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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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terre.
    Par chance, le père, fatigué d’avoir trop parlé, et le fils assommé par le vin, se levèrent subitement et regagnèrent leur chambre sans même avoir pris congé.
    Fidèle à ses habitudes, frère Athanase n’avait pas perdu un mot de la conversation.
    Dès que les Florentins se furent retirés, il vint s’installer à la table d’Afra.
    — Jeune homme, vous avez l’air fatigué, est-ce l’étude des livres qui vous épuise ainsi ?
    Afra n’écoutant que d’une oreille le frère hôtelier, acquiesça d’un air absent. Elle pensait toujours à frère Jean et à sa mystérieuse lettre d’adieu qu’elle portait sur elle avec le parchemin.
    — Avez-vous entendu que le p ape a convoqué un concile à Constance ?
    Le moine haussa les épaules puis prit deux verres qu’il remplit de vin. Il en tendit un à Afra.
    — Libre au Pape de réunir un concile là où cela lui chante. Mais à l’évidence, il y a un lien entre l’endroit où les évêques et les cardinaux se réunissent et les problèmes qu’ils vont traiter.
    — Dans le cas de Constance, qu’est-ce que cela signifie ?
    — L’Allemagne s’agite et pose de graves problèmes capables de déstabiliser l’ é glise romaine. Tout cela est étrange…
    — Qu’est-ce qui est étrange, frère Athanase ?
    — Un de nos dominicains, qui était à Pise voilà quelques semaines, nous avait déjà avertis à son retour ici que le pape Jean XXIII réunissait un concile. Il disait que les gens ne parlaient que de cela en Italie, mais que tout le monde ignorait les véritables raisons du rassemblement bien qu’on connaisse les deux problèmes que le concile entendait traiter : le premier étant l’éventualité d’un schisme que notre s ainte m ère l’ é glise souhaiterait éviter – vous le savez certainement, elle s’offre pour l’heure trois représentants de Dieu sur terre.
    — Je n’étais pas au courant. Et le deuxième ?
    — Il concerne un regrettable personnage de notre siècle éclairé, un infâme hérétique vivant à Prague, un théologien, de surcroît recteur de l’Université, le dénommé Hus, Jan Hus. L’homme s’insurge contre la richesse de l’ é glise et des abbayes, comme si nous n’étions pas déjà assez pauvres. Il a tout du charmeur de rats qui entraîne la populace à sa suite.
    — Mais c’est un fait, l’ é glise est riche, toutes les abbayes ne sont pas aussi pauvres que le Mont-Cassin. Votre abbaye a connu des temps meilleurs.
    — C’est vrai, c’est bien vrai, répliqua le moine songeur. i l y a quelques années, le pape a excommunié Jan Hus. Il espérait s’être débarrassé définitivement de cette funeste engeance. Mais c’est l’inverse qui s’est produit. Depuis lors, les gens se pressent pour écouter les paroles de Jan Hus et les Tchèques sont sur le point de se séparer de l’ é glise de Rome.
    — Si ce Jan Hus et ses doctrines posent de si graves problèmes à l’ é glise, pourquoi ne réunit-elle pas son concile à Prague ?
    — C’est ce que je vous disais auparavant. C’est précisément cela qui est étrange !
    Frère Athanase remplit à nouveau les verres.
    — Personne ne comprend pourquoi le concile a lieu à Constance.
    Le moine but une grosse gorgée de vin et regarda devant lui dans le vide comme s’il allait y trouver une réponse. Durant cette conversation, Afra ne pouvait s’empêcher de penser à frère Jean. Qu’était-il advenu de lui ? Elle n’osait pas en parler à frère Athanase.
    Elle était décidée à quitter dès le lendemain matin aux premières heures du jour l’abbaye du Mont-Cassin.
    Lorsqu’elle se leva de table, le moine la retint par la manche.
    — Je dois vous dire quelque chose, prononça-t-il la bouche pâteuse.
    Afra fixa la face avinée et les yeux humides du frère.
    — Vous connaissez frère Jean, l’alchimiste ? demanda le père hôtelier.
    — Oui, bien sûr. Aujourd’hui, je ne l’ai pas vu. Il avait dû se retirer dans son laboratoire pour effectuer je ne sais quelle expérience compliquée. Afra feignit volontairement l’ignorance.
    — Frère Jean est mort, poursuivit le moine.
    — Mort ? répéta Afra simulant cette fois l’étonnement.
    Frère Athanase fit une croix avec son index sur ses lèvres.
    — L’alchimiste s’est délibérément donné la mort. d ’après la doctrine de notre s ainte Mère l’ é glise, le suicide est un péché mortel !
    — Mon Dieu,

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