Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
Vom Netzwerk:
cynisme, une offensive allemande contre la Russie aurait été indéniablement une bonne nouvelle pour la Grande-Bretagne. Pendant que toutes ces divisions ennemies étaient immobilisées à l’est, une invasion du Royaume-Uni deviendrait extrêmement improbable, sinon impossible. Mais Churchill était semble-t-il en désaccord avec certains membres de Whitehall et des services de renseignement qui persistaient à pencher pour la perspective la plus pessimiste, à savoir que la priorité d’Hitler était de mettre la main sur la Grande-Bretagne. En effet, Hitler continuait lui-même de laisser penser qu’il s’agissait de son intention première.
    À mesure que se déroulait l’année 1941, il devenait de plus en plus évident, à travers les messages déchiffrés par Bletchley Park, que les Allemands allaient lancer une attaque contre la Russie. Dans les arcanes du renseignement, on estimait que la Russie capitulerait très vite, en l’espace de quelques semaines, ce qui permettrait à Hitler de revenir s’occuper de la Grande-Bretagne.
    Par conséquent, comment prévenir la Russie sans compromettre la source d’information britannique ? En avril, l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Moscou, Sir Stafford Cripps, fut chargé d’avertir Staline de la menace d’une telle attaque contre son pays. Staline réagit d’abord en estimant qu’il s’agissait d’un coup de bluff de la part du Führer. Mais il fit cependant renforcer les défenses russes. Et dès que l’invasion allemande débuta, Churchill, malgré son antibolchevisme exacerbé, ordonna que l’on aide la Russie de diverses manières.
    Fin juin 1941, lorsque la Hongrie déclara la guerre à l’Union soviétique, obligeant cette dernière à combattre sur plusieurs fronts (contre l’Allemagne, la Finlande, la Roumanie et l’Albanie), Bletchley Park réussit à craquer la clé Enigma « Vautour » concernant les ordres de l’armée de terre allemande sur le front de l’Est. Dès le lendemain, Churchill ordonna, avec une certaine condescendance, que l’on transmette ce renseignement à Staline, à condition de veiller à ne pas révéler la source. Cecil Barclay, membre du service de renseignement militaire britannique et basé à l’ambassade de Grande-Bretagne à Moscou, s’en chargea.
    Les Russes mirent beaucoup de temps à montrer leur reconnaissance pour ces pépites de renseignement transmises par des chemins tortueux, car ils étaient plutôt méfiants. Ils avaient du mal à croire l’information déduite par Bletchley Park selon laquelle les Allemands avaient percé le système de chiffrement russe. Pour eux, c’étaient plutôt les Britanniques qui l’avaient craqué.
    Alors, quel volume d’information Churchill a-t-il mâché aux Soviétiques ? Dernièrement, des suppositions sont apparues sur le réseau d’espionnage russe « Lucy » évoluant en Suisse, qui transmettait à Moscou des informations d’une qualité si exceptionnelle que les Russes pensaient qu’elles provenaient du haut commandement allemand. On suppose qu’elles avaient la plupart du temps pour source Bletchley Park et que Churchill choisit en secret d’utiliser « Lucy » afin de transmettre des éléments cruciaux à Staline. Mais l’histoire officielle de Bletchley dit clairement que tout ceci est faux.
    Plus tard, en 1943, les cryptanalystes de Bletchley craquèrent une clé allemande qu’ils baptisèrent « Porc-épic ». Pendant quelques semaines, ils furent capables d’intercepter tous les messages de l’armée de l’air allemande, particulièrement ceux concernant les mouvements et opérations dans le sud de la Russie. La transmission de ces données s’effectua avec la plus grande prudence, parfois comme par le passé, à savoir par l’intermédiaire de l’ambassade de Grande-Bretagne à Moscou, afin de préserver jalousement la source.
    À quel point les Russes cernèrent-ils le système de cryptanalyse britannique ? On serait en droit de penser d’emblée que la transmission de messages déchiffrés par Cairncross leur donna une idée assez claire. À mesure du déroulement de la guerre, les Russes apprirent bien entendu l’existence de Bletchley Park, qu’ils appelaient « Krurort ». Selon la biographie d’Anthony Blunt écrite par Miranda Carter, Blunt transmettait également des messages déchiffrés à son contrôleur soviétique. Si c’est vrai, cela semble incroyable que les Russes n’aient jamais fini par

Weitere Kostenlose Bücher