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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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enjouée et ardente aux jeux du lit, trois qualités qui permirent à Charles d’attendre patiemment la réponse de l’impératrice Irène.
    Mais, un jour, les ambassadeurs francs revinrent de Constantinople, apportant une mauvaise nouvelle : Irène avait été chassée du pouvoir. Ses négociations secrètes avec Charles ayant été découvertes à la suite de l’indiscrétion d’un eunuque, on l’avait arrêtée, puis enfermée dans un couvent.
    Son trésorier, Nicéphore, était monté sur le trône.
    Cette révolution déjouait les plans de Charlemagne ; mais celui-ci n’était pas homme à se laisser abattre. Puisque la turbulente Irène n’était plus rien, il l’oublia et dirigea son esprit vers d’autres projets.
    Justement, les Danois lui causaient quelques ennuis. Il dut organiser un plan de bataille, faire construire une ville fortifiée (qui devint Hambourg) et envisager le problème nouveau pour lui des combats navals.
    Or, on était au printemps, et, comme Charles se sentait un vague à l’âme peu compatible avec son rôle de chef militaire, il répudia Maldegarde, dont il était las, et prit une nouvelle concubine nommée Guersuinde.
    Précisons à ce propos que les concubines (comme les femmes légitimes, d’ailleurs) n’étaient pas désœuvrées entre les moments – fréquents – où Charles leur contait gaillardement fleurette. Elles avaient la charge de l’administration de la maison et des domaines de l’État. Leurs fonctions étaient à peu près celles qu’exercent aujourd’hui les ministres des Finances, de l’Intérieur et de la Justice.
    C’étaient elles qui géraient les revenus de Charles : cadeaux des rois étrangers, tributs des peuples soumis, butin fait sur l’ennemi, amendes, etc. C’étaient elles aussi qui surveillaient toutes les dépenses royales, payaient l’armée, réglaient les constructeurs de bâtiments royaux, etc. Guersuinde sut se montrer à la hauteur de sa tâche, et, sans doute, eût-elle vécu heureuse au palais d’Aix-la-Chapelle, si la fougue amoureuse de son « mari » ne lui avait causé quelques tourments…
    L’empereur, qui, toute sa vie, avait fait montre d’une virilité peu commune, devenait, en vieillissant, un véritable paillard. Il ne pouvait pas voir une jolie fille sans se livrer à des extravagances impudiques.
    Un jour, il s’éprit d’une blonde adolescente nommée Amalberge. La rencontrant dans un couloir du palais, il se précipita sur elle et voulut la violer. Apeurée, la jeune fille se débattit, parvint à se dégager et courut se réfugier dans une chapelle. Charles, troublé par le désir, la suivit en courant et la rattrapa au moment où elle se prosternait devant l’autel. Il la saisit alors avec une telle véhémence qu’il lui cassa le bras.
    Mais la Vierge Marie veillait, et les deux morceaux de l’humérus se ressoudèrent aussitôt.
    Charles, en voyant ce miracle, crut bon de contenir son ardeur et, laissant Amalberge en prière, il alla faire une petite marche d’un quart d’heure…
    L’aventure d’Amalberge fut rapidement connue au palais, et la jeune fille devint l’objet d’un grand respect de la part de toute la cour. Pour avoir résisté à Charlemagne, se disait-on, il fallait qu’elle eût montré un courage surnaturel. Finalement, l’Église en fit une sainte ; et l’empereur, beau joueur, fut le premier à louer sa vertu…
     
    Après Guersuinde, Charlemagne eut encore deux concubines connues : Régine et Adélaïde. Mais ce ne furent pas les dernières, car jusqu’à la fin de sa vie, il se montra « fougueux dans son comportement avec les dames ».
    Ce goût un peu excessif pour la bagatelle donna d’ailleurs naissance à de nombreuses histoires assez curieuses, que le bon peuple franc se répétait avec malice.
    On racontait, par exemple, que l’abbé Gilles (futur saint Gilles), étant à l’autel et officiant, avait vu surgir l’ange Gabriel. Celui-ci, d’un air contrit, lui avait remis une lettre.
    — Prends. Cela vient de Charlemagne. L’empereur, qui n’ose pas se confesser de vive voix, a écrit ici ses principaux péchés.
    Et, pendant que l’abbé Gilles décachetait la lettre, l’ange Gabriel, poliment, s’était éclipsé.
    Le prêtre avait lu la confession avec une gêne fort compréhensible. Par cette lettre, en effet, l’empereur s’accusait d’avoir violé une de ses propres sœurs et de l’avoir rendue mère… (Voir note n°30.)
    On

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