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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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puissance de ses mots. Sarkozy ? Un homme-bolide au bagout de VRP, emmené par un moteur de formule 1. Capable de transformer un dîner aux chandelles en meeting de campagne, un compliment en un élixir aux vertus aphrodisiaques. Ou bien, encore, de ciseler les argumentaires les plus rodés à l’oreille de celles qui se délivraient, sans grande résistance, dans ses bras, sacrifiant pour les unes, leur couple, pour les autres, leur carrière, quand ce n’est pas les deux à la fois.
    Postulat de base : contrairement à Jacques Chirac ou François Mitterrand, Nicolas Sarkozy a toujours considéré qu’il était révoltant qu’un homme marié ait une maîtresse. Si, depuis ses premiers pas en politique, l’intéressé a souvent été regardé comme un collectionneur de jolies femmes, il n’est ni « l’homme à la rose », aux conquêtes simultanées et jetables, ni l’ancien soudard de la Ville de Paris, aux liaisons superposées et adultérines : quand Mitterrand et Chirac rivalisaient à distance, tableau de chasse à l’appui, Nicolas Sarkozy enchaînait des passions toutes exclusives, sans jouer de surenchères. Cet homme, qui a eu de nombreuses aventures, souvent épisodiques, n’a jamais entretenu de véritable liaison extraconjugale. Tous ses proches en témoignent : « Nicolas », leur ami, ne se vit bien qu’en couple, quand il est en parfaite harmonie avec son épouse du moment. Hier, Cécilia, aujourd’hui, Carla. Jacques Séguéla, dont il est un intime, dit de lui, en citant Moravia : «  La fidélité, c’est la virilité. Or chez Nicolas, les racines de la séduction, son socle, c’est cette fidélité indéfectible qu’il voue aux femmes qu’il aime. »
    Même gènes, même race ? Comme ses deux prédécesseurs, et depuis ses premiers pas à l’hôtel de ville de Neuilly, il prit pourtant souvent l’envie à ce dernier de tout dévorer, au hasard de ses prises. N’avait-il pas transformé, un temps, jeune homme, son QG de Neuilly en garçonnière, là où il se fit installer un matelas dans les sous-sols, quand il en était le maire célibataire et virevoltant ? Éduqué à bonne école, il avait vu un jour, gamin sur les bancs du RPR, Jacques Chirac et Bernard Pons qui jouaient des journalistes aux dés ! Il rit à ce spectacle, montrant ses petites dents d’enfant : des dents de lait qu’il aiguisa avec l’âge, laissant Chirac à ses jeux pubères, mais retenant de celui qu’il assassinera plus tard, politiquement, ses qualités de prédateur. Quand le calice intérieur déborde, Nicolas Sarkozy succombait alors aux charmes passagers d’une jeune femme – secrétaire ou journaliste –, qu’il harponnait (littéralement), au détour d’un entretien dans son bureau, d’un voyage en France, comme à l’étranger, ou encore, d’une réception dans les salons du ministère de l’Intérieur, place Beauvau. Comment auraient-elles pu lui résister ? C’eût été avouer qu’elles ne croyaient pas en lui, ni en son destin.
    Mais si ce héros d’épopée se découvrait parfois des mœurs de hussard avec des jeunes femmes qui avaient alors les plus grandes difficultés à tempérer ses emportements, on ne lui connut jamais une aventure construite en parallèle à sa vie conjugale. Seule la solitude – un état qui peut plonger l’homme dans une déprime d’une profondeur abyssale – ravivait chez lui de vieux réflexes datant de ses années passées à la tête de sa bonne ville de Neuilly. Dans les intermèdes de sa vie où il s’est retrouvé seul, l’ancien locataire de l’Élysée renoua ainsi avec de bonnes et solides mœurs machistes héritées de son célibat : un bourdon, là aussi, insatiable.
    Si bien que les salons aux portes capitonnées de la place Beauvau, au ministère de l’Intérieur, abritèrent parfois, dit-on, les ébats furtifs d’un ministre aussi expéditif que le fut, en son temps, le très boulimique Jacques Chirac. Car, si l’un comme l’autre se sont nourris d’idylles adolescentes,

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