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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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trouvait dans un char, derrière Éogan, et le char de Conor
se porta à sa hauteur.
    « Eh bien, Déirdré, lui dit le roi, te voici comme une
brebis entre deux béliers, ce me semble ! – Malédiction sur toi, Conor !
s’écria Déirdré. Tu ne te contentes pas de faire souffrir tes victimes, tu les
insultes. Mais sache que le destin se vengera grandement sur toi des maux que
tu as causés. Malédiction sur toi, roi des Ulates ! »
    Puis, comme un grand rocher se dressait au bord du chemin, devant
le char, Déirdré sauta et se jeta si bien contre le rocher, tête la première, qu’elle
se fracassa le crâne et mourut ainsi, par désespoir d’avoir perdu Noisé, le
fils d’Usnech à la chevelure plus noire que le plumage du corbeau, aux joues
plus rouges que le sang, au corps plus blanc que la neige d’hiver [125] .

CHAPITRE X

Le temps des vengeances
    Après le meurtre des fils d’Usnech et la fin tragique de la
belle Déirdré, Conor, fils de Ness, sombra dans le chagrin et la tristesse, et
ce autant parce qu’il se sentait responsable de tout ce qui était arrivé que
parce qu’il avait perdu une femme qu’il avait désirée plus que de raison. Pendant
des semaines et des semaines, il demeura plongé dans une si profonde mélancolie,
un si profond dégoût, qu’aucune musique ne parvenait à le séduire, aucune fête
à le distraire, aucun plaisir à apaiser son esprit tourmenté.
    Quand ils virent leur roi dans cet état, les Ulates, pris de
compassion, lui conseillèrent de chercher dans les provinces d’Irlande une
fille de chef ou de roi capable de dissiper le chagrin qu’il éprouvait. Après
avoir longtemps soupiré, il se rangea à leur avis, et il envoya Leborcham, sa
messagère, parcourir toute l’Irlande et tâcher de découvrir une femme aussi
belle et aussi désirable que Déirdré.
    Leborcham parcourut toutes les provinces les unes après les
autres, visitant les rois et les chefs, s’arrêtant dans toutes les forteresses
et jusque dans les demeures des fermiers, mais sans trouver aucune fille non
mariée qui pût convenir à Conor.
    Elle regagnait donc, fort découragée, l’Ulster, quand, sur
le chemin du retour, elle fut hébergée dans la demeure de Domanchenn, fils de
Dega, qui appartenait aux tribus de Dana, et y aperçut une jeune fille qui
avait une allure gracieuse, la peau blanche, les cheveux bouclés et un charme
qui surpassait assurément celui de toutes les autres femmes d’Irlande. Ignorant
qui elle était, Leborcham interrogea les gens de son hôte.
    « C’est Luaine, fille de Domanchenn », lui
répondit-on.
    Elle alla donc trouver le père et lui révéla qu’ayant été
envoyée par le roi Conor en quête d’une femme qui fût non seulement digne de
lui mais aussi belle et aussi attirante que la malheureuse Déirdré, elle avait
trouvé en Luaine l’épouse idéale, car elle avait, avec les manières de Déirdré,
le même aspect, la même habileté, le même esprit.
    « C’est bien, répondit Domanchenn. Si le roi Conor est
prêt à payer un prix convenable, je lui accorderai volontiers ma fille. »
    Après avoir pris congé de lui, Leborcham s’empressa de
retourner à Émain Macha conter au roi Conor ses vaines recherches à travers les
provinces d’Irlande. Puis elle lui parla de Luaine qu’elle lui dépeignit comme
la plus belle fille du monde, son charme n’ayant d’égal que son intelligence, et
son doux sourire que ses magnifiques cheveux bouclés.
    En s’entendant ainsi louer la beauté et les mérites de
Luaine, Conor sentit naître en lui une grande impatience de la connaître. Il
fit atteler son char et, guidé par Leborcham, il se rendit à la demeure de
Domanchenn. Là, il aperçut Luaine et, aussitôt, tout son être s’embrasa pour
elle d’un violent amour. Il la demanda à son père et, après que le prix eut été
convenu, il se la vit promettre. Alors, tout joyeux, il s’en retourna à Émain
Macha.
    Mais, à peine de retour dans sa forteresse, il apprit que
Mananann, le roi de Man et des Îles étrangères, venait d’aborder en Irlande sur
un grand navire et, suivi d’une nombreuse troupe, se proposait de ravager l’Ulster
afin de venger les fils d’Usnech dont il avait été l’ami, tout en tenant lieu
de père adoptif aux deux enfants de Déirdré et de Noisé, à savoir un fils du
nom de Gaiar, et une fille nommée Aibgrene.
    À ces détails près, qui était donc ce Mananann ? Il n’est
pas facile de le

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