Les Amazones de la République
dâautres, parmi ses consÅurs, avaient roulé à cÅur â comme à tombeau â ouvert, en direction de ce Palais, avant dây laisser une partie dâelles-mêmes ? Dâaucuns auraient dû prévenir ces malheureuses que, lorsque lâon quitte ce lieu, après avoir respiré son air frelaté et reçu lâonction du maître de maison, on nâen a pas plus de talent, dâintelligence ou de beauté. Reste seulement ce sentiment dâapesanteur qui vous envahit⦠Passées les grilles de lâÃlysée, direction la sortie, vous traversez alors la rue du Faubourg-Saint-Honoré, à pied sec, après quâune dernière lame vous a déposé, trempé dâextase et de gratitude. Et vous voilà tout le monde.
Quelques instants auparavant, un chauffeur de lâÃlysée était venu la chercher rue Bayard, devant les studios de RTL. Journaliste vedette de Canal +, Laurence Ferrari â puisquâil sâagit dâelle â, animait une fois par semaine « Le journal inattendu » de cette station. En sâengouffrant dans ce carrosse dâacier, orné dâune cocarde, elle nâavait pas vu le photographe, en planque, qui lâobservait du petit café situé juste en face de la radio : un paparazzi aux yeux de verre, rivés à ses téléobjectifs.
Chasseur dâimages de métier, ce reporter dâagence, spécialement « monté » de Nice, avait enfourché sa moto et pris en filature la berline élyséenne. Puis, il lâavait vu sâengouffrer, casque blond et lunettes noires, sous lâun des porches du Palais, rue Marigny : lâentrée des artistes. Deux heures durant, ce photographe â que lâauteur a rencontré â, avait fait les cent pas devant lâédifice. Avant de réenfourcher son engin à la réapparition de la journaliste, quâil avait ensuite suivie jusquâà son domicile, rue de Prony. Là où des voitures banalisées vinrent également la chercher, à quelques reprises, emmitouflée dans une parka, à deux pas du parc Monceau.
Ce petit manège, démarré à lâautomne 2007, dura plus dâun mois : trente jours durant lesquels ce photographe mitrailla la jeune femme sous toutes ses coutures. à poireauter des heures aux abords du Château, ce reporter en vint à sâinterroger, reprenant cette question lancinante qui occupait alors les déjeuners en ville du microcosme parisien : pourquoi tant de mystères ? à quoi rimaient ces parties de cache-cache ? Et que faisait à lâÃlysée, devenu son pied-à -terre, cette jeune joker des JT de 20 heures de TF1, dont la carrière semblait avoir épousé les pointillés de celle de Nicolas Sarkozy, avec ses hauts et ses bas ? Liens dâamitiés, relations de connivence, complicité ou plus encoreâ¦Â ? Perdu en supputations, le petit monde des médias et de la politique se livrait alors à son jeu favori, celui de la collecte des potins, traînant derrière lui, la mine entendue, des wagonnets de rumeurs invérifiables. Chacun y allait de son goupillon. Ici, des séances de jogging dans les jardins de lâÃlysée, en compagnie de son locataire ; là , des conversations à bâtons rompus dans le bureau présidentiel, autour dâun verre de Coca light. Les plus prolixes évoquaient même des séjours dans des ryads de Marrakech prêtés par le roi du Maroc. Toutes choses totalement fantasmagoriques et lunaires aux yeux dâune journaliste, qui balaya ces bruits dâun revers de main et dâune pluie de menaces procédurières. Hauteur de vue à maintenir et orgueil dâune aura à préserver : elle opta le plus souvent pour un dédain affiché.
Quand il était encore place Beauvau, Nicolas Sarkozy, qui la reçut au titre des fonctions quâelle occupait à Canal +, où elle animait le rendez-vous politique de la chaîne cryptée, « Dimanche + », lui lança, amusé : « Tout le monde est persuadé que lâon couche ensemble ! » Sa manière à lui de taquiner celle qui feignait alors, dans un grand éclat de rire, de sâétonner de cette rumeur qui galopait dans les rédactions, où les
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