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Les Bandits

Les Bandits

Titel: Les Bandits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E. J. Hobsawm
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extrêmes, par exemple dans
Les
Brigands
de Schiller, le bandit au grand cœur offre sa vie pour que
justice soit rendue à un pauvre. Ce cas peut réellement se produire : Zelim
Khan, le Robin des Bois du Daghestan au début du XX e siècle, se trouvant acculé dans une grotte de montagne, fit dire par un berger
au commandant ennemi (mais peut-être s’agit-il d’une légende contemporaine) :
    « Dites au chef du district que je me rendrai quand il
me montrera un télégramme signé du tsar, par lequel il s’engage à retirer les
amendes infligées aux innocents et à amnistier tous ceux qui sont détenus et
exilés à cause de moi. Sinon, dites au prince Karavlov qu’aujourd’hui même, avant
minuit, je m’échapperai de cette grotte, et que rien ni personne ne m’en
empêchera. Jusque-là, j’attendrai sa réponse. »
    Dans la pratique, la justice sommaire se présente plus
fréquemment sous forme de vengeance et de représailles. Témoin cette lettre de
Zelim Khan à un officier musulman, un certain Donugayev :
    « Notez que si je tue les représentants de l’autorité, c’est
parce qu’ils ont illégalement exilé mes pauvres concitoyens en Sibérie. À l’époque
où le colonel Popov était à la tête du district de Grozny, il y eut un
soulèvement ; les représentants de l’autorité et l’armée jugèrent
nécessaire, pour s’imposer, de massacrer un certain nombre de pauvres
malheureux. Quand j’appris la nouvelle, je réunis ma bande et dévalisai un
train à Kadi-Yurt. Là, je tuai des Russes par vengeance [59] . »
    Quelle que soit la réalité des faits, il est indubitable que
le bandit est considéré, et se considère souvent lui-même, comme un homme qui
fait triompher la justice et la morale.
    Qu’il prenne aux riches pour donner aux pauvres est en
revanche un sujet de controverses, bien qu’il soit évident qu’il ne peut pas, s’il
veut conserver leur soutien, prendre aux pauvres de la région. Il ne fait aucun
doute que les bandits « au grand cœur » ont la réputation de
redistribuer la richesse.
    « Le banditisme à Lambayeque, écrit Victor Zapata, colonel
de la Guardia Civil, s’est toujours signalé par la noblesse, la bravoure, la
finesse et le désintéressement des brigands. Ceux-ci n’étaient ni sanguinaires
ni cruels, et, la plupart du temps, ils distribuaient leur butin aux pauvres et
aux affamés, montrant ainsi que la charité ne leur était pas étrangère et que
leurs cœurs n’étaient pas endurcis [60] . »
    La distinction entre les bandits qui ont cette réputation et
ceux qui ne l’ont pas est très claire dans l’esprit de la population locale, y
compris (comme le suggère la citation précédente) dans celui de la police
elle-même. Il ne fait également aucun doute que les bandits donnent parfois aux
pauvres, leur générosité pouvant s’adresser à des individus ou s’exercer un peu
au hasard. Pancho Villa distribua le produit de son premier grand coup de la façon
suivante : 5 000 pesos à sa mère, 4 000 à des parents proches, et :
    « J’achetai une échoppe de tailleur pour un homme qui s’appelait
Antonio Retana, qui avait une grande famille dépourvue de ressources, et dont
la vue était très mauvaise. J’engageai un homme pour tenir l’échoppe et lui
donnai la même somme d’argent. Et ainsi de suite. Au bout de huit à dix mois, tout
ce qui me restait des 50 000 pesos avait été utilisé pour aider des gens
qui se trouvaient dans le besoin [61] . »
    En revanche, Luis Pardo, Robin des Bois du banditisme
péruvien (1874-1909), préférait, semble-t-il, distribuer de l’argent par
poignées aux foules réunies à l’occasion des fêtes, par exemple dans sa ville
natale de Chiquian, ou, comme il le faisait à Llaclla, « des draps, du
savon, des biscuits, des conserves, des bougies, etc. » qu’il achetait
dans les boutiques locales [62] .
Il est certain que de nombreux bandits se sont fait une réputation de
générosité simplement parce qu’ils payaient généreusement les services, la
nourriture et la protection que leur fournissait la population locale. Telle
est en tout cas la thèse de M. Esteban Montejo, un ancien Cubain fort peu
romantique et très peu enclin à présenter de façon sentimentale les bandits de
sa jeunesse [63] .
Il admet cependant lui-même que « quand ils avaient volé une somme d’argent
vraiment importante, ils allaient la distribuer ».
    Dans les sociétés

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