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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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plate-forme les bidons de lait que Desjardins
allait recueillir dans l’avant-midi et les deux plus jeunes étaient déjà
rentrés dans la maison.
    En passant devant
la remise, un édicule communiquant avec la cuisine d’été, Eugène avait remarqué
des traces de pas allant jusqu’à la porte. Il avait fait encore quelques pas
avant de s’arrêter brusquement.
    – Veux-tu ben
me dire qui… ? avait-il commencé à se dire à mi-voix, avant de faire
demi-tour et de se diriger vers la remise dont il ouvrit la porte toute grande.
    Il avait été
intrigué. À l’heure de faire le train, il faisait
encore noir quand il était allé à l’étable et il n’avait pas remarqué ces
empreintes dans la neige. Qui était allé dans la remise ? Durant l’hiver, il
n’y avait jamais personne qui empruntait ce chemin pour entrer dans la maison
ou en sortir. On n’ouvrait la grande porte de la remise que pour en sortir le
berlot ou la sleigh. Or, depuis près de dix jours, les Tremblay n’avaient
utilisé que le traîneau qu’ils remisaient dans la grange, près de l’écurie.
    Comme chez les
Veilleux, le petit bât iment
était pourvu d’une étroite passerelle à trois pieds de hauteur qui longeait son
mur du fond. Celle-ci conduisait de la cuisine d’été aux toilettes sèches
situées à l’autre extrémité de la remise, qui ne contenait rien d’autre que la
sleigh, le berlot, plusieurs cordes de bois de chauffage, le coffre où on
entreposait la viande, des conserves et quelques bouteilles de caribou.
    Eugène avait
ouvert la porte et il s’était avancé à l’intérieur pour jeter un coup d’œil. Il
n’avait d’abord rien vu de spécial. Ses deux véhicules étaient bien là ainsi
que son bois. Il avait ensuite ouvert son coffre à viande : il ne semblait
pas avoir été pillé. Il s’était hissé avec effort sur la passerelle pour
examiner les quelques tablettes clouées au mur : les conserves aussi
étaient bien là. Son caribou !
    Brusquement, il s’était
rendu compte qu’il lui manquait deux bouteilles de caribou. Durant la période
des fêtes, il en avait servi une bouteille aux visiteurs et il y en avait une à
demi pleine dans l’armoire de la cuisine d’été. S’il savait encore compter, il
aurait dû lui rester quatre bouteilles de sa provision renouvelée au mois d’octobre
précédent. Or, devant lui, il n’y avait plus que deux bouteilles. Il avait eu
beau passer une main sur la large tablette au-dessus de sa tête pour s’assurer
que les bouteilles manquantes n’étaient pas tombées, celle-ci n’avait rencontré
que du vide.
    – Baptême, par
exemple ! avait juré Eugène en regardant partout autour de lui pour
vérifier une dernière fois si lesdites bouteilles n’avaient pas été déplacées
par quelqu’un de la maison. Rien.
    Le
cultivateur était alors sorti de la remise dont il avait soigneusement refermé
la porte derrière lui et était entré dans la maison où Clément venait de le
précéder.
    – Est-ce qu’il
y a quelqu’un qui est sorti par la porte de la remise à matin ? avait-il
demandé aux siens, déjà attablés dans la cuisine.
    Personne
ne répondit.
    – Vous êtes
sûrs de ça ? avait-il insisté en dévisageant ses enfants.
    – Voyons, Eugène,
tu vois bien que personne est passé par là, avait répondu sa femme en déposant
plusieurs crêpes dans l’assiette de son mari.
    – Ça parle au
maudit ! s’était-il écrié. Il y a des rôdeurs qui sont venus fouiner cette
nuit dans notre remise. Cherche donc s’ils sont pas entrés dans la maison par
la cuisine d’été pendant qu’on dormait.
    – Ah ben, ça
prend des effrontés pour entrer dans une maison pleine de monde ! s’était
exclamée sa femme.
    – Clément !
Gérald ! Est-ce qu’il y en a un de vous deux qui a touché à mes bouteilles
de caribou dans la remise ? avait demandé le père en se tournant vers ses
deux fils.
    – Pas moi, en
tout cas, avait fait Clément, qui n’avait jamais aimé le goût âpre de ce
mélange de vin rouge et d’alcool.
    – Moi non
plus, avait répondu l’adolescent en esquissant une grimace.
    – Dans ce
cas-là, je me suis fait voler deux bouteilles de caribou pendant la nuit.
    – Viens pas
me dire qu’il va falloir tout barrer, avait déclaré Thérèse.
    – Remarque, ça
aurait pu être pire, avait conclu son mari. Les voleurs auraient pu partir avec
toute notre provision de viande.
    À
cette évocation,

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