Les Amazones de la République
producteur du « Grand Journal », Renaud Le Vankim â lâhomme des interventions télévisées du chef de lâÃtat, à lâépoque â, les avait présentés. Et si Nicolas Sarkozy avait su se montrer conciliant et très présent envers le groupe Canal +, dont il avait défendu en coulisse les intérêts â notamment lors du bras de fer qui opposa la chaîne cryptée à lâAutorité de la concurrence â, il avait également demandé aux responsables de Canal de faire en sorte que les Guignols de lâinfo ne lâétrillent pas à lâapproche de la campagne présidentielle. Donnant-donnant.
Il est à rappeler que cet ancien chef de lâÃtat avait entretenu, par le passé, des relations houleuses avec la chaîne créée par lâancien directeur de cabinet de François Mitterrand, André Rousselet. Câest ainsi quâen 2002, il avait demandé au producteur, Dominique Ambiel, à lâépoque chargé de la communication de Jean-Pierre Raffarin, à Matignon, de convoquer à lâÃlysée le directeur général de Canal + de lâépoque, Xavier Couture. Ce dernier avait trouvé un président de la République aux cent coups : « Que comptes-tu faire avec tes Guignols ? avait-il lancé au visage de celui qui vivait des heures compliquées à la tête dâune chaîne où Pierre Lescure venait dâêtre décapité. â Je ne sais pas, jâenvisage peut-être dâen faire un programme crypté, afin dâattirer un peu plus dâabonnés⦠Pour le reste, je suis sincèrement désolé sâil leur arrive de franchir la ligne jauneâ¦, bafouilla lâhomme, qui se liquéfiait. â Pas dâexcuses privées pour des injures publiques !, explosa Nicolas Sarkozy, qui ajouta, glacial : Je ne suis pas Pinochet ! » Allusion faite à sa marionnette des Guignols, qui le campaient, à lâépoque, dans lâuniforme de cet ancien dictateur chilien aux épaulettes laquées de sang.
Quâon le veuille ou non, et quels quâaient été les liens dâamitié ou de connivence entre Nicolas Sarkozy et Laurence Ferrari, cette seule relation â amplifiée, déformée, ou non, par la rumeur parisienne â, suffit à bouleverser sa carrière. La politique a cela de terrible quâelle enjolive et plombe les destins, à proportion, quand les médias et la rumeur sâen mêlent. Lâombre tutélaire de cet ancien président de la République, et grand manitou du Paf, écrasa celle qui ne prit sans doute pas toute la mesure de cet encombrant parrainage. De tous ceux que Nicolas Sarkozy fit promouvoir ou remit en selle à la télévision, seul Patrick Sabatier fit son chemin. Maigre butin.
Chapitre 36
« Cécilia sâest barrée ! »
Pierre Charon connaissait bien le son si particulier de ce grelot annonciateur de mauvaises nouvelles, le bruit strident de cette alarme qui jette au bas du lit, lâarme au pied, les spadassins de la politique. Ces « sonnettes », comme on les appelle encore. Ou ces « alertes » données par les services de police et de renseignements du ministère de lâIntérieur, qui vibrent sur les téléphones portables des principaux collaborateurs du ministre, quand éclate le sinistre. En lâoccurrence, ce jour-là , un incendie au sein du couple Sarkozy.
Des quelques portes ouvrant sur la vie de ce dernier, aucune ne peut être poussée sans le concours de ce gardien du temple de lâhomme quâil continue dâaduler et de servir. Sénateur et pilier historique du premier cercle de lâancien chef de lâÃtat, dont il est lâun des plus dévoués soutiers, Pierre Charon sait mieux que quiconque interpréter les hiéroglyphes de son intimité. Rusé, madré, intarissable et dâune causticité ravageuse, il lui suffit de convoquer quelques anecdotes, puisées dans sa panière, pour transformer le récit dâune réunion à lâUMP en thriller politique et une pâle histoire de fesses en fresque strauss-kahnienne.
« Cécilia sâest barrée ! » Câétait ça, la bombe du jour ! En un tournemain,
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