Les compagnons de la branche rouge
fils
de Roeg, Dubthach à la Langue paresseuse, et Cormac Conlonges, fils aîné du roi
Conor. »
Aussitôt avisés qu’ils avaient été choisis pour garants, ces
derniers acceptèrent tous trois et se rendirent dans l’île où se trouvaient les
fils d’Usnech, leur prirent les mains, et un serment solennel scella les
engagements mutuels.
Cependant, à Émain Macha, Conor, méditant plus que jamais sa
vengeance à rencontre des proscrits, prit conseil de quelques-uns de ses
fidèles.
« Les fils d’Usnech, lui dit-on, ont fait savoir qu’ils
n’accepteraient aucune nourriture en Irlande tant qu’ils ne seraient pas admis
à un festin à la Branche Rouge, et ce en ta présence. Mande-les donc à Émain
Macha en t’arrangeant pour en éloigner leurs garants… »
En conséquence, Conor pria l’un de ses vassaux, nommé
Borrach, de convier à dîner Fergus, fils de Roeg, sur qui pesaient deux
interdits : celui de refuser aucune invitation de ce genre, et celui de
quitter aucun festin avant que celui-ci ne fût entièrement terminé et que tous
les autres convives n’eussent pris congé.
Là-dessus arriva à Émain Macha Éogan, fils du roi de Fernmag
qui, brouillé avec Conor depuis plusieurs années, avait exprimé son intention
de se réconcilier avec lui. Conor l’accueillit avec beaucoup de bienveillance
et, au cours de la conversation, lui demanda de prouver son bon vouloir en
attaquant les fils d’Usnech quand ceux-ci se trouveraient dans la prairie, sous
les remparts d’Émain Macha. Éogan promit de n’y point manquer.
Les fils d’Usnech, cependant, quittèrent l’île où ils
avaient trouvé refuge et, en compagnie de Déirdré, abordèrent aux rivages d’Ulster
et, de là, cheminèrent si bien qu’ils atteignirent peu après la grande prairie
qui s’étendait sous les remparts d’Émain Macha et y attendirent, debout, qu’on
les priât d’entrer dans la forteresse.
Or, pendant que toutes les femmes d’Émain Macha se massaient
sur les murailles afin de contempler le retour de Déirdré et des fils d’Usnech,
Éogan, fils du roi de Fernmag, sortit à leur rencontre mais, au lieu de
souhaiter la bienvenue à Noisé, lui décocha sa lance.
En voyant cela, l’un des fils de Fergus s’interposa dans l’espoir
de protéger Noisé, mais la lance d’Éogan lui traversa la poitrine et, ressortant
par le dos, atteignit aussi celle de Noisé. Et ainsi périt le fils aîné d’Usnech,
par le même coup et au même instant que le fils de Fergus, tué, lui, pour avoir
voulu honorer le serment par lequel son père s’était porté garant de la
sauvegarde des fils d’Usnech.
Cependant, Conor, debout sur les remparts d’Émain Macha, exhortait
Éogan à poursuivre son œuvre de destruction : « Qu’on les tue tous
les uns après les autres ! s’écria-t-il, au comble de la fureur. Qu’on
débarrasse l’Ulster de la maudite engeance des fils d’Usnech ! »
Alors, Éogan et les siens se ruèrent sur eux et sur tous les
gens de leur famille, sans que leurs lances perfides, leurs javelots acérés et
leurs épées tranchantes en épargnent aucun. Et, une fois perpétré cet affreux
massacre, ils menèrent Déirdré, mains liées derrière le dos, devant le roi
Conor.
Mais, lorsqu’on conta ce qui s’était passé dans la prairie, sous
les remparts d’Émain Macha, à Fergus, dès son retour du festin où il avait été
invité, ainsi qu’à Dubthach et à Cormac Conlonges, fils aîné de Conor, ils
furent atterrés que l’on eût de la sorte bafoué leur parole et que Conor eût
lâchement profité de leur absence pour renier sa propre parole et faire
assassiner ceux dont ils s’étaient portés garants. Aussi, après s’être
concertés, décidèrent-ils de venger les fils d’Usnech tout en lavant leur
honneur personnel. Ils montèrent donc une expédition contre Conor et les Ulates
et leur causèrent de grands dommages. Au cours du terrible combat qui dura un
jour entier, trois cents Ulates succombèrent sous les coups conjugués de Fergus,
Dubthach et Cormac et, le matin suivant, Fergus incendia la forteresse d’Émain
Macha. Après quoi, suivis des gens de leurs familles et de leurs serviteurs, tous
trois quittèrent l’Ulster pour le Connaught où la reine Maeve et le roi Ailill
les accueillirent avec joie dans leur forteresse de Cruachan. Trois centaines, tel
était le nombre des exilés qui, pendant nombre d’années, n’eurent de cesse d’infliger
aux
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