Les 186 marches
gouvernement français céda au comité international cent camions pour lesquels le « War Refugee Board » fournit l’essence nécessaire et le gouvernement allemand des chauffeurs canadiens prisonniers de guerre.
– Mettant à profit les dispositions plus favorables des autorités allemandes et la possibilité offerte soudainement par une situation militaire toute nouvelle, le président du comité international de la Croix-Rouge, M. Carl J. Burckhardt, se rendit en Allemagne plaider à nouveau la cause des détenus des camps de concentration. Le 16 mars 1945, il obtenait du général des S. S. Kaltenbrunner d’importants accords généraux, dans le sens suivant :
– Outre des dispositions relatives au ravitaillement des prisonniers de guerre, des mesures d’une importance capitale étaient décidées en faveur des détenus des camps de concentration : le comité international était autorisé à leur distribuer des colis de vivres ; un délégué du comité serait installé dans chaque camp à condition qu’il s’engage à y demeurer jusqu’à la fin des hostilités ; un échange global des détenus français et belges contre les internés civils allemands en France et en Belgique était prévu et, en attendant sa réalisation, le comité avait la faculté de rapatrier les enfants, femmes et vieillards des camps de concentration, de même que des déportés israélites, notamment ceux de Theresienstadt. Pour la première fois, les camps de concentration étaient donc ouverts aux délégués du comité international.
– Sans perdre un instant, les colonnes de camions du comité international peints en blanc, se mirent en route – véritables « anges sauveurs », comme les nommaient ceux qui les voyaient arriver. Voyageant de jour et de nuit, sur des routes défoncées, franchissant, en dépit de tous les obstacles, des zones où la bataille faisait rage, elles apportèrent des vivres dans les camps de concentration et en distribuèrent sur les routes même, aux flots de prisonniers et de détenus évadés ou évacués, qui tous, se trouvaient dans une détresse physique indicible.
A Mauthausen, bien évidemment, les déportés français et belges ignorent ces différentes rencontres et qu’ils sont, au lendemain de ce 16 mars 1945, en « attente de liberté ». Cette liberté que les responsables nationaux et internationaux sont prêts à recouvrer… les armes à la main.
– La seule chance de salut, si minuscule fût-elle, ne pouvait naître que d’une action collective : partir, un jour, à l’assaut des murailles, attaquer les 3 000 S. S. qui gardaient le camp, s’emparer de leurs armes et joindre le front le plus proche ou les partisans de Tito, en Yougoslavie.
– Sans doute, l’issue était incertaine ; des milliers des nôtres tomberaient ; tous peut-être ; mais nous mourrions en combattant, en luttant jusqu’au bout et non dans la chambre à gaz, ou pendus, ou épuisés par le travail, les sévices, la faim.
– Parviendrait-on à s’organiser, à relever le moral de vingt ou trente mille détenus terrorisés, affamés, affaiblis ? Où trouver les hommes sûrs, fermes, dévoués jusqu’au sacrifice suprême ?
– Tâche dangereuse, quasi impossible. Entre autres difficultés, il y avait le fait que les détenus appartenaient à une vingtaine de nationalités différentes. Outre la disparité des langues et des caractères, il y avait des dangers permanents : les bavardages, la pusillanimité, la peur, la trahison. Tous les déportés n’étaient pas des résistants ou des antifascistes ; il existait des détenus de droit commun, allemands ou polonais pour la plupart, et parmi eux des nazis pires que les S. S. ; d’autres avaient été pris dans une rafle ou pour marché noir, et sans aucune volonté de lutte. Il y avait aussi de très braves gens, mais qui appartenaient à un autre univers, qui prêchaient la résignation ; des curés, des popes, des aristocrates – pas tous, mais la majorité tout de même. Il y eut même des officiers supérieurs oui qualifièrent de folie toute préparation militaire et démontrèrent que l’unique résultat ne pouvait être qu’un échec immédiat et l’extermination totale.
– Au début, pour garder le secret et en raison des contacts limités, il y avait de tout petits groupes de combat formés de cadres sûrs, éprouvés, anciens officiers, sous-officiers ou partisans, destinés à encadrer des
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