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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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obligatoirement un intervalle entre la première salve et les représailles, des moments cruciaux avant qu'ils n'aient accompli leur tâche et ne soient prêts à se replier dans les collines à l'abri des canons. Si l'ennemi restait à bord, il tirerait sur une ville désertée, et s'il s'aventurait à terre, il serait submergé par le nombre. De plus, les indigènes pourraient jeter leurs bouteilles explosives à une distance presque aussi grande et dans un but aussi meurtrier que ces terribles armes à feu farangs.
    Ce seraient les indigènes mêmes que le Shahbandar avait entraînés à défendre la ville, ceux qu'il croyait être de son côté, qui se retourneraient contre lui. C'étaient les Birmanes qui avaient réussi ce coup, aidées en cela par les rumeurs, dont le moindre indigène avait eu vent, qui couraient sur le Shahbandar et le capitaine anglais : les deux compères passaient toutes leurs nuits ensemble à faire la noce jusqu'à l'aube. Ces filles de joie, régulièrement convoquées au domicile du Shahbandar, avaient confirmé que les deux hommes étaient en termes des plus amicaux et se plongeaient ensemble dans la lecture des cartes de la région. Poussée un peu par Selim, l'une d'elles, moins timide, avait divulgué qu'avec ses compagnes elles avaient reçu l'ordre de se coucher nues dans les différents recoins de la pièce, chaque fille représentant un haut lieu de la ville. On l'avait personnellement désignée comme la forteresse et les deux hommes s'étaient attaqués à elle en même temps. Ils avaient ri à gorge déployée, prétendant donner l'assaut à ses contreforts et escalader ses remparts. Ce détail grivois, grossi à force d'être raconté, finit de convaincre la population indigène que les deux hommes étaient vraiment de mèche. Il se répandit comme une traînée de poudre, et les rires bruyants qui s'échappaient la nuit de la maison du Shahbandar permirent de le confirmer.
    Comme il était agité ce soir, malgré son épuisement ! Il avait fait l'aller et retour jusqu'à Tenasse-rim, douze heures de voyage, sans presque prendre de repos. Mais maintenant au moins toutes les issues étaient bien gardées. Ses frères pusillanimes du conseil avaient enfin accepté de prendre des mesures concrètes. Avec leur autorisation écrite, il avait pu faire couper la route menant à Ayuthia. Un gros cordage de chanvre barrait le fleuve au-delà de Tenas-serim et deux postes de sentinelles, dotés chacun d'une douzaine d'hommes armés, avaient été installés de chaque côté du fleuve. Tous ceux qui se rendaient à Ayuthia, ou en venaient, seraient désormais arrêtés et fouillés, et personne ne serait autorisé à passer sans une très bonne raison. Le Shahbandar et ses camarades ne pourraient pas envoyer de faux rapports à Ayuthia, ni les farangs qui auraient par miracle échappé au massacre s'enfuir dans cette direction.
    Selim se coucha sur le côté et essaya une nouvelle fois de trouver le sommeil.
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    « Pourquoi diable avez-vous fait ça, Mason ? Etes-vous devenu fou ? Vous rendez-vous compte que vous avez peut-être saboté des négociations extrêmement délicates ? » Weltden était blême. « Je vous traduirai en cour martiale pour cela, je vous le promets ! Et quittez ce petit sourire satisfait avant que je ne prenne la loi en main. » Us se trouvaient dans la cabine du capitaine et les poings de Weltden étaient toujours serrés, comme ils l'avaient été depuis le début de l'entretien.
    Mason avait volontiers reconnu que lui et deux jeunes officiers répondant aux noms de Weld et Hoddy avaient pris douze hommes avec eux pour monter à l'abordage du Résolution, pistolet au poing. Ils s'étaient emparés du navire au nom du roi Jacques d'Angleterre. Le capitaine, semblait-il, était à terre et l'équipage avait été pris au dépourvu au point de n'opposer aucune résistance. Us avaient été obligés de lever l'ancre et de traverser la barre pour s'amarrer bord à bord avec le Curtana. Dès que Mason et ses hommes furent de retour sur le Curtana, l'officier de service s'était rendu à terre pour chercher des instructions auprès de White. Weltden se rappela en effet avoir vu un canot gagner le rivage alors que lui-même regagnait le Curtana.
    « Eh bien ! Mason, n'avez-vous rien à dire pour votre défense ?
    — Non, mon capitaine, j'ai fait ce que j'ai cru juste. »
    Weltden tapa du poing sur la table.
    « Qui est-ce qui commande ici, à votre avis,

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