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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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employé à la cuisine des S. S. s’emparait du sucre (celui de l’armurerie des munitions, ou celui du garage de l’essence), puis il devait le remettre à un camarade travaillant à la construction, celui-ci à son tour le donnait aux compagnons employés comme ordonnancés des S. S., et ces derniers guettaient le passage du groupe « Julio » pour plonger le paquet dans un des bouteillons contenant la soupe des cochons, tout en marchant à leur côté, pendant quelques mètres. L’« affaire » était menée avec la rapidité d’un éclair pour éviter d’être surpris par les S. S… Après c’était à nos amis du groupe de faire face aux S. S., et c’est là que la sagacité de Julio entrait en action. Il connaissait les habitudes des officiers du contrôle et presque à coup sûr, le moment et surtout le bouteillon qui serait contrôlé, ainsi que, parfois, la manière de ne pas subir de contrôle du tout. Et pour finir, il fallait avoir l’accord de Don Julio, le père, qui recevait les déchets pour les cochons : celui-ci (adversaire acharné des marxistes) n’ignorait pas que c’étaient les communistes les dirigeants principaux de l’organisation clandestine, mais pas une seule fois il ne fit des objections ou des réserves, participant et suivant, à la lettre, les ordres qui lui étaient donnés par ses « adversaires marxistes ».
    Notre ami Azaustre, chargé par Ziereis du nettoyage de son bureau, tous les matins, réussit à s’emparer d’un poste de radio récepteur de l’armée allemande qui se trouvait dans une des pièces de la kommandantur. Ce récepteur mesurait environ 40 centimètres de long, 30 centimètres de large, et 20 centimètres de haut. Il le prit et le garda caché sous un tas de papiers, attendant le moment propice pour l’introduire à l’intérieur du camp. Tout fut réglé et préparé : le groupe « Julio » s’arrêta avec les bouteillons de soupe pour les cochons au coin de la kommandantur où quatre guetteurs étaient placés pour l’avertir en cas de danger. Julio et Mariano prirent un bouteillon et pénétrèrent dans le couloir donnant accès aux bureaux, où attendait Azaustre qui glissa à l’intérieur le récepteur. Avec le poste au fond de la marmite, ils regagnèrent leur groupe au grand étonnement des S. S. rencontrés qui se demandèrent sans doute, ce que pouvaient faire deux prisonniers avec un bouteillon dans les couloirs de la kommandantur. Le groupe pénétra dans l’enceinte intérieure,  sous les regards des officiers SS du contrôle, avec le précieux chargement qui servit les derniers jours de la guerre pour capter els nouvelles du front et des derniers points de résistance. Ce furent, comme tant d’autres, des combattants de l’ombre qui, simplement, accomplirent leur devoir... Ils eurent la chance, peut-être unique, de sortir vivants, tous trois, de Mauthausen...

LE MASSACRE DES TCHÈQUES
    LE phénomène a été noté dans l’ensemble des camps de concentration : les vagues de terreur déferlent rarement sur plusieurs nationalités à la fois. Il faut bien choisir dans cet échantillonnage des « basses castes », la race maudite à exterminer en toute priorité, quitte à revenir par la suite sur le « passé » des sursitaires. Si l’on excepte les Juifs, « hors caste » et « hors concours », les Tchèques de Mauthausen jouèrent de malchance. Par trois fois. D’abord dans les premiers mois de l’implantation du camp (mais n’était-ce pas le lot courant de tous les nouveaux arrivants ?), ensuite, en 1941, au lendemain de la proclamation de la loi martiale et la découverte d’importants réseaux de résistance, enfin en 1942 après l’attentat contre le « protecteur » Heydrich.
    Le docteur Milos Vitek, professeur à l’université Masaryk de Brno, et organisateur de la Résistance, devait faire partie de la « deuxième vague ».
    – Je fus arrêté et inculpé d’espionnage et de préparatifs de haute trahison pour avoir fourni aux services de renseignements alliés des informations sur l’industrie de guerre. Un grand nombre de professeurs et d’étudiants de notre université se retrouvèrent, également, au secret. Étant donné que Berlin souhaitait exploiter une affaire de cette importance en fabriquant un procès à sensation, notre groupe ne fut pas, à sa grande surprise, mené à l’échafaud mais remis aux mains de la Gestapo pour être interné. Comme la plupart de mes

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