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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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venue l’heure d’aller se coucher,
l’homme au manteau de pourpre se leva.
    « Comment dormira Couhoulinn ? demanda-t-il. – Ai-je
le choix ? s’étonna celui-ci. – Certainement, reprit l’homme au manteau de
pourpre. Les trois jeunes femmes que tu as vues tout à l’heure en arrivant s’appellent
Éithné, Étan et Étaine [117] .
Il t’appartient de désigner celle avec laquelle tu désires passer la nuit. »
    Alors, Couhoulinn se leva à son tour et chanta ces deux vers :
     
    Je ne sais pas auprès de qui se couchera Étan,
    mais je sais que la blanche Étan ne dormira pas seule.
     
    Étan dormit donc cette nuit-là aux côtés de Couhoulinn et, au
matin, celui-ci lui donna une bague en or qui pesait la moitié d’une once. Puis
tous allèrent l’accompagner en mer jusqu’à ce qu’ils fussent en vue de l’île où
résidait Condlé le Mince avec sa femme Achtlann, sœur de Doel l’Oublié.
    Au même moment, Condlé le Mince se reposait, la tête appuyée
contre une haute pierre à l’ouest de l’île, les pieds contre une autre pierre
du côté de l’est, et sa femme lui lavait les cheveux. Au bruit de l’accostage, il
bondit et souffla devant lui avec tant de force qu’une vague s’éleva sur la mer.
Mais son souffle revint contre lui. Alors, depuis le bateau, Couhoulinn le salua.
    « Sois le bienvenu, Couhoulinn, répondit Condlé. Si
grande que puisse être ta célèbre fureur guerrière, héros qui vient d’Irlande, nous
ne te craignons pas, car les devins n’ont pas annoncé que tu dusses ravager
cette île. Aborde donc, tu seras bien reçu. »
    Or, comme Couhoulinn posait le pied sur le rivage, la femme
de Condlé lui souhaita la bienvenue et lui adressa un clin d’œil.
    « Sais-tu, demanda Couhoulinn, pour quelle raison les
fils de Doel l’Oublié durent quitter leur pays ? – Je le sais, répondit
Achtlann, et j’irai avec toi pour que tu les rencontres, car il a été prédit
dès longtemps qu’ils devraient être sauvés par toi. »
    Après avoir prononcé ces paroles, Achtlann se leva, gagna le
rivage et monta dans le bateau. Alors, son mari chanta ce quatrain :
     
    Que signifie ce voyage insensé, ô femme ?
    Que prétends-tu accomplir sur la mer ?
    Il n’est pas du tout assuré
    que ce navire t’emmène agréablement au port…
     
    Et Achtlann répondit par cet autre quatrain :
     
    Ô Condlé ! mon but est au-delà des mers.
    Un ardent désir embrase mon cœur :
    je veux sauver les fils de Doel
    car ils ont été trop longtemps oubliés…
     
    Achtlann demeura donc à bord et, après un nouveau clin d’œil,
mit Couhoulinn et ses deux compagnons au courant de ce qu’il convenait de faire.
Et ils reprirent la mer jusqu’au moment où ils parvinrent en vue d’une île.
    « Regarde le rempart blanc qui se dresse là-bas, dit
Achtlann à Couhoulinn. Derrière se trouve Coirpré le Beau, frère de Doel l’Oublié. »
    Couhoulinn débarqua dans l’île et y trouva des femmes
occupées à couper des joncs. Il s’approcha d’elles et leur demanda :
« Quel est le nom de ce pays où je viens d’aborder ? »
    L’une des femmes se redressa et se mit à chanter :
     
    Le pays où tu viens d’aborder,
    de nombreux coursiers y paissent dans les plaines.
    Sept rois y sont à l’aise en leur domaine,
    sept victoires planent sur chacun d’eux.
     
    En entendant ce chant, Couhoulinn, embrasé de fureur
guerrière, s’élança sur la femme et lui donna un tel coup de poing sur la tête
que la cervelle en jaillit au-dessus des oreilles.
    « Tu viens d’accomplir là une bien mauvaise action, lui
dit alors une autre femme. Mais cela ne me surprend pas, car il était prédit
que tu viendrais ici pour y faire du mal. Il est fâcheux que je n’aie pas été
celle à qui tu as adressé la parole, car je t’aurais répondu en te menant
auprès des sept rois qui sont parmi nous et, en particulier, auprès de Coirpré
le Beau, puisque c’est lui que tu désires voir et entendre. – Eh bien, femme, dit
Couhoulinn, puisqu’il en est ainsi, conduis-moi auprès de Coirpré le Beau. J’ai
hâte de le voir et de lui demander pour quelle raison ses neveux, les fils de Doel
l’Oublié, durent quitter leur pays. »
    La femme les guida tous trois jusqu’à la forteresse et, une
fois devant la grande porte, les pria d’attendre et disparut à l’intérieur. Elle
se présenta devant Coirpré le Beau et lui raconta tout ce qui s’était

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