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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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ration dérisoire qu'il avait reçue. Le tigre continuait de le fixer, plein d'espoir. Manifestement, il considérait qu'il n'avait eu qu'un amuse-gueule. Comment expliquer que la suite pourrait mettre un certain temps à venir ?
    Ivatt battit en retraite vers la paroi de la fosse et s'affaissa. Il resta longtemps à écouter les grondements de la bête et à dormir par à-coups.
    Quand la nuit tomba enfin sur la journée la plus interminable et la plus contemplative de sa vie, il somnola plus longuement. Mais, à mesure que la nuit avançait, la colère grandissante du tigre le maintenait éveillé, et quand, à l'aube, un autre morceau de viande atterrit dans la fosse, Ivatt se demanda s'il valait la peine de faire des sacrifices supplémentaires. L'ingrat félin se rendrait-il compte qu'Ivatt lui donnait ses rations de survie ? Son farouche feulement le décida, et il lança la viande dans la cage. Le tigre s'en empara avec férocité. Il se lécha de nouveau les babines, attendant la suite.
    Ivatt passa une autre journée à somnoler par intermittences, à s'affaiblir, à se désespérer. La troisième nuit, il fit des cauchemars épouvantables. Il souffrit mille morts, toutes dans les griffes du tigre, et se réveilla en hurlant, le visage et le corps trempés de sueur. Il se tâta les mains, les doigts de pied et l'entrejambe, surpris de les trouver encore intacts. Il commençait à délirer.
    Il s'assoupit de nouveau et fut réveillé par le plus effrayant, le plus prolongé des feulements. Il ouvrit les yeux et entraperçut le morceau de viande à ses pieds. C'était l'aube, une fois de plus. Péniblement, il se força à se mettre à genoux et ramassa le morceau. Le râlement allait crescendo. Il se traîna sur les genoux et envoya la viande en direction de la cage. Il n'avait plus qu'un souhait désormais : s'endormir pour ne plus se réveiller. Ses sens engourdis étaient hantés par une seule terreur : être dévoré vivant pendant qu'il était encore conscient. Il commença à regagner l'endroit où il se reposait, mais un feulement assourdissant le fit s'arrêter net. Il lança un regard autour de lui et vit que le morceau de viande avait manqué la cage de peu. Le tigre tendait désespérément la patte et faisait des efforts frénétiques pour l'attraper.
    Malade de peur et d'épuisement, il retourna vers la cage. Le vacarme de la bête hurlante lui faisait mal aux oreilles. Il se baissa et ramassa la viande avec soin. Il sentit l'haleine fétide de l'animal sur son visage. Avec le peu de force, qui lui restait, il lança la viande aussi loin qu'il le put. A sa grande horreur, il la vit voler au-dessus de la cage et atterrir de l'autre côté, hors de portée de la bête exaspérée.
    Il s'écroula au pied de la cage et perdit connaissance.
    14
    Le soir suivant le banquet, Phaulkon retourna à Ayuthia en compagnie d'un officier supérieur français, le commandant Beauchamp, et de la garde du corps royale composée de cinquante soldats d'élite de l'armée française. Il les hébergea tous dans son palais avec l'intention de les recevoir somptueusement jusqu'à ce que Sa Majesté elle-même se déclarât prête à les recevoir. Par égard pour le protocole, cela se produirait sans doute une fois que l'ambassadeur La Loubère aurait été reçu en audience. Ce dernier restait à bord de L'Oiseau tandis que l'on mettait la dernière main à la maison d'hôte. Il l'avait déjà visitée une fois et avait été vivement impressionné. Elle était meublée de tapis persans, de paravents en laque de Chine, de cabinets laqués et, dans la salle à manger, d'une table et de chaises de style européen. Trois chambres spacieuses contenaient des lits bas en rotin. Celle de La Loubère était un peu plus large que les deux autres, ainsi qu'il seyait à son rang ; une fois de plus, Phaulkon avait remarqué combien l'ambassadeur était satisfait de voir observer un point de protocole si important. Une nuée de serviteurs se tenaient prêts à exaucer le moindre désir des visiteurs dès qu'ils auraient débarqué.
    Phaulkon se dirigeait vers le Grand Palais pour faire part à Sa Majesté des derniers événements survenus à Bangkok. Bien qu'il fût arrivé à la salle d'audience un peu en avance, il fut surpris d'y trouver le roi qui l'attendait déjà. Il se prosterna sur-le-champ.
    « Haut et Puissant Seigneur, moi, votre esclave, je désire prendre votre parole royale pour la placer sur mon cerveau et sur ma

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