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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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Sarkozy faisait du vélo, le journaliste interpella le chef de l’État en posant la question, récurrente, du secret, de l’opacité – de l’omerta –, qui entoure, depuis l’aube de la V e  République, l’état de santé du locataire de l’Élysée : cet homme au sujet duquel courent régulièrement toutes les rumeurs et dont les bilans médicaux sont enfouis sous une épaisse chape.
    Et la foudre s’abattit, à la mi-septembre de cette même année. Lors d’un déjeuner à l’Élysée, en présence d’une brochette de patrons de presse et d’éditorialistes de la presse française, Christophe Barbier se vit passer un savon mémorable. Passés les formules de politesse et autres zakouskis, le ton se fit dur. Et tout ce qui s’ensuivit fut un massacre. Néron baissa le pouce et exécuta d’une tirade au vitriol celui qui avait osé émettre l’hypothèse d’un président fragile et petit : non plus de taille, mais du cœur cette fois-ci. « Jamais de toute ma carrière, je n’ai assisté à un numéro aussi humiliant », dira, pantois, l’éditorialiste politique de RTL, Alain Duhamel, qui participa à ce déjeuner. Une fois la bourrasque passée et le repas terminé, Nicolas Sarkozy, tapi derrière un sourire contraint, lança à Christophe Barbier, qu’il prit par l’épaule en le raccompagnant à la porte : « Allez, sans rancune, Christophe ! » Sarkozy, ce malin petit homme qui s’amuse à rabaisser ses contemporains pour se sentir plus grand… Dans d’autres pays, ce patron de presse eût été embastillé pour un tel outrage : Nicolas Sarkozy se contenta du ban, où Christophe Barbier fut mis le temps que la colère du président se tasse : de longs mois d’interdiction de visite à l’Élysée.
    C’est en mariant Cécilia et l’animateur Jacques Martin, à la mairie de Neuilly, que Nicolas Sarkozy serait tombé amoureux de « la femme de ses rêves ». Lumineuse, elle crocheta sans difficulté la serrure de celui qui lui ouvrit sa vie. Pour lui, elle quitta son mari. Pour lui, elle s’engagea à corps perdu dans la politique, dont elle respira les rudes parfums. Pour lui, encore, elle s’encagea dans les palais engoncés de la République, au milieu d’une armée de courtisans aux cols blancs et à la mine grise. Pour lui, enfin, corrodée par les défoliants d’un monde politique où elle manqua se faner, elle prit congé de sa jeunesse et de sa joie de vivre.
    Première dame ? « Ça me rase », sifflait-elle à la face de ses amies qui la voyaient s’éloigner à grandes enjambées du trône et de l’homme qui l’espérait. « Nicolas » et l’Élysée faisaient une noce impossible au regard de celle qui disparut au soir du second tour de l’élection présidentielle, claquemurée dans les étages du Fouquet’s, à l’abandon. Le 18 octobre 2007, à 7 heures du matin, le couple élyséen, ou ce qu’il en restait, annonça sa séparation par consentement mutuel, via un communiqué du Château. Et un peu plus tard dans la matinée, une seconde dépêche de l’Élysée précisa que Cécilia et Nicolas étaient mariés « depuis le 23 octobre 1996 ». Comme si l’époux délaissé voulait rappeler, urbi et orbi , par ce post-scriptum , que celle qui s’en était allée avait partagé sa vie onze années durant : une éternité en politique.
    C’est là l’épilogue douloureux d’une passion qui dévora celui que les éclipses d’une épouse en pente douce plongèrent dans un profond état d’abattement. À d’autres moments, Nicolas Sarkozy alla noyer son chagrin de manière pathétique. Car si « la nuit du Fouquet’s » fut une veillée funèbre pour le vainqueur de l’élection présidentielle, malgré la liesse parisienne, certaines autres occasions, comme celle de l’université d’été de l’UMP à La Baule, en 2005, le virent offrir le triste spectacle d’un homme, ivre de désolation, s’agrippant au cou

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