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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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d'apparat. En entrant dans la maison des invités, ils se prosternèrent devant la lettre de Louis XTV qui, en attendant d'être remise au roi, reposait sur un vase d'or dans le vestibule. Ils restèrent dans cette position jusqu'à l'arrivée de La Loubère qui enleva le vase de son piédestal en prenant bien soin de ne pas toucher la lettre. Ce n'était pas pour rien qu'on l'avait nommé diplomate de haut rang. Il tendit le vase à un officier français qui le transporta de la même façon jusqu'aux barques qui attendaient.
    A sa grande surprise et à sa non moins grande déception, La Loubère se vit barrer poliment l'accès lorsqu'il essaya d'embarquer à la suite de la lettre sur
    la barque principale qui brillait de tous ses feux. En effet ce n était autre que la barque personnelle du Seigneur de la Vie, envoyée en gage d'estime spéciale pour transporter la parole royale de son frère le roi de France. Seule la lettre, haut placée sur un trône d'or au centre de la barque magnifiquement décorée et entourée d'esclaves prosternés, pouvait y voyager.
    La Loubère examina la barque et ne dissimula pas — un respect mêlé de crainte. Elle ne faisait pas partie du cortège précédent. Sa proue et sa poupe s'élançaient vers le ciel en épousant la forme d'un animal ou d'un oiseau mythique — il ne savait pas au juste — et l'estrade elle-même était surmontée d'ombrelles écarlates et dorées disposés en gradins, seize en tout. Au sommet du trône, au centre, un sceptre en or massif se dressait telle la corne sculptée d'une licorne. La moitié inférieure de l'estrade était entourée de beaux panneaux gravés. Cent vingt rameurs vêtus d'écarlate faisaient reposer leurs avirons dorés sur le flanc de la barque sculpté et peint de motifs siamois. A l'avant de la barque, sur un mât doré dont le sommet arrivait au niveau de la couronne de l'estrade, flottait la flamme royale.
    On conduisit poliment La Loubère vers une deuxième barque qui n'était pas tout à fait aussi décorée que celle qui transportait la lettre. Il fut cependant quelque peu rasséréné de découvrir qu'on escortait Desfarges et Cébéret vers des barques encore plus petites.
    Le magnifique cortège entreprit de remonter le fleuve, et l'ambassadeur fut une fois de plus étonné d'observer les centaines de milliers d'autochtones prosternés sur les berges. La procession paraissait au moins aussi longue que la précédente, car bien que l'armée française ne fût pas présente cette fois, ses rangs semblaient avoir été remplacés par une armée de mandarins siamois qui avaient tous revêtu leurs plus beaux atours et portaient leur boîte à bétel ainsi
    que leurs armes d'honneur : épée, cimeterre ou lance.
    Au débarcadère royal attendait un splendide chariot doré. Mais, une fois de plus, La Loubère découvrit qu'il n'était destiné qu'au transport de la lettre royale. Lui-même prit place dans un palanquin finement sculpté derrière le chariot royal qui était à la fois tiré par des chevaux et poussé par des hommes. Le cortège était, de bout en bout, accompagné de musique : trompettes, cornemuses, cymbales et cors — une marque d'estime spéciale, comme il l'apprit par la suite. Du débarcadère jusqu'à la porte principale du Grand Palais, le trajet tout entier était bordé d'éléphants montés par des hommes prosternés sur leur palanquin.
    Passant la porte principale de part et d'autre de laquelle était prosternée une multitude de gardes, le cortège pénétra dans l'enceinte du palais en traversant une série de cours. Dans la première, deux mille soldats étaient assis à terre, par rangs de cinquante, la tête et le torse inclinés. En face d'eux étaient alignés cinquante éléphants harnachés pour la guerre. Dans la deuxième cour, ils rencontrèrent plusieurs dizaines de cavaliers maures parés de bijoux et armés de lances
    A mesure qu'ils traversaient les cours, les harnais des animaux et les vêtements des soldats devenaient plus somptueux et plus décorés. Dans la quatrième cour, ils trouvèrent les Bras-Rouges, un corps d'élite qui ramait sur les barques royales. Ils portaient leur épée d'or et avaient les bras peints en rouge. Partout les soldats étaient soit assis par terre, soit accroupis, car il était interdit de se tenir debout dans le palais sauf pour marcher. A mesure qu'ils avançaient, les cours se couvraient de tapis persans sur lesquels étaient prosternés des

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