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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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où débouche le souterrain afin de le retrouver quand tu
voudras revenir. »
    Gauvain s’engagea dans le souterrain et marcha longtemps
dans l’obscurité, l’épée à la main. Il déboucha entre deux énormes rochers, en
face de la première porte de la forteresse. Aussitôt, il fut pris à partie par
les gardiens de la porte, mais son épée fit tant de merveilles qu’il en tua une
partie et que les autres s’enfuirent. Il en fut de même à la deuxième porte et
cela jusqu’à la dixième. Mais quand il eut franchi cette dernière, il se trouva
face à face avec le roi Assentin. Le magicien avait un aspect terrifiant. Il
attaqua Gauvain de toute sa force et, par magie, il fit sauter des mains de son
adversaire l’épée qui rendait invincible. C’est ainsi que Gauvain fut fait
prisonnier.
    Tout à la joie d’avoir maîtrisé le courageux jeune homme, Assentin
le fit charger de chaînes et ne résista pas au plaisir de le montrer, dans
toute son humiliation, à sa fille Isabelle. Mais quand celle-ci aperçut Gauvain,
son cœur fut tout chaviré. Ce n’était pas seulement la pitié qui la troublait
ainsi, mais l’aiguillon de l’amour qui la piquait et la tourmentait, à tel
point qu’elle résolut immédiatement de venir en aide à celui qui avait été
assez audacieux pour parvenir en plein cœur de cette forteresse. « Mon
père, dit-elle, j’ai bien envie de lui faire payer très cher son attitude, et
tu sais que je peux être très cruelle lorsque l’idée m’en prend. Laisse-moi m’occuper
de lui, tu ne le regretteras pas ! – Pourquoi pas ? dit Assentin qui
se sentit soudain très fier de la méchanceté apparente de sa fille. Fais-le
souffrir comme tu l’entends, de sorte qu’il regrette d’être né ! »
    Isabelle fit enfermer Gauvain dans une pièce à l’écart, éclairée
par une simple petite lucarne. Mais comme il y avait un trou à la porte, la
jeune fille resta là, silencieusement, pour observer son comportement. Elle
entendit Gauvain se lamenter sur son sort et sur l’impossibilité où il était de
poursuivre sa mission. « Hélas ! disait-il, je perdrai donc mon
honneur, et le roi Arthur apprendra vite que je ne suis pas digne d’être son
neveu ! Suis-je donc maudit pour avoir ainsi lâché cette épée grâce à
laquelle je pouvais vaincre ce diabolique enchanteur ! Et cela au moment
même où je rencontre la plus belle et la plus gracieuse fille du monde, cette
Isabelle dont on m’a tant vanté les mérites et dont je ne peux chasser l’image
de mon esprit ! » Ces dernières paroles remplirent de joie la jeune
fille, car elle savait maintenant que son amour pouvait être payé de retour. La
nuit suivante, alors que tout le monde dormait dans la forteresse, Isabelle
vint délivrer Gauvain et le conduisit dans sa propre chambre. Là, ils n’eurent
pas à parler bien longtemps pour comprendre qu’ils étaient amoureux l’un de l’autre,
et ils purent en toute impunité donner libre cours à leur passion.
    Cependant, l’un des serviteurs avait été témoin de la délivrance
de Gauvain. Il alla prévenir le roi Assentin, et, au matin, celui-ci, accompagné
de quelques fidèles, se précipita dans la chambre de sa fille, animé de la plus
violente colère. Il fit saisir les deux jeunes gens et les fit enfermer dans un
cachot humide où ils furent enchaînés au mur, l’un en face de l’autre, pour qu’ils
pussent se voir dans leur misère.
    Mais alors que tous deux se demandaient avec angoisse quel
sort leur réservait le magicien, ils entendirent un léger bruit derrière le
soupirail qui constituait la seule ouverture de ce réduit. Gauvain aperçut avec
stupeur un grand oiseau rouge qui s’acharnait à coups de bec et d’ongles sur
les barreaux. Bientôt, ceux-ci cédèrent et l’oiseau entra dans le cachot. Il se
posa près de Gauvain et, toujours avec son bec et ses ongles, il le débarrassa
de ses chaînes. « Qui es-tu donc ? demanda Gauvain. – Ne dis rien, répondit
l’oiseau. Je suis l’âme de celui que tu as fait enterrer et pour qui tu as fait
célébrer une messe. Je viens payer ma dette envers toi. » Alors l’oiseau
délivra de la même façon la jeune Isabelle, puis il s’attaqua à la serrure de
la porte. Ils furent bientôt dans les couloirs de la forteresse, l’oiseau
voletant devant eux. Il les mena dans une pièce où se trouvaient l’armure de
Gauvain ainsi que l’épée aux deux renges. Gauvain s’en saisit

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