Les Amazones de la République
puissance de ses mots. Sarkozy ? Un homme-bolide au bagout de VRP, emmené par un moteur de formule 1. Capable de transformer un dîner aux chandelles en meeting de campagne, un compliment en un élixir aux vertus aphrodisiaques. Ou bien, encore, de ciseler les argumentaires les plus rodés à lâoreille de celles qui se délivraient, sans grande résistance, dans ses bras, sacrifiant pour les unes, leur couple, pour les autres, leur carrière, quand ce nâest pas les deux à la fois.
Postulat de base : contrairement à Jacques Chirac ou François Mitterrand, Nicolas Sarkozy a toujours considéré quâil était révoltant quâun homme marié ait une maîtresse. Si, depuis ses premiers pas en politique, lâintéressé a souvent été regardé comme un collectionneur de jolies femmes, il nâest ni « lâhomme à la rose », aux conquêtes simultanées et jetables, ni lâancien soudard de la Ville de Paris, aux liaisons superposées et adultérines : quand Mitterrand et Chirac rivalisaient à distance, tableau de chasse à lâappui, Nicolas Sarkozy enchaînait des passions toutes exclusives, sans jouer de surenchères. Cet homme, qui a eu de nombreuses aventures, souvent épisodiques, nâa jamais entretenu de véritable liaison extraconjugale. Tous ses proches en témoignent : « Nicolas », leur ami, ne se vit bien quâen couple, quand il est en parfaite harmonie avec son épouse du moment. Hier, Cécilia, aujourdâhui, Carla. Jacques Séguéla, dont il est un intime, dit de lui, en citant Moravia : « La fidélité, câest la virilité. Or chez Nicolas, les racines de la séduction, son socle, câest cette fidélité indéfectible quâil voue aux femmes quâil aime. »
Même gènes, même race ? Comme ses deux prédécesseurs, et depuis ses premiers pas à lâhôtel de ville de Neuilly, il prit pourtant souvent lâenvie à ce dernier de tout dévorer, au hasard de ses prises. Nâavait-il pas transformé, un temps, jeune homme, son QG de Neuilly en garçonnière, là où il se fit installer un matelas dans les sous-sols, quand il en était le maire célibataire et virevoltant ? Ãduqué à bonne école, il avait vu un jour, gamin sur les bancs du RPR, Jacques Chirac et Bernard Pons qui jouaient des journalistes aux dés ! Il rit à ce spectacle, montrant ses petites dents dâenfant : des dents de lait quâil aiguisa avec lââge, laissant Chirac à ses jeux pubères, mais retenant de celui quâil assassinera plus tard, politiquement, ses qualités de prédateur. Quand le calice intérieur déborde, Nicolas Sarkozy succombait alors aux charmes passagers dâune jeune femme â secrétaire ou journaliste â, quâil harponnait (littéralement), au détour dâun entretien dans son bureau, dâun voyage en France, comme à lâétranger, ou encore, dâune réception dans les salons du ministère de lâIntérieur, place Beauvau. Comment auraient-elles pu lui résister ? Câeût été avouer quâelles ne croyaient pas en lui, ni en son destin.
Mais si ce héros dâépopée se découvrait parfois des mÅurs de hussard avec des jeunes femmes qui avaient alors les plus grandes difficultés à tempérer ses emportements, on ne lui connut jamais une aventure construite en parallèle à sa vie conjugale. Seule la solitude â un état qui peut plonger lâhomme dans une déprime dâune profondeur abyssale â ravivait chez lui de vieux réflexes datant de ses années passées à la tête de sa bonne ville de Neuilly. Dans les intermèdes de sa vie où il sâest retrouvé seul, lâancien locataire de lâÃlysée renoua ainsi avec de bonnes et solides mÅurs machistes héritées de son célibat : un bourdon, là aussi, insatiable.
Si bien que les salons aux portes capitonnées de la place Beauvau, au ministère de lâIntérieur, abritèrent parfois, dit-on, les ébats furtifs dâun ministre aussi expéditif que le fut, en son temps, le très boulimique Jacques Chirac. Car, si lâun comme lâautre se sont nourris dâidylles adolescentes,
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