Les Amazones de la République
rhabilla sa tristesse dâun sourire éclatant. Et se dirigea vers celle qui le lui rendit, une bise en pourboire. Que nâavait-il un crayon derrière lâoreille pour prendre le numéro de portable de celle qui le délava, sur-le-champ, de ses pensées les plus sombres. Speed dating ! Il la convia à déjeuner, le lendemain, dans sa salle à manger de la place Beauvau, quâil transforma en confessionnal.
Qui était-elle ? Nom, Fulda, prénom Anne. Profession, journaliste politique au Figaro . Croquée par le peintre, cette jolie fille ferait un élégant portrait. Dâun pinceau attentif, lâartiste dessinerait un visage aux lignes régulières, rehaussé dâun regard qui exprime des harmonies nombreuses et chaleureuses. La silhouette élancée est orgueilleuse et dégage une aisance naturelle. On dirait une Andalouse à lâéventail replié : « cash » et sans détours, elle ne masque rien. Si un visage nâest pas une paroi de verre, on se prend pourtant à lire dans les pensées de celle qui croisa lâauteur, lors de la rédaction de cet ouvrage tant son regard trahit des expressions déchiffrables.
Ãvitons les circonvolutions et allons droit au but : cette jeune femme tomba follement amoureuse de Nicolas Sarkozy. Et celui-ci, qui le lui rendit au centuple, en fut littéralement toqué. La première lâillumina, quand le second lâenlumina. Qui des deux aima le plus lâautre ? Aucune majorité ne se dégagea dans ce couple, au moment du dépouillement de leur intimité, qui le vit choisir la cohabitation, avec optimisme et enthousiasme.
Ainsi, Anne Fulda partagea la vie de lâancien président de la République à deux reprises, entre 2005 et 2007. Chasseuse chassée ! Friande de potins, comme tout un chacun â que lâon soit journaliste ou simple lecteur de magazines â, attentive aux pérégrinations sentimentales de ce responsable politique, quâelle suivait de longue date pour le journal qui lâemployait, cette consÅur passa, du jour au lendemain, de lâautre côté du miroir. Et quâimportent les risques encourus ! Estoquée, elle succomba avec une docilité admirative. Et accepta sans rechigner les règles dâun quitte ou double mortel. Lui, le prince consort en piste pour lâÃlysée, elle, la roturière amoureuse de son sujet : Dieu que la barre était haute ! Et les risques de payer une addition séparée, au terme dâune histoire improbable, étaient colossaux.
Quâadviendrait-il, enfin, de sa carrière de journaliste si elle venait à se noyer dans un fracas de cÅur et de rêves brisés ? Son suicide professionnel nâen serait que plus triste. Mais quâimporte, là encore : la plume nomade, elle irait se coucher sur dâautres pages.
Prudente, car parfaitement au fait des mÅurs dâun métier capable de toutes les maltraitances, elle demanda immédiatement à être déchargée de la politique au Figaro , afin de ne pas se retrouver au cÅur dâun procès en sorcellerie, sur fond de conflit dâintérêts. Nicolas Beytout, qui dirigeait alors ce quotidien, accéda à sa requête : comment aurait-il pu refuser, lui qui avait été le seul journaliste invité à la fameuse soirée du Fouquetâs, au titre de ses liens dâamitié et de connivence avec le nouveau président de la République ?
Tenue secrète dans ses premières semaines, malgré quâelle fût, très tôt, de Polichinelle pour la profession, cette idylle resta un temps protégée : lâidentité de la jeune femme fut gardée sous le boisseau. Et afin que des voyous du Net ne viennent taguer, souiller, sa biographie de quelques révélations indélicates, on décida de faire disparaître sa fiche Wikipédia dâInternet. Sage précaution.
à cet instant où tout bascule dans la vie de cette journaliste du Figaro , on est en droit dâestimer quâelles ne sont pas si simples, ces amours. Quâenvisager sa vie avec un dirigeant de lâenvergure de Nicolas Sarkozy ne va pas sans quelques difficultés. Quâentamer une liaison avec un homme marié à la politique, sans que lâon sache qui est le maître ou
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