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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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palais. Sa seule hésitation tenait au fait qu'elle aimait connaître chaque enfant individuellement et observer ses progrès.
    Une toux discrète interrompit ses pensées. Ning, sa petite esclave, était entrée silencieusement dans la pièce en rampant et la toux était le signal habituel par lequel elle indiquait qu'elle souhaitait parler.
    « Qu'y a-t-il, Ning ?
    — Haute Dame, moi, un simple cheveu, je vous demande pardon pour cette intrusion, mais un honorable mandarin attend votre bon plaisir dans l'antichambre. Il est là depuis ce matin très tôt. Il ne par-tira pas avant de vous avoir vue. Il dit que l'affaire est urgente.
    — Qui est-ce ?
    — Haute Dame, il dit qu'il est le seigneur Kosa.
    — Kosa Pan ? » dit Maria, se parlant plus à elle-même qu'à la petite fille. Ce nom ne lui était pas inconnu. Elle savait qu'il avait été le premier ambassadeur du Siam en France, d'où il était rentré subitement. Constant lui avait parlé de sa méfiance à l'égard des Français — et des farangs en général — et de la façon ignominieuse dont il avait débarqué. Que pouvait-il bien lui vouloir ? Elle ne l'avait encore jamais rencontré. Eh bien ! se dit-elle, il n'y avait qu'un moyen de le découvrir.
    « Envoie-le dans la salle d'audience, Ning. C'est là que je lui parlerai.
    — Votre esclave, ma Dame. » Ning rampa à reculons.
    Kosa Pan s'était arrangé pour que sa venue coïncidât avec une des fréquentes occasions où Phaulkon s'absentait. Il avait été irrité de découvrir que dame Maria était sortie. Si elle était longtemps absente, cela pouvait devenir dangereux, car il ne savait pas exactement quand le retour de Vichaiyen était attendu. Mais quand il apprit qu'elle se trouvait à l'orphelinat tout proche, il décida que le risque valait la peine d'être pris.
    « Mon Seigneur veut-il bien me suivre ? » Il leva les yeux et vit la jeune esclave qui lui faisait timidement signe.
    Il la suivit dans un long couloir orné de tapisseries birmanes. Elle s'arrêta devant une porte ouverte et se prosterna. Kosa pénétra dans ce qui était manifestement une salle d'audience solennelle. Il regarda autour de lui et retint son souffle. Ce n'était pas tant les œuvres d'art en elles-mêmes qui l'impressionnaient mais le caractère siamois des proportions et du décor de la pièce. C'était la première fois qu'il pénétrait dans la résidence du farang. Malgré son mépris pour l'usurpateur honni, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver du respect pour son goût. Vichaiyen semblait avoir en quelque sorte capté l'âme du Siam. Il n'y avait rien de farang dans la salle, pas même une chaise. Les meubles datant de la première période d'Ayuthia étaient exquis et la soie passée des coussins de repos triangulaires était d'un modèle ancien, difficile à trouver aujourd'hui. Kosa balaya du regard les figurines en bronze ouvragé qui ornaient les nombreuses niches de la salle puis les détailla de nouveau lentement, une par une. C'était une collection qui égalait la sienne.
    Il n'entendit pas Maria entrer tant il était absorbé dans son examen. Une toux légère lui fit lever les yeux, et de nouveau il fut impressionné. La femme qui se tenait devant lui dans un kimono bleu de style japonais était exquise, aussi fine et délicate que les chefs-d'œuvre qui l'entouraient. Sa peau était parfaite et ses traits une harmonie authentique d'Orient et d'Occident. Son nez droit et mince était nettement farang, tandis que ses hautes pommettes et ses yeux noirs mi-ronds étaient japonais. Il se rappela avoir entendu dire que certains de ses ancêtres avaient été crucifiés au Japon à l'époque où l'empereur avait interdit à ses sujets de devenir chrétiens. L'empereur avait manifestement vu quels fauteurs de trouble ils étaient. Si seulement son roi pouvait suivre un tel exemple ! La famille s'était ensuite apparemment installée au Siam où elle avait fait alliance avec des chrétiens portugais. Encore de maudits chrétiens ! se dit Kosa avec colère. Pas étonnant que tous les membres de la famille fussent de tels fanatiques. Puis il se rappela combien cette ferveur même le servirait en la circonstance, et il sourit sous cape.
    Maria joignit les mains devant sa tête inclinée et il lui rendit son salut. « Je suis désolée de vous avoir fait attendre si longtemps, mon Seigneur.
    — Gracieuse Dame, au contraire, c'est moi qui suis importun. Tout le monde sait combien Votre Seigneurie

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