimerais mieux embrasser la joue. La main... Franchement!
    Jan regarda Nicolas et eut l’intuition que son fils grandissait et enviait son cousin.
    – Stanislas, montre-lui comment on fait.
    – Papa! Franchement! Je ne suis pas un Polonais, moi.
    Florence se planta devant lui et lui tendit la main. Nicolas se dandina sur un pied puis sur l’autre avant de demander grâce. Jan s’approcha alors de

Weitere Kostenlose Bücher