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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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vivement sa robe et l’enfila.
    Agaric, assis sur le bord du lit, la regardait interdit.
    — Je te dégoûte ? C’est cela. Qu’est-ce qui te prends ? Tu veux partir ? dit-il affligé.
    Afra n’écoutait pas. Elle avait envie de vomir.
    — Nous devons oublier cette rencontre. Tu me le promets ? Nous ne devons plus jamais nous revoir ! Tu entends, plus jamais !
    Elle prit le visage d’Agaric entre ses mains, l’embrassa sur le front et sortit.
    Elle traversa les yeux en larmes la place du Doyen. Elle entendait Agaric qui l’appelait.
    — Afra, tu as oublié quelque chose !
    Afra fut saisie de stupeur en entendant son prénom résonner sur la place. Elle se retourna.
    Agaric agitait quelque chose au-dessus de sa tête.
    Le parchemin ! Elle hésita un instant à revenir sur ses pas.
    Elle ne voulait plus en entendre parler et elle voulait désormais oublier définitivement sa vie passée.
    Elle tergiversait encore quand Agaric arriva et lui tendit le parchemin.
    — Pourquoi ? demanda-t-il hésitant. Il la regardait droit dans les yeux comme s’il avait pu y lire la réponse. Pourquoi ? insista-t-il.
    — Crois-moi, c’est beaucoup mieux ainsi pour nous deux.
    Elle glissa le parchemin dans son corsage. D’un geste vif, elle enleva la bague suspendue à son cou par un lacet de cuir qu’elle passa par-dessus la tête d’Agaric.
    — Elle te portera bonheur, chuchota-t-elle avec des sanglots dans la voix. Porte-la en souvenir de moi. Sois certain que jamais je ne t’oublierai.
    Elle regarda une dernière fois son fils, puis fit brusquement volte-face et s’enfuit, le cœur battant, comme une biche traquée en direction de la rue du marché aux poissons. Des gens se détournaient sur son passage et scrutaient les parages à l’affût d’un éventuel poursuivant. Dans l’affolement, elle bouscula plusieurs personnes. Mais pourquoi courait-elle ? Elle avait honte, honte d’elle et de son passé.
    Aurait-elle dû dire à Agaric qu’elle était sa mère ? Une voix enfouie au fond d’elle-même lui disait qu’elle avait eu raison de se taire. Oui vraiment raison. Agaric était heureux de vivre. Pourquoi aurait-elle dû lui imposer son passé ? Il valait mieux qu’elle garde son secret pour elle et qu’Agaric n’apprenne jamais qui étaient son père et sa mère.
    Oui, c’était vraiment mieux ainsi.
    12

Une poignée de cendres noires
    L’a nnée tirait à sa fin et les jours raccourcissaient. Des fenêtres des tavernes s’échappaient des cris et des chants. Les taverniers de Constance étaient les premiers à tirer profit du concile. Leurs établissements ne désemplissaient pas le soir car les honorables bourgeois – était-ce par nécessité ou par appât du gain ? – louaient leur lit chaque nuit à deux personnes différentes qui l’occupaient alternativement, l’un de la tombée de la nuit à minuit, l’autre de minuit au lever du jour. Il y en avait donc forcément un qui était obligé de passer une partie de la nuit dans un estaminet.
    Des saltimbanques, des troupes de comédiens ambulants, des ménestrels divertissaient les clients. Les chansons à boire faisaient la joie des bons vivants. Parmi ces chanteurs se trouvait un certain Wenceslas von Wenzelstein, originaire de Bohème, qui, pour de multiples raisons, était extrêmement apprécié.
    Il chantait dans un allemand maladroit des chansons grivoises comme celle de la petite mam’selle : «  Petite mam’selle, petite mam’selle, lave ta petite chatte, faute de quoi, le puceau passera son chemin  ». À la suite de bagarres dans un tripot quelconque, Wenceslas avait perdu une oreille et l’œil gauche.
    Le moins qu’on puisse dire, est qu’il était assez laid, ce qui ne repoussait pas la belle Lioba toujours accrochée à ses basques, comme la preuve irréfutable de cette loi incompréhensible de la nature qui veut que les femmes les plus belles tombent amoureuses des hommes les plus laids.
    L’Orientale dansait sur les tables en perdant ses vêtements soi-disant involontairement au gré de ses mouvements.
    En dehors de leur travail, les troubadours et les comédiens séjournant en ville rendaient quelques menus services pour lesquels ils se faisaient grassement payer. Ils se transformaient à l’occasion en messagers ou en porteurs de plis.
    Wenceslas von Wenzelstein faisait partie de ceux-là. Ce ne fut donc pas un hasard si Afra, après avoir quitté Agaric, le découvrit poussant la

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