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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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des cadeaux à Sosia. Mais j’ai jugé préférable qu’elles ne se rencontrent pas. Ce qui rend la situation d’autant plus douloureuse aujourd’hui.
    — Et que vous a-t-elle dit ?
    — Je ne peux en vouloir à cette pauvre femme… Le pire, c’est qu’elle nous accuse, mon épouse et moi, de négligence…
    — Ce n’est pas juste de sa part, sénateur.
    — Je l’espère, susurra-t-il avec douleur. Julia Justa et moi avons fait de notre mieux. Toute la famille l’aimait. Après la tentative d’enlèvement, mon épouse lui avait interdit de quitter la maison ; nous pensions que cela suffirait. Que fallait-il faire d’autre ? Sa mère nous accuse de l’avoir laissée courir les rues comme une petite paysanne vendeuse d’allumettes…
    L’homme était éprouvé. Trouvant moi-même la conversation pénible, je fis de mon mieux pour le rassurer. Puis, je tentai de changer de sujet.
    Je lui demandai si le Palais avait progressé dans la traque des conspirateurs. Après avoir jeté un coup d’œil à la ronde pour s’assurer que personne ne nous écoutait – la meilleure façon d’attirer l’attention… – il baissa la voix pour me dire :
    — Titus César laisse entendre que certains hommes auraient pris le large.
    Ces sous-entendus l’amusaient peut-être, mais ils ne me servaient à rien sur le plan pratique.
    — Monsieur, il me faut savoir qui, et où.
    Il se mordit la lèvre, mais finit par me confier les noms.
    Faustus Ferentinus avait pris un bateau pour la Lycie – sans autorisation, ce qui était interdit aux sénateurs, tenus de résider à Rome.
    Cornelius Gracilis avait demandé audience à l’Empereur, mais avant qu’il ne s’y rende, ses serviteurs l’avaient retrouvé affalé, une épée dans la main droite – il était gaucher… – un suicide, bien entendu…
    Curtius Gordianus et son frère Longinus avaient hérité, très soudainement, de prêtrises dans un temple de la côte ionienne, un exil plus cruel que celui qu’aurait pu leur concocter ce vieux tyran de Vespasien.
    Aufidius Crispus avait été aperçu à Oplontis, dans la foule du bord de mer. Je voyais mal un type disposant d’une fortune en argent accepter de passer l’été entouré de nobles désœuvrés, dans une villa sur la baie de Naples.
    — Qu’en pensez-vous ? demanda Decimus.
    — Titus devrait faire surveiller Aufidius. Oplontis n’est jamais qu’à quelques jours de Rome. Si je n’ai rien de mieux à faire, je m’y rendrai moi-même. Mais je préfère ne pas quitter la capitale tant que l’on n’a pas retrouvé les cochons d’argent. Titus n’a rien trouvé passage de la Louve ?
    Il fit signe que non.
    — Ma fille devrait bientôt y avoir accès.
    Un plouf surprenant retentit dans la piscine à côté de nous ; un type obèse, peu doué pour le plongeon, venait d’entrer dans l’eau.
    — Vous en interdirez l’accès à Helena, avançai-je avec prudence.
    J’aurais mieux fait de l’appeler Helena Justina, mais il était trop tard.
    — Non, non. Mon frère inspectera les lieux, il se chargera de la vente des épices.
    — Les murs appartiennent toujours au vieux Marcellus ?
    — Oui… Par égard pour lui, nous souhaitons avoir vidé l’endroit au plus vite, mais Helena Justina s’entend bien avec lui : il la considère toujours comme sa belle-fille. Elle sait y faire avec les hommes mûrs…
    Allongé sur le dos, je pris l’air de celui qui n’avait pas remarqué le charme de sa petite Helena.
    Il regardait en l’air, pensif.
    — Je me fais du souci pour ma fille, me confia-t-il.
    Avec un vent de panique, je pensai : le cheval a vendu la mèche…
    — Je me suis trompé sur le compte de Pertinax, comme vous le savez sans doute. Elle ne me l’a jamais reproché, mais je m’en voudrai toujours.
    — Elle met la barre très haut, fis-je en fermant les yeux, comme pour piquer un somme après mon bain.
    Je l’entendis qui se dressait sur son coude. Je tournai le regard vers lui. Ayant eu tout loisir d’examiner Helena de près, je remarquais des ressemblances physiques qui auraient échappé à un autre. Elle n’avait pas sa chevelure hérissée, mais on retrouvait chez elle cette expression franche, ces pommettes saillantes, ce léger pli à la commissure des lèvres, en réponse à la moindre ironie… Parfois aussi, elle avait les mêmes inflexions dans la voix. Il me contemplait avec cette vive malice qui m’avait toujours plu. J’étais

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