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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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l’ex-Fatale avait bouclé sa valise et pris congé de tout : du barnum sarkozyste, de Paris et ses pince-fesses politico-mondains. Mais, d’abord, de son homme ! Nicolas Sarkozy, dont le regard se vitra de chagrin à l’annonce de cette nouvelle, battait le rappel place Beauvau. Grelottant intérieurement de frousse, il s’était jeté dans une voiture, à ses trousses. Avant de rouler à tombeau ouvert dans l’un des corbillards du ministère, direction Roissy : une berline noire à l’arrière de laquelle se morfondait, la mine mâchée, un homme en deuil coudoyant l’abîme.
    Le casse du siècle ! L’épouse du premier flic de France se faisait la belle, sans qu’il ait décidé de sa levée d’écrou ! Le tout sous les regards des matons en cols blancs de son ministère, qui l’avaient laissé filer, sans tenter de l’en empêcher. « Les cons ! »
    Â«Â Tchao ! » Cécilia s’envolait, une montre Cartier et un bracelet Gucci aux menottes. Et dans les fouilles d’une veste Dior, impeccablement coupée, son viatique : un visa flambant neuf. Son sauf-conduit et sauve-qui-peut. Bye bye .
    Cécilia était en cavale, au bras d’un vieux play-boy, Richard Attias, « un type très drôle et très riche », disait-on dans Paris – je t’en foutrai… ! –, direction les salons VIP d’Air France. Puis New York, en première classe, par le prochain vol. « Big Apple », cette Grande Pomme qui en attendait une autre : elle qui avait tellement voulu croire à son conte de fées, avant que la politique le flétrisse et la perde à jamais.
    Fuyant les ors de la République, elle détalait en panique, tandis qu’au loin, les hululements d’une berline ministérielle annonçaient l’arrivée de celui qui était prêt à lui offrir toutes les remises de peine – de cœur –, à lui concéder tous les alibis de la Terre, même les plus inaudibles, si elle acceptait de réintégrer le nid conjugal. Mais, comme dans les films à la chute qui vous désole, Nicolas Sarkozy n’eut pas droit à des retrouvailles en Technicolor. L’époux délaissé arriva trop tard au comptoir de la compagnie : une hôtesse d’Air France lui indiqua que l’oiseau d’acier s’était envolé. Et, avec lui, son pigeon fugueur.
    Signe que cette nouvelle fut un coup de tonnerre, la vie s’arrêta : la voiture de Nicolas Sarkozy mit ses culasses en sourdine, afin de respecter le silence du passager, et rampa à une vitesse d’escargot sur le chemin du retour. Tandis que les proches du ministre endossèrent une mine de croque-mort en l’accueillant sur le perron du ministère, Paris se fit compatissante, en voilant son ciel immaculé d’un linceul de circonstance : un crachin se mit à tomber sur la capitale.
    Le ministre de l’Intérieur, que ses amis trouveront défait à son retour de Roissy, choisit de ne pas renoncer, pour autant, à son programme du jour. À portée de bulletins, l’Élysée n’attendait plus que son dernier coup de rein pour l’accueillir. Et chaque déplacement comptait. Figurait ainsi à son agenda une manifestation organisée à Sciences Po. Arrivé sur les lieux, Nicolas Sarkozy s’engouffra dans le grand amphithéâtre de cette école, où quelques centaines d’élèves se pressaient sur les gradins. Tandis que s’agglutinaient, au fond de la salle, une poignée de journalistes, dont quelques visages connus du ministre : port altier, regard doux, noir et enveloppant, l’un d’eux attira immédiatement son attention. Qu’il darda d’une supplique. Elle, ici ?
    Si Nicolas Sarkozy n’avait pas été ce jour-là au fond du gouffre, il ne se serait sans doute pas précipité vers celle au bras duquel il rêvait de s’agripper. Comme un soldat de verre à sa béquille ou l’invalide à la rampe. Vite la dévorer, vite l’étreindre, pour retrouver de l’oxygène, avant qu’elle ne s’enfouisse dans la nuée et disparaisse… Comme on met ses habits du dimanche et fait bonne figure au pied des marches de l’église, Nicolas Sarkozy

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