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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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lieutenant Mason ? Vous viendrez avec moi ce soir, ainsi que Weld et Hoddy, pour présenter vos excuses au seigneur White. Espèce de crétin ! Maladroit ! J'avais déjà obtenu l'accord de White pour manœuvrer le Résolution. Exactement comme j'avais dis que je le ferais. Aviez-vous oublié ?
    — Je n'avais pas oublié, capitaine. J'ai simplement pensé que ce ne serait pas pour vous une priorité. Nous avons voté, et...
    — Vous avez fait quoi, Mason ? tonna Weltden. Ce n'est pas un parlement, ici, c'est la marine royale, la meilleure du monde, avec un système hiérarchique conçu pour que des subordonnés comme vous ne prennent pas de responsabilités qu'ils sont incapables d'assumer ! Vous êtes relevé de vos fonctions jusqu'à plus ample informé, Mason. Vous... »
    On frappa à la porte.
    « Qui est-ce ?
    — Je suis désolé de vous déranger, mon capitaine. C'est Malvern, l'officier de quart.
    — Oui?
    — Il y a un message du Résolution. Il vient d'être remis. J'ai pensé que c'était peut-être urgent.
    — D'accord, Malvern, apportez-le. »
    La porte de la cabine s'ouvrit précautionneusement : un jeune officier au visage rouge salua et tendit une lettre à Weltden qui en brisa le sceau. Il pâlit en la lisant.
    « Ce sera tout, Malvern.
    — Oui, mon capitaine. » Le jeune officier salua et tourna les talons.
    Weltden, qui retrouvait ses couleurs, lança un regard furieux à Mason.
    « Disparaissez, Mason ! Immédiatement ! »
    Mason haussa les épaules et partit. Weltden relut une fois de plus la lettre puis posa ses bras sur la table et y enfouit sa tête. Samuel White s'excusait de
    ne pas pouvoir voir le capitaine ce soir. Il était indisposé.
    Le Gaillard et ses six cents tonneaux remontaient la côte occidentale du Siam pour la dernière partie du voyage jusqu'à Mergui. Le capitaine Saint-Clair se tenait sur le gaillard d'arrière d'où il admirait le magnifique paysage. Le rivage était boisé et accidenté et, çà et là, des rubans de sable blanc mordaient sur le vert des forêts. Ils venaient de passer une belle île que l'on appelait Junkceylon ou encore Phuket, entourée de rochers qui jaillissaient de l'océan comme une armée de monolithes et d'une eau claire couleur de saphir. De temps à autre, des chapelets d'îles ponctuaient le rivage, avec des étendues de sable vierge miroitant sous la lumière du soleil. Ils se dirigeaient maintenant vers le nord, vers le groupe d'îles dont il avait retenu le nom exotique aperçu sur des cartes portugaises : les îles Badracan et Pulo-Tavay, au sud de Mergui. Le bois de leurs forêts épaisses avait la réputation de convenir à la construction des bateaux, et M. du Boullay avait demandé un rapport à ce sujet. Saint-Clair soupira. Si les îles ressemblaient un tant soit peu à Phuket, il n'aurait aucun mal à s'y attarder une fois que la province de Tenasserim aurait été proclamée territoire français et que le chef d'escadre de Vaudricourt serait installé comme gouverneur de Mergui.
    Saint-Clair avait fait bonne route. Les vents avaient été favorables. Le Gaillard avait quitté Songkhla il y avait exactement trois semaines et demie et, si les cartes portugaises étaient exactes, il devait atteindre Mergui dans quatre ou cinq jours, avec presque une semaine d'avance.
    Saint-Clair contempla de nouveau la côte luxuriante, s'émerveillant de la profusion de golfes et de criques avec par endroits une rivière sinueuse dont l'estuaire venait entailler le littoral. Puis il descendit faire son rapport au chef d'escadre. Le séjour à Bangkok, les fraîches brises marines et le calme des eaux côtières avaient fait merveille sur le moral des hommes, qui était excellent. Avec un peu de chance, il n'y aurait pas de bataille pour Mergui. L'impressionnante allure de son vaisseau de guerre, avec ses cin-quante-deux gueules de canon sortant de ses flancs, devrait décourager la garnison la plus déterminée.
    Saint-Clair priait pour que tout se passât pacifiquement. Car si Mergui avait autant de charme que le reste du Siam et que les habitants ne fussent pas hostiles, ce serait indubitablement l'affectation la plus agréable de sa carrière.
    La suite de Phaulkon passa la nuit sur le fleuve en face du minuscule hameau de Jelinga. Le chef local, bouleversé par l'honneur de recevoir le Pra Klang, avait insisté pour laisser à Phaulkon sa petite maison sur pilotis pendant que lui-même dormait par terre sous le plancher surélevé.

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