Les Amazones de la République
préféra évoquer, pudiquement, dans lâun de ses livres 3 « une amitié amoureuse », suivit des années durant à la trace lâhomme dont elle a fait chavirer les sens dâun long regard de quête dévorante.
Lâépisode est encore dans les mémoires de ceux qui étaient au plus près de lâancien locataire de lâÃlysée, le jour même de son intronisation officielle, en 1981⦠Au siège du PS, rue de Solferino, où chacun sâaffaire, flottait une légère brise de panique : le « président » avait disparu ! Le « peuple de gauche » était en liesse, le cabinet de Valéry Giscard dâEstaing préparait ses paquetages, bref, la passation de pouvoir nâattendait plus que les deux impétrants : mais « le président » était introuvable. Pôle sud, Danielle ne savait pas où son mari se trouvait. Pôle nord, Anne Pingeot nâétait pas plus informée du lieu où sâétait réfugié le père de sa fille. On apprendra bien plus tard, et par la bouche même de lâintéressée, qui sâen rengorgea avec délice â jusquâà coucher la scène dans lâun de ses livres â, que le premier des Français lâavait rejointe dans son petit studio de lâîle Saint-Louis, où elle lui avait mitonné des rognons sautés à lâarmagnac ! Les Français, balayant lâ« Ancien Régime », changeant dâÃglise et de bénitiers, venaient dâélire leur nouveau pape. Or celui-ci roucoulait au moment de son sacre ! Qui lâeût imaginé ? Un palais lâattendait et François Mitterrand, à lâheure où lâHistoire le convoquait, comptait fleurette à une colombe, sur la moquette chauve dâune chambre dâétudianteâ¦
Journaliste et immédiatement conquise par ce dernier, Christina Forsne sâétait installée à Paris comme correspondante du journal qui lâemployait. à ce titre, elle accompagna le locataire de lâÃlysée dans nombre de ses déplacements à lâétranger : de ses carnets de voyages, elle fit un ouvrage. Sa toute première visite à Latche remonte à Pâques 1981, où Danielle Mitterrand vit débarquer un matin cette jolie femme. Sourires et hochements de tête : une fraîche apparition de plus, songea, fataliste, lâépouse de celui qui fit à son invitée lâhonneur de son domaine : arbres, coteaux, refuges et cabanons, « François » nâomit rien⦠« Danielle Mitterrand était parfaitement au courant pour nous deux, confia-t-elle, un jour, à lâoccasion dâune interview accordée au quotidien suédois Aftonbladet le 15 août 2012, avant dâajouter, avec une pointe de curare au bout de la langue : Son mariage ne tenait plus debout. Câétait une militante de gauche naïve, qui prenait le Concorde pour aller distribuer des bouteilles dâÃvian aux victimes des tremblements de terre. » La philippique est assassine. Mais cette journaliste pouvait-elle ignorer, à son tour, que lâhomme dont elle sâétait éprise slalomait entre les femmes, avec des plantés de bâtons qui lacéraient souvent le cÅur et les rêves des plus envahissantes ? Et quâil avait prononcé à bien dâautres avant elle des épithalames pour la vie.
Les années passèrent et François Mitterrand, de cabrioles en doubles-salto amoureux, estompa ses rencontres avec celle qui se morfondait aux grilles de lâÃlysée, une cité interdite autour de laquelle elle tournait en pèlerinage.
Le cÅur solitaire ne sait pas se moquer de ses désillusions : éméchée, un soir, au début des années quatre-vingt-dix, Christina Forsne invectiva des policiers en faction devant le commissariat du 8 e  arrondissement à Paris, hurlant, la voix gonflée de sanglots, quâelle était la maîtresse du président de la République. Lâinformation remonta, illico , jusquâau préfet de la capitale, qui avertit immédiatement le cabinet de François Mitterrand. Lequel, réveillé en pleine nuit, dépêcha sur-le-champ son chauffeur, Pierre Tourlier, afin quâil la raisonne.
Si le scandale
Weitere Kostenlose Bücher