Les 186 marches
poursuivis :
– 1. Les grandes recherches diététiques à Mauthausen et
– 2. l’alimentation à base de saucisse végétale biosynthétique (Schieber).
– Les premières ont été expressément ordonnées par le Reichsführer-S. S. et les secondes se poursuivent également à son instigation. A l’origine, le Reichsführer-S. S. voulait faire distribuer cette saucisse albuminée à tous les détenus ; mais comme l’affaire dans son ensemble n’est pas encore mûre pour une décision, j’ai ordonné par prudence, de n’alimenter d’abord que cent détenus par ce procédé. Si d’autres expériences que celles sus-nommées sont menées dans le ressort du médecin en chef de la S. S., je vous demande de me le signaler afin que je puisse faire procéder à une enquête.
– En outre, le médecin en chef de la S. S. a été tenu personnellement au courant des expériences dans ce domaine par l’inspecteur de la diététique, le S. S. Sturmbannführer, professeur docteur Schenck. Elles sont placées sous sa haute direction et seront donc poursuivies par le médecin de l’endroit en collaboration avec le médecin-chef du camp.
Meilleures salutations.
Heil Hitler !
Votre Pohl
S. S. -Obergruppenführer et général de la Waffen-S. S.
Himmler et Pohl n’étaient pas les seuls à se passionner pour ce genre d’expérimentations : les différentes armées s’adressaient au responsable de la médecine allemande, le docteur Karl Brandt qui… transmettait à la S. S.
Le 7 février 1947, au procès des médecins allemands, le procureur Marc Haney tendait à Karl Brandt (qui ne se souvenait pas d’avoir réclamé des détenus pour tester nourriture et médicaments) la lettre suivante :
« Cher Obergruppenführer (Wolf),
– Ayant reçu un matériel considérable dans le domaine de la nourriture destinée à un secteur comme la forteresse de Stalingrad, est-il possible de réaliser ces expériences de nutrition dans les camps de concentration ?
Signé : Karl Brandt.
Dans le box des accusés, Karl Brandt pâlit :
– Wolf était l’officier de liaison auprès des S. S. ; il s’agissait de nourriture concentrée à parachuter dans certaines régions de Russie. On discutait sur la façon d’incorporer les matières grasses et les protéines ; après Stalingrad, nous ne savions plus très bien quelle était la forme la plus indiquée. Après avoir informé le Führer de ces discussions, je transmis cet ordre et je ne sais si ces expériences furent effectuées. Elles étaient importantes pour nous, mais pas du tout dangereuses : les rations contenaient deux fois ou davantage le nombre de calories requis, et ceux qui les prenaient ne couraient aucun danger. Il s’agissait d’apporter un grand nombre de calories, trois mille cinq cents je crois, sous la plus petite forme possible. Nous désirions essayer la composition de ces substances nutritives pour savoir ce qui serait le plus agréable et le plus facilement digéré ; mais surtout nous désirions savoir la forme de nourriture la plus capable de permettre aux soldats d’exécuter leur devoir.
★ ★
Ces expériences de type « Himmler » ou « Brandt », qui n’ont rien de comparable avec « l’inhumanité des expériences réalisées par les Médecins Maudits », provoquèrent à Mauthausen plusieurs décès. Le témoignage du journaliste Paul Tillard rejoint celui de l’écrivain Jean Laffitte. Tous deux déportés à Mauthausen ont goûté aux plats spéciaux servis aux prisonniers choisis du block 16.
[NOTE : Le block 16, édifié juste en face du krematorium, était entouré d’une enceinte spéciale et isolé dur este du camp. Nous n’en sortirons que pour nous rendre au travail qui, pour nous, s’effectuait à la carrière et dans les kommandos les plus durs. Tout le reste du temps nous étions soumis au régime de la quarantaine, y compris pendant la durée des appels. Privés de lits , entassés les uns à côté des autres, nous faisions l’objet de brimades permanentes (contrôles de toutes sortes, gymnastiques à coups de schlague, douches glacées, etc.) qui, pratiquement, nous interdisaient le repos.
– Les « expériences » pratiquées sur nous portaient sur un régime spécial d’alimentation dont on essayait les effets sur l’organisme humain. Cette nourriture se présentait sous la forme de bouillies. Elles se composaient, pour autant que nous pûmes en déceler l’origine, de
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