L'envol du faucon

1-tenant informé de notre côté que cette force a en h it atteint le Siam et que, en dépit d'un nombre inhabituel de pertes dues au scorbut, elle est en état le combattre. Ses intentions précises ne sont pas connues, mais il est clair qu'elles ne nous seront pas favorables. Le roi siamois a reçu amicalement es forces françaises ; avec la connivence de Phaulkon, j'ai bien peur que le port clé de Mergui ne torrbe entre les mains des Français. Inutile de vous dire, capitaine, ce qu'il en coûterait à nos intérêts dan:; le golfe. »
    Weltden émit un léger sifflement. « Un millier de Français, hein ? On ne doit pas traiter à la légère l'armée du Roi-Soleil.
    — C'est sans aucun doute la meilleure force combattante en Europe, ajouta Thomas.
    — Que croyez-vous qu'ils manigancent par ici, Votre Excellence ?
    — De s'emparer du Siam et de contrôler tout le commerce du golfe, répondit Yale sans ménagerr ent.
    — Et que voudriez-vous que je fasse, Votre Excellence ?
    — J'y viens, capitaine. Un affrontement d rect avec la France doit être autant que possible < vité, mais nous devons nous emparer de Mergui evant que les Français ne le fassent. Heureusement, vOi la nature du terrain, leurs armées ne pourron pas venir d'Ayuthia par voie de terre. Elles devront emprunter la route maritime qui fait des détouis, un voyage qui dure cinq à six bonnes semaines. De toute façon, je doute que leurs troupes soient prêtes i partir dès maintenant, après sept mois passés er mer.
    Cela devrait vous donner un temps précieux, le temps de conclure un marché avec Sam White, de hisser l'Union Jack et de fortifier la ville. Elle devra être imprenable quand les Français arriveront, comme je ne doute pas qu'ils le feront.
    — Quel genre de marché, Votre Excellence ? Sam White n'est guère connu pour l'honnêteté de ses transactions.
    — Certes non. Le seul moment où l'on puisse compter sur lui, cependant, c'est lorsque ses intérêts personnels sont en jeu. Et c'est précisément la situation dans laquelle j'entends le placer. Vous avez sans doute appris que nous avons un nouveau roi ?
    — Oui, monsieur. Vive le roi Jacques !
    — Vive le roi ! répétèrent les deux frères.
    — Eh bien ! poursuivit Yale dont le sourire s'élargit, je viens d'apprendre qu'une proclamation royale exige le retour à Madras de tous les citoyens britanniques au service de princes étrangers, dont le roi de Siam fait bien entendu partie. Vous irez à Mergui, présenterez un exemplaire de cette proclamation à White et exigerez l'extradition immédiate de tous les Anglais à son service. Vous lui donnerez deux semaines pour les rassembler et pour les amener sur votre bateau. En même temps, vous requerrez discrètement son aide pour vous livrer Mergui — en échange de l'abandon des poursuites liées à ses infractions passées et d'un sauf-conduit pour que lui et ses camarades puissent rentrer en Angleterre.
    — Et s'il refuse de coopérer ?
    — Vous l'arrêterez, ainsi que Burnaby et tout Anglais refusant d'obéir à l'édit royal. Si sa réticence ne concerne que la remise de Mergui entre nos mains, vous le tiendrez occupé jusqu'à mon arrivée. J'ai quelques questions importantes à tirer au clair ici et je me rendrai ensuite moi-même, avec deux autres frégates, à Mergui pour y hisser l'Union Jack.
    — Si je puis me permettre, Votre Excellence, pour-quoi n'emmènerais-je pas une petite flotte avec mot maintenant ?
    — Pour deux raisons, capitaine. Premièrement, il faut qu'un délai raisonnable semble s'être écoulé avant que le Siam néglige de payer les dommages que nous avons réclamés pour ses actes de piraterie dans le golfe. Deuxièmement, Mergui est défendue par des navires de guerre siamois aux ordres de hors-la-loi anglais qui perdraient leur sang-froid s'i s voyaient une importante flotte s'approcher. Noi s ferions mieux d'essayer d'obtenir d'abord le soutk n et la connivence de White. Cela éviterait non seulement un affrontement sanglant avec les hommes de White mais réduirait également les risques d'une résistance de la population indigène contre nois. Avec la coopération de White, nous pourrions donner l'impression que nous sommes des alliés du Siam qui installons une garnison dans la ville pour la défendre contre une invasion française imminente. »
    Weltden acquiesça. « Je comprends, Votre Excellence.
    — Un bâtiment de guerre devrait suffire peur commencer,