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L'épopée des Gaulois

L'épopée des Gaulois

Titel: L'épopée des Gaulois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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encore de beaux jours devant nous et que nos descendants pourront plus tard se glorifier d’être les héritiers d’une tribu qui ne s’est pas laissé abattre par un mauvais destin.
    « Je vous guiderai, soyez-en sûrs, je vous indiquerai par quels chemins nous éviterons les dangers, dans quels asiles nous pourrons nous réfugier en cas de nécessité. Mais je ne suis qu’un vieillard et la faiblesse inhérente à mon âge m’empêche d’être votre chef. C’est à vous de confier le commandement de notre troupe à un homme capable de la défendre. Mais je ne saurais mieux vous proposer que Garganos, le neveu de notre roi. Il est jeune, il est fort, il est audacieux. Prenez-le pour chef, je vous garantis qu’il sera le meilleur rempart contre l’adversité d’où qu’elle surgisse.
    Ce fut un cri unanime parmi les hommes qui étaient présents.
    — Tu as raison, ô druide ! dirent-ils. Que Garganos soit notre chef et nous protège. Nous lui faisons confiance comme nous nous fions à toi-même pour ta sagesse et ta connaissance des choses de ce monde.
    Ils se mirent à chercher, le long de la colline, toutes les épaves qui s’échouaient contre les rochers. Il y avait beaucoup de débris, des cadavres d’animaux, des cadavres d’hommes et de femmes qu’ils rassemblèrent et dissimulèrent sous des tertres de pierres. On retrouva deux chars intacts et quelques-uns qui étaient en mauvais état mais qu’on s’efforça de réparer avec les moyens dont on disposait. D’autres recueillirent des vaches et des chevaux qui avaient échappé à la submersion et qui erraient un peu partout sur les landes. Les femmes recueillirent précieusement les boucliers et les lances qui flottaient entre deux eaux et les mirent en tas au sommet de la colline. Quelques-uns s’éloignèrent dans l’espoir de trouver du gibier et lorsqu’ils revinrent, on s’aperçut qu’il y avait de quoi nourrir la troupe ce soir-là. Et surtout, on s’efforça de mettre de côté, dans un des chars préservés, tout ce qu’on avait pu récupérer de chaudrons et de pots.
    Le ciel s’était maintenant complètement dégagé et le soleil réchauffait tant soit peu les malheureux rescapés de la catastrophe. Garganos se dépensait sans compter et, sa force colossale aidant, il réussit à tirer à lui seul un char presque intact de l’eau où il s’engloutissait lentement. Et, au moment où le soleil était très bas à l’horizon, on vint lui dire qu’on avait retrouvé, échoué sur le nouveau rivage, le corps de son oncle, le roi Épomaros.
    — Eh bien ! laissez-le où il est ! s’écria-t-il. Que les crabes le dévorent ! Il est responsable de tout ce qui nous est arrivé et il est juste qu’il n’ait point de sépulture !
    — Non pas, dit Vissurix qui se trouvait non loin de lui. Quels que soient les torts d’Épomaros, c’était notre roi et il est digne de recevoir les honneurs funèbres. Nos coutumes sont formelles sur ce point : le roi n’est rien sans son druide, mais le druide n’est rien sans son roi. J’ai été le druide du roi Épomaros et en tant que druide j’exige que cet homme, qui avait des défauts mais qui s’est montré un bon roi, soit enterré selon nos lois et avec le rituel qui convient à son rang.
    Personne n’osa contredire le druide. À contrecœur, les hommes hissèrent le corps du roi Épomaros sur le sommet de la colline, on dressa sur lui un tertre de pierres, on planta un pilier à peine dégrossi auprès du tertre, et Vissurix chanta une psalmodie funèbre dans laquelle il célébra les mérites du roi défunt et fit part de son émotion devant la mort de celui qui, jusque-là, les avait tous régis dans le respect des coutumes ancestrales.
    Quand cette cérémonie fut achevée, il faisait presque nuit. Le druide dit alors à l’ensemble des rescapés :
    — Restaurez-vous et dormez. Vous avez tous besoin de vous réconforter et de vous reposer. Rappelez-vous qu’il nous faudra partir demain matin, et qu’à ce moment-là, je ferai appel à toute votre énergie.
    La nuit fut d’un calme étonnant. Le ciel était dégagé et l’on pouvait voir les étoiles. Il n’y avait pas un souffle de vent. Ceux qui s’endormaient se demandaient s’ils n’avaient pas fait un mauvais rêve la nuit précédente. Et quand le soleil parut le lendemain matin, tous se préparèrent au grand départ. Ils remplirent les chars des objets les plus divers qu’ils avaient pu

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