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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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d’avoir de quelconques exigences, je m’estime déjà suffisamment heureuse d’avoir pu embarquer sur ce bateau.
    Le plénipotentiaire pria Afra de le suivre. Il s’engouffra dans un petit escalier raide, dont on pouvait fermer l’accès par une trappe en cas de grosse mer. Afra eut du mal à faire passer son balluchon dans l’étroitesse de l’ouverture.
    Le plafond de l’entrepont était extrêmement bas. Paolo Carriera qui était grand, dut rentrer la tête pour ne pas se cogner. Ils passèrent devant les couchettes de tailles différentes où dormaient les hommes d’équipage. Vu de l’extérieur, on ne soupçonnait pas toutes ces installations à l’intérieur du navire.
    La cabine du commissaire était située un peu à l’écart sous le gaillard d’arrière, isolée par une solide porte en bois munie d’un verrou de fer. Le mobilier se réduisait à une simple couchette, un coffre et un grand banc, le tout solidement fixé au sol.
    Bien que le lieu ne fût ni accueillant ni confortable, Afra était ravie, presque heureuse. Elle reprenait courage. Elle venait de semer ses poursuivants.
    Et, pour la première fois depuis longtemps, se sentait tout à fait à l’abri derrière cette fausse identité.
    Quant au parchemin qui, comme Afra l’espérait, devait être en route vers le Mont-Cassin, elle savait peu et beaucoup de choses à son sujet : son père lui avait laissé entendre qu’il avait une grande valeur qui dépassait, comme elle le savait désormais, de loin ce qu’il pensait à l’époque et ce qu’elle avait pu imaginer.
    Comment comprendre qu’un bout de papier ait plus de valeur qu’une pépite d’or ? Comment croire que des hérétiques aient pu saccager une cathédrale pour trouver un parchemin qu’ils supposaient y être dissimulé ? Comment imaginer que des hommes n’aient aucun scrupule à tuer pour parvenir à leurs fins ? Comment expliquer qu’elle soit encore saine et sauve ?
    Dans ces moments de questionnement, Ulrich von Ensingen lui manquait. Il avait été le seul homme à lui apporter un réel soutien. Du moins, c’est ce qu’elle avait cru jusqu’à ce que le doute s’insinuant dans son esprit, elle finisse par envisager sa complicité avec les apostats. Deux mois s’étaient écoulés depuis les tragiques événements de Strasbourg.
    Et depuis lors, elle vivait dans la confusion, tergiversant sans cesse entre l’idée que ses soupçons puissent être fondés au vu du comportement étrange d’Ulrich et l’idée que ses mêmes soupçons, en l’absence de preuves tangibles, puissent l’avoir induite en erreur. Et enfin, qu’était-il advenu d’Ulrich ?
    Afra, toujours songeuse dans sa cabine, fut le témoin d’une vive conversation entre le plénipotentiaire et son épouse qui filtra au travers du plafond.
    Elle entendait des bribes qui, de prime abord, ne retinrent pas son attention quand, soudain, tendant un peu plus l’oreille, elle saisit son nom, enfin plus exactement, son nom d’emprunt.
    — C’est tout simplement ridicule, entendit-elle dire donna Lucrezia, cette femme ne correspond pas à la description que messire Liutprand nous a donnée. Elle t’a fait du charme pour que tu la fasses à monter à bord.
    Afra fut saisie d’effroi. Mon Dieu, que signifiaient les propos de Lucrezia ? Elle osait à peine respirer craignant que la conversation, qui se déroulait au-dessus, ne lui échappe.
    — Messire Liutprand a parlé d’une femme voyageant seule, or elle était la seule répondant à ce signalement, plaida le plénipotentiaire pour sa défense. En outre, poursuivit-il avec fougue, ta jalousie est maladive. À t’entendre, il faudrait que je me promène avec un bandeau sur les yeux, bandeau que je n’ôterais que lorsque toute créature féminine serait hors de portée de ma vue.
    — Et pour cause, Paolo, pour cause ! Tu es un séducteur invétéré, un homme à femmes. Tu es déjà le père de plus d’une douzaine d’enfants – tous des bâtards engendrés par des femmes connues pour mener une vie dissolue.
    — Mais toutes de bonnes maisons, issues des plus nobles familles de la ville !
    Le ton montait.
    — Oui, je sais, tu ne fréquentes que des filles de nantis ou des femmes de la vieille noblesse dignes du plénipotentiaire du roi de Naples !
    — Que doit faire un plénipotentiaire lorsque sa femme se refuse à lui ?
    — Cela n’a pas toujours été ainsi ! Tu le sais.
    — Justement. Je suis un

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