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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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pour trahir la Ville. Le Prévost dit : Jehan, vous mentez ; Jehan respondi : mais fous Estienne mentez : et tantost féry sur luy et dist à ses gens, à la mort, à la mort ; chascun frappe de son xosté, car ils sont traistres. Là y eut grand hutin, et s’en feust voulentiers fuy le Prévost, mais Jehan le frappa d’une hache sur la teste ; si l’abbatit à terre, quoyqu’il fust son compère, et ne s’en partit tant qu’il l’eut occis et jix de ceux qui là estoient ; et furent les autres menez en prison (361) .
    Maillart et les siens marchent ensuite vers la porte saint-Honoré, où ils trouvèrent un grand nombre de partisans de Marcel : ils égorgent ceux qui essayent le se mettre en défense, et dispersent les autres en différentes prisons. Le lendemain matin, Maillart ayant rassemblé aux Halles la plus grande partie de la communauté de Paris, expose publiquement les raisons qui l’ont engagé à tuer Marcel : les complices du Prévôt sont mis à mort, et Maillart, après avoir rétabli le calme dans la capitale, envoie Simon, son frère, et deux maistres du Parlement, maistre Jehan Alphons et maistre Jehan Pastourel prier le Régent, qui se tenait à Charenton, de rentrer dans Paris. Le prince se rend à leurs instances et vient loger au Louvre.
    Telle est la narration de Froissart. Je demande l’abord si le silence absolu, tant de Villani que du Continuateur de Nangis sur la personne de Maillart, et à réticence des chroniqueurs de Saint-Denis, sur les suites de sa querelle avec le Prévôt, ne rendent pas au moins suspecte l’exactitude du dernier récit. Je : remarque de plus que, dans le grand nombre de pièces, du Trésor des Chartres relatives aux troubles dont le royaume fut agité à cette époque, il n’y en a pas une seule qui renferme un mot à la louange de Maillart tandis que plusieurs de ces mêmes pièces contiennent les éloges de citoyens de tout rang et de tout état, nobles et bourgeois (362) qui s’étaient distingués par leur zèle et leur fidélité, et dont néanmoins aucun n’avait rendu un service aussi important que celui qu’on attribue à Maillart. L’omission de son nom dans la liste des bourgeois fidèles, n’ajoute-t-elle pas au soupçon que fait naître le silence des autres monuments. Cependant, il ne résulte de ces réflexions qu’un argument négatif, qui seul ne balancerait pas le témoignage précis d’un contemporain : je vais tâcher de fortifier cet argument par des observations qui me paraissent du plus grand poids.
    On a dû remarquer que la narration de Froissart a pour base la fidélité et l’attachement inébranlables de Maillart au roi et au Dauphin : inspira Dieu, dit-il, aucuns des bourgeois de Paris qui toujours avoient esté de l’accort du duc (de Normandie) c’est assavoir Jehan Maillart, Simon son frère, etc. Mais s’il est prouvé que Maillart n’a point mérité d’être mis au rang des bourgeois de Paris qui furent toujours de l’accord du duc de Normandie ; s’il est prouvé qu’il avait, au contraire, toujours été de l’accord de Marcel et l’un de ses plus zélés partisans, qu’il l’était encore au mois de juillet 1358, peu de jours avant la mort du Prévôt, et le jour même de cette mort arrivée le 31 juillet, que doit-on penser du récit de l’Historien ? Or, ces supposions se trouvent converties en un fait certain, par une pièce du Trésor des Chartes (363) dont l’authenticité ne peut-être suspecte. Ce sont les lettres du Régent, datées le l’ost devant Paris, au mois de juillet 1358, par lesquelles il donne au comte de Porcien (Jean de Châtillon), pour lui et ses héritiers à perpétuité, en considération des services qu’il avait rendus et qu’il ne cessait de rendre au Roi et à lui, cinq cents livres de revenu, en rente ou en terre, à prendre sur tous les biens qu’avait possédés Jean Maillart dans le comté de Dammartin et ailleurs, et qui avaient été confisqués sur ledit Maillart, pour ce que , dit le Régent, il a esté et si rebelle, ennemi et adversaire de la Couronne de France, de Monseigneur et de nous, et se arme en la compaignie du Prévost des Marchans, Eschevins et bourgeois de la Ville de Paris, rebelles et adversaires de ladite Couronne, de nostredit Seigneur et de nous, ne commettant crime de lèze-majesté Royale , etc.
    Si cette pièce laissait subsister quelques doutes sur inexactitude de la narration de Froissart, j’espère les dissiper en

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