Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
se concertèrent avec Couhoulinn pour savoir qui
tenterait l’épreuve, mais sans parvenir à se départager.
    « Dans ce cas, dit la femme, que le plus noble d’entre
vous essaie. – Alors, dit Couhoulinn, la préséance revient à Conall, fils d’Amorgen. »
    Conall Cernach tenta aussitôt l’épreuve mais, si grande que
fût sa force, il se révéla incapable de se maintenir en équilibre sur la pointe
de l’épée. Loegairé s’y risqua à son tour, sans plus de succès.
    « Quelle honte pour nous, dirent-ils à Couhoulinn, qu’un
Ulate ne puisse réussir cette épreuve ! Il faut que tu essaies toi-même. »
    Couhoulinn se leva, prit son élan, bondit et, une fois en l’air,
s’y balança de telle sorte qu’il plaça sa poitrine sur la pointe de l’épée sans
se blesser, déclara la chose des plus faciles, assura que cette position de
repos lui convenait parfaitement et qu’il y passerait volontiers toute la
journée.
    Dordmair, fille de Domnall, prit à part ses deux compagnons.
    « Gardez-vous de votre orgueil, dit-elle. Jusqu’à
présent, vous avez obtenu gloire et triomphe grâce à vos faits héroïques ;
mais, sachez-le, votre sang s’est desséché, vos nerfs se sont durcis. Si vous
désirez qu’on vous considère longtemps comme des champions, il faut vous
exercer à bien d’autres tours d’adresse que ceux que vous connaissez déjà. Seulement,
vous avez besoin d’aide et d’assistance, et vous pouvez l’obtenir de moi. – Nous
n’en avons que faire, répliqua Conall. – Comme il vous plaira, dit-elle. Dans
ce cas, retournez dans votre pays et laissez le jeune homme. »
    Loegairé et Conall en tombèrent d’accord et, après avoir
pris congé de Couhoulinn et de Dordmair, ils se rembarquèrent à destination de
l’Ulster. Quant à Couhoulinn, il resta en Écosse, y apprenant d’autres tours d’adresse
et maniements d’armes.
    Or, un jour, à la fin de l’année, il se reposait sur le
rivage quand il vit s’approcher un homme de taille gigantesque, dont le corps
était noir comme du charbon, depuis ses pieds jusqu’à ses cheveux, et qui l’aborda
bientôt.
    « Que fais-tu dans ce pays ? demanda-t-il. – Je
consacre mon temps, répondit Couhoulinn, à améliorer ma valeur et mes prouesses
et, lorsque je me délasse, comme à présent, je repense à tout ce que j’ai
appris au cours des douze derniers mois. – Tu me parais bien content de toi, mon
garçon, reprit le colosse. Mais qui peut se vanter de tout connaître en fait de
prouesses guerrières ? Celles que tu as apprises ici ne sont peut-être pas
celles qui te procureront gloire et honneur. – Que veux-tu insinuer ? demanda
Couhoulinn. – Simplement que nul ne devrait se contenter d’un seul maître en la
matière. – Est-ce vrai ? – C’est vrai, assurément. – Alors, dis-moi :
y a-t-il dans le monde une femme qui soit meilleure et plus habile que celle
auprès de laquelle je me trouve depuis près d’un an ? – Oui, répondit l’homme.
J’en connais une, Scatach, fille de Buanuinne, roi de Scythie. Elle réside dans
une forteresse, de l’autre côté de cette montagne. Et je te garantis qu’elle
est meilleure et plus habile que celle qui t’instruit depuis près d’un an. »
    Et, sur ces mots, le géant noir [101] quitta Couhoulinn sans prendre congé, s’éloigna le long du rivage et disparut
derrière un gros rocher.
    Après avoir fait ses adieux à Dordmair, fille de Domnall
Maeltemel, Couhoulinn s’enquit de la forteresse de Scatach et partit sur la
montagne. Il avait déjà accompli un long chemin quand il aperçut des jeunes
gens qui, dans une prairie bordée d’une rivière, se livraient à des jeux de
lancer. Bien qu’il fût fatigué par des heures de marche à travers la montagne, il
s’approcha d’eux et s’arrangea pour attraper leurs balles chaque fois qu’ils en
lançaient une. De sorte qu’étonnés de son adresse, ils finirent par l’aborder
et par s’enquérir de lui.
    Or, à peine eut-il répondu qu’il venait d’Ulster, qu’aussitôt
quatre Irlandais qui faisaient partie du groupe s’en détachèrent et le
saluèrent avec respect. Il s’enquit donc également d’eux.
    « Eh bien, jeunes gens, dit-il enfin, quelle sorte d’éducation
avez-vous reçue au cours de cette année ? Quelles prouesses avez-vous
apprises ? – Nous avons réussi l’épreuve du Pont des Sauts, répondirent-ils.
– Combien de temps vous a-t-il fallu pour y

Weitere Kostenlose Bücher