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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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été une seconde fois répété dans l’oreille, il se redressa, et, regardant le maître de la maison avec une sorte d’humeur, il lui reprocha de n’avoir pas fait faire plus tôt connaissance ensemble à deux hommes de qualité qui se trouvaient chez lui, afin qu’ils pussent se présenter leurs civilités avant de s’occuper du reste de la compagnie. Il salua ensuite le jeune lord avec autant de grâce que pouvait en avoir un homme estropié d’une main et d’une jambe. Il lui dit qu’il avait connu le feu lord son père, qu’il était charmé de le savoir à Londres, et qu’il espérait le voir à la cour.
    Les manières de sir Mungo et les lèvres pincées de maître George, qui annonçaient des efforts pour s’empêcher de rire, firent comprendre sur-le-champ à lord Nigel qu’il avait affaire à un original d’une espèce rare, et il lui rendit ses politesses de manière à satisfaire l’homme le plus pointilleux. Sir Mungo, pendant ce temps, le regardait avec beaucoup d’attention ; et, comme les dons de la nature chez les uns ne l’affligeaient pas moins que ceux de la fortune chez les autres, il n’eut pas plus tôt vu la belle taille et les traits avantageux du jeune lord, qu’il s’approcha de lui pour l’entretenir de la grandeur passée des anciens lords de Glenvarloch, et du regret avec lequel il avait appris que le représentant actuel de cette noble famille allait probablement se trouver dépouillé des domaines de ses ancêtres. Il s’étendit fort au long sur les beautés de la baronnie de Glenvarloch, la situation avantageuse du château, le noble lac qui en était voisin et qui fournissait tant d’oiseaux sauvages pour la chasse au faucon, les collines bien boisées offrant une retraite aux daims et aux cerfs ; enfin il fit si bien valoir tout le prix de ce noble et ancien domaine, que Nigel, en dépit de tous ses efforts, ne put retenir un soupir.
    Sir Mungo était habile à reconnaître quand la sensibilité de ceux à qui il parlait était désagréablement affectée. Il vit que sa nouvelle connaissance était sur les épines, et par conséquent il aurait volontiers prolongé la discussion ; mais le cuisinier, frappant sur une table avec un couteau de cuisine, donna un signal assez bruyant pour être entendu de toute la maison, depuis la cave jusqu’au grenier ; signal qui avertissait en même temps les domestiques de placer le dîner sur la table, et les convives de passer dans la salle à manger. Sir Mungo, amateur de bonne chère (ce goût, soit dit en passant, pouvait avoir contribué à lui faire oublier sa dignité en visitant des citadins), sir Mungo fut debout au premier bruit ; et, laissant en paix Nigel et les autres convives, il n’eut plus d’autre inquiétude que de savoir où il serait placé à table. La tante Judith le pria de s’asseoir à sa gauche, et les honneurs de la droite furent réservés à lord Nigel, que sir Mungo ne vit pas sans envie entre la matrone et la jolie mistress Marguerite. Mais ce qui contribua à lui faire prendre patience, ce fut la vue d’un superbe chapon lardé servi devant lui.
    Le dîner fut conforme à l’usage du temps ; tout était excellent dans son genre. Indépendamment des ragoûts écossais qui avaient été promis, on voyait aussi sur la table le rostbeef et le pouding, mets favoris de la vieille Angleterre. Un buffet couvert d’argenterie de choix et d’un travail précieux attira les complimens de quelques personnes de la compagnie ; ceux de sir Mungo furent mêlés d’une teinte d’ironie, et il félicita le propriétaire de ce que la main-d’œuvre ne lui en coûtait rien.
    – Je ne rougis pas de mon état, sir Mungo, dit l’honnête citadin. On dit qu’un bon cuisinier doit savoir se lécher les doigts, et il me semble qu’il serait assez singulier que mon buffet fût couvert d’étain, quand j’ai fourni l’argenterie de la moitié de tous ceux de la Grande-Bretagne.
    Le ministre prononça le Benedicite, et les convives se trouvèrent en liberté d’attaquer les mets sur la table. Les premiers instans se passèrent dans le silence, suivant l’usage ; enfin la tante Judith, pour recommander son chapon, assura qu’il était d’une espèce particulière, apportée d’Écosse par elle-même.
    – Il ressemble donc à beaucoup de ses compatriotes, madame, répliqua l’impitoyable sir Mungo en jetant un coup d’œil à la dérobée sur son hôte ; il a été bien lardé en

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