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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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en plus noir – où s’éteignirent peu à peu tous les sons, à l’exception d’une sourde pulsation qui continua de faire entendre sa plainte. Elle battait à leur ouïe, comme venue d’eux-mêmes.
    *
    De retour au campement de Saladin, Taqi entreprit de chercher Cassiopée. Il scruta le ciel dans l’espoir d’y apercevoir son faucon – mais seuls de gros nuages s’accumulaient dans l’obscurité, rendant l’air humide et lourd, chargé de colère. Les orages de la fin de rajab approchaient. Avec une poignée d’hommes du Yazak, Taqi alla de feu de camp en feu de camp, demandant aux soldats s’ils n’avaient pas vu une jeune femme accompagnée d’un faucon. Mais les seules femmes dont on leur parlait étaient les catins qui suivaient les armées en campagne – comptant sur les guerres pour gagner un peu d’argent. Il n’y avait aucune trace de Cassiopée.
    Avisant Yahyah, qui discutait avec Dahrân ibn Uwâd, le jeune cheik des Kharsa auquel il contait ses aventures avec emphase, Taqi lui demanda :
    — Pardon d’interrompre un aussi fantastique récit, mais saurais-tu par hasard où se trouve Cassiopée ?
    Pour toute réponse, Yahyah écarta les bras, une moue embarrassée sur le visage. Taqi montra alors du doigt la petite chienne jaune, qui rongeait une côtelette de mouton :
    — Babouche saurait-elle la retrouver ?
    — Pour sûr, dit Yahyah. Si elle n’est pas trop loin, et si on a un vêtement à lui faire renifler.
    Taqi conduisit Babouche et Yahyah vers le campement des Zakrad. De leur côté, les Kharsa, inquiets de la disparition de Cassiopée, fouillèrent le camp et ses environs. Chez les Zakrad, Matlaq ibn Fayhân, le Maître des oiseaux en personne, accueillit avec ferveur le neveu de Saladin, et le guida lui-même vers la tente qu’occupait Cassiopée quand elle lui faisait l’honneur de les visiter. À leur arrivée, le paon s’enfuit en gloussant d’indignation. Ils choisirent dans une collection de bliauts, de robes et de chausses, une chemise de soie grise que Cassiopée affectionnait tout particulièrement.
    Babouche flaira le linge en remuant la queue – ne comprenant pas ce qu’on lui demandait : « Cherche ! Cherche Cassiopée ! Cherche ! »
    La pauvre petite bête n’avait pas été entraînée pour cela, et tournait en rond dans la tente, l’air inquiet, les oreilles basses, la queue entre les jambes, ignorant ce qu’on attendait d’elle avec autant d’impatience.
    Redoutant un problème, Taqi regardait autour de lui, quand il avisa le paravent derrière lequel Cassiopée s’habillait. Passant de l’autre côté, il trouva les vêtements qu’elle avait portés dans la journée. En revanche, le mannequin sur lequel elle posait d’ordinaire son armure était vide : elle s’était donc changée, et pour partir en guerre !
    — Incorrigible ! maugréa Taqi.
    Il sortit précipitamment de la tente, et contempla de nouveau le ciel de Jérusalem – plus précisément celui du Haram al-Sharif, l’esplanade du Temple. Il lui sembla alors distinguer une minuscule tache d’ombre qui oscillait au-dessus de Qoubbat al-Sakhra et semblait y tirer un épais suaire de nuages orageux.
    — La peste soit de ma cousine ! s’exclama Taqi. Incapable de rester en place, toujours à bouger !
    Il se précipita vers sa jument et demanda à ses hommes de le suivre :
    — En route pour Jérusalem ! Et tant pis si des Hiérosolymitains nous trouvent, nous les tuerons avant qu’ils n’aient le temps de donner l’alerte !
    Poussant un cri, il éperonna les flancs de sa monture, et galopa en direction des murailles. Taqi fulminait. Il se disait : « Elle a dû surprendre notre conversation quand nous parlions dans la tente de mon oncle… Elle n’a pas pu s’empêcher d’agir ! »
    Il laissait le tombeau de la Vierge sur sa droite, lorsqu’il entendit :
    — Taqi ! Taqi !
    Cette voix ! C’était celle de Massada ! Mais elle n’avait plus rien de triste, plus rien de rauque ni de mort. Elle paraissait au contraire enjouée, jeune et vive. Taqi se retourna sur sa selle, et vit le vieux marchand juif venir vers lui en claudiquant, aussi vite que ses deux petites jambes le lui permettaient. Que lui prenait-il ?
    — Taqi ! Taqi !
    Taqi tira la bride de son cheval, lui faisant faire volte-face afin de rejoindre Massada rapidement.
    — Qu’y a-t-il ? Parle vite, je suis pressé !
    — Je suis guéri ! Je suis guéri !
    Massada dansait

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